Mort du dernier homme a n’avoir eu aucun contact avec le monde extérieur

Une nouvelle tribu isolée disparaît en Amazonie

2 septembre 2022

"L’homme au trou" était l’un des derniers indiens "non civilisés" d’Amazonie. Ce dernier n’avait aucun contact avec le monde extérieur. Il a été retrouvé par hasard, le 24 août dans l’état brésilien du Rondônia lors d’une patrouille de routine des agents chargés de la protection des autochtones.

Au cœur de la forêt où il a toujours vécu. Son corps a été trouvé allongé dans un hamac à l’extérieur de ses huttes en paille. Son corps en décomposition était couvert de plumes de perroquet de couleurs vives, "comme s’il s’était préparé à la mort" a indiqué Marcelo dos Santos, explorateur à la retraite, à franceinfo, membre de la Funai, la fondation nationale indigène du Brésil.

Son décès, jugé naturel, remonterait alors à plus d’un mois. L’homme avait été repéré en 1996 près de la frontière entre le Brésil et la Bolivie. Il a résisté durant 26 ans à toutes les tentatives de contact prolongé. A de rares moments, il a accepté les quelques graines et outils qui lui ont été laissés pour améliorer sa qualité de vie. Cependant, il lui est arrivé à deux reprises de tirer des flèches en direction d’agents de la Funai qui s’approchaient trop près de lui.

En 2008, un anthropologue franco-brésilien, Vincent Carelli, saisit son visage entre les feuillages. les images sont visibles dans son film "Corumbiara". Mais les dernières images remontent à 2018, tournées à la dérobée par des fonctionnaires du département des affaires indigènes du gouvernement.

Il était appelé "Índio do Buraco", "l’indigène du trou", parce qu’il creusait systématiquement des fosses de trois mètres de profondeur, dans ses huttes pour se cacher ou s’abriter. La Funai avait recensé depuis 1996, 53 maisons de paille différentes, et d’autres dans la jungle pour capturer des animaux.

Il est mort sans avoir jamais révélé son ethnie et personne ne l’a jamais entendu parler. La seule connue était qu’il était le dernier survivant de sa tribu, décimée au fil des ans par la colonisation anarchique et l’exploitation forestière illégale du Rondônia.

Dans les années 80, des fermiers qui cherchent des terres pour s’étendre leur distribuent de la mort-aux-rats en guise d’offrande, il n’y a alors qu’une poignée de survivants. En 1995, d’autres individus attaquent le campement et massacrent les rares personnes encore vivantes. "L’homme au trou" est le seul à en réchapper, il vivra dans l’isolement le plus complet loin des étrangers, car fuir les hommes était sa meilleure chance de survie.

En 1998, pour le protéger, la Funai crée une immense réserve clôturée de 8000 hectares connue sous le nom de territoire indigène de Tanaru. En vertu de la constitution brésilienne, les populations indigènes ont droit à leurs terres traditionnelles.

L’accès y est restreint, des agents patrouillent régulièrement, mais les parcelles de terre cultivées et les huttes de "l’homme au trou" sont détruites. En 2009, des fermiers endommagent un poste d’observation de la Funai et tirent des coups de feu pour qu’ils quittent les lieux.

Les groupes de défense des droits des autochtones ont demandé que même après sa mort, la réserve de Tanaru conserve sa protection permanente. Selon franceinfo, l’agence brésilienne de journalisme d’investigation Agência Publica, l’a qualifié de "symbole de la résistance des peuples indigènes isolés" au Brésil.

L’homme au trou n’est pas le dernier indien isolé d’Amazonie. Il existe encore une trentaine de groupes au plus profond de la jungle. Le Brésil compte au total environ 240 tribus, de plus en plus menacées depuis que Jair Bolsonaro est au pouvoir.

Le chef de l’État - remet son mandat en jeu en octobre - ne cache pas son mépris pour les indiens, déclarant que son pays avait "commis une erreur" en ne les décimant pas, comme l’avaient fait les États-Unis.

Jair Bolsonaro a aussi assoupli les réglementations pour développer l’exploitation forestière, l’élevage et l’exploitation minière en Amazonie. Il a également réduit les protections des groupes indigènes et des terres protégées, réduisant les fonds et le personnel fédéraux, et affaiblissant les agences chargées de faire respecter les lois indigènes et environnementales.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus