Les violences faites aux femmes ...

... Une vraie affaire d’État, un vrai problème de santé publique

8 octobre 2007, par Sophie Périabe

Tous les jours, à La Réunion, comme ailleurs, des femmes sont violentées. Et il est vrai qu’on a l’impression que de plus en plus de femmes sont battues, même assassinées, et ce, à cause notamment d’une plus forte médiatisation.
Ces derniers temps, de nombreux crimes horribles ont été commis à l’encontre de femmes, et on pense notamment à l’affaire de la Châtoire.
Pour Huguette Bello, il est plus que jamais essentiel qu’une loi-cadre vienne apporter tous les moyens nécessaires pour lutter contre ce vrai problème de société, comme c’est déjà le cas en Espagne et au Canada.

Les violences conjugales existent depuis toujours et partout dans le monde, même si la majorité des hommes ne sont pas violents, fort heureusement.
« Il s’agit d’un phénomène universel, qui dépasse les clivages sociaux et les frontières, et dans de nombreux pays, le sujet reste tabou », indique Huguette Bello, Présidente de l’UFR (Union des Femmes Réunionnaises) et Députée de La Réunion.
Selon une étude de l’ONU réalisée dans 71 pays, les violences conjugales seraient la première cause d’invalidité et de mortalité avant le cancer et les accidents pour un tiers des femmes interrogées.
En 2001, une enquête menée en France montre que 10% des femmes interrogées sont victimes de violence, et cela touche toutes les classes sociales.
A La Réunion, une étude de 2002 indique que ces violences sont souvent commises par l’ex-conjoint, 22% contre 6% en Métropole.
Pour la présidente de l’UFR, il s’agit là d’un vrai problème de santé publique puisque ces violences ont des incidences sur la santé de ces femmes. Cela peut entraîner des homicides, des suicides, certaines pathologies, etc... D’où la nécessité d’une prise de conscience massive, et notamment des hommes politiques.

Huguette Bello déposera une proposition de loi-cadre

Après une rencontre le 25 septembre dernier avec Marie Jo Zimmermann de l’Observatoire de la Parité, la députée de la 2ème circonscription a donc décidé de déposer avant la fin du mois une proposition de loi-cadre sur les bureaux de l’Assemblée nationale. Elle a, de plus, écrit au président de la République pour obtenir un rendez-vous afin de discuter de ce sujet qui lui tient particulièrement à cœur.
Il est vrai que la loi du 4 avril 2006 adoptée par le Parlement avait reconnu que les violences conjugales sont un problème de société, mais cela n’est pas suffisant.
« Tant qu’il n’y aura pas une réelle prise de conscience de la part des groupes sociaux et des hommes politiques, on ne pourra avancer. Il ne s’agit pas que de l’affaire des associations ou des femmes politiques. C’est une vraie affaire d’Etat », souligne Huguette Bello.
Et une loi-cadre contribuerait à lutter efficacement contre les violences conjugales, notamment par un renforcement de la protection juridique.
De même, le suivi des personnes en prison pour violence doit être renforcé. Ce n’est pas 1 mois avant qu’on prépare la sortie d’un détenu. Pour mener ces missions, il est important qu’il y ait davantage de psychologues, d’éducateurs dans les prisons.
Avec la loi-cadre, des centres spécialisés d’accueil verraient le jour, de même que la création d’un secrétariat d’Etat. L’aide sociale serait renforcée, des tribunaux spécifiques pourraient être créés, etc...
Il est donc primordial que cette loi-cadre soit examinée par le Parlement, et adoptée.
« La compassion ne suffit plus, il faut désormais passer à l’action », a conclu Huguette Bello.

Sophie Périabe

Huguette Bello

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