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Après les violences urbaines qui ont agité, pendant près d’une semaine, le quartier de Bras-Fusil à Saint-Benoit…
27 janvier 2022, par
Entre indignation morale et vaines tentatives d’endiguement : peut-on comprendre la violence sociale juvénile qui touche périodiquement certains quartiers des communes de La Réunion ?
Après une confrontation brutale entre bandes rivales, les fauteurs de troubles ont attaqué, apparemment sans raison, et blessé gravement une personne âgée tirée de façon barbare hors de sa voiture et un jeune homme tenu quasiment pour mort, abandonné sur place par ses agresseurs…
L’émotion compréhensible est générale. De même que les condamnations les plus sévères. « Face à des violences inacceptables », les réactions se multiplient… « Pris pour cibles, les habitants sont indignés et inquiets ». Au travers de leurs médias, les Réunionnais dans leur ensemble « déplorent ce nouvel acte d’agression », « s’inquiètent de la banalisation de la violence » ou demandent « que l’autorité publique agisse pour que cette violence cesse de s’imposer partout ».
Le maire de Saint-Benoît appelle à un renfort de gendarmes. Il demande à la justice de sévir, et proteste contre le fait que « sept personnes interpellées après ces événements ont toutes été libérées ». Le parquet explique cette libération par le fait que l’enquête « n’a pas permis de réunir suffisant d’éléments confondants », tandis qu’il semble par ailleurs se féliciter de manière générale « d’un premier succès de la collaboration avec la mairie dans la mise en place, en novembre dernier 2021, d’un CLSPD ».
Le Président de l’AMDR, à son tour, condamne fermement ces violences et souhaite que tout soit mis en œuvre pour qu’elles cessent immédiatement et définitivement. Au passage, il souligne que ces problèmes ne sont pas inhérents à un quartier ou un territoire, mais concerne toutes les communes de La Réunion. Et il finit par proposer la tenue d’une table-ronde avec l’ensemble des parties prenantes « afin d’aborder le sujet des violences urbaines sans tabou ni arrière-pensée ». Dans cette dernière phrase, je comprends qu’il doit s’agir de groupes sociaux déterminés qui pourraient faire l’objet d’une vindicte répandue.
Dans les lignes suivantes, je souhaiterais apporter ma contribution à la réflexion collective.
Il me semble qu’habituellement, face à des circonstances semblables, ce dont on manque le plus, c’est de la capacité à conceptualiser correctement les problèmes, afin de pouvoir penser efficacement la moindre action, et avant de la réaliser ! Agressions et violences sont inacceptables. C’est clair. Avec ou sans issue dramatique. Elles doivent être réprimées. En l’occurrence, impossible d’en rester à un fait-divers isolé. La répétition périodique de ces manifestations de violence impose une autre approche. Et pourtant, la multiplication des réactions de consternation, les protestations indignées, les actions répressives ou préventives sur les effets, les symptômes et les conséquences ne dépassent que rarement l’épisode tragique qui nourrit l’actualité du moment. Et l’émotion et la colère qui prennent tout le monde à la gorge retombent très vite.
En tout cas les chaînes de causalités, aux sources de cette succession rarement interrompue d’événements pourtant bien localisés, ne sont qu’à peine effleurées. On peut donc présumer que rien ne changera. Ni à Bras Fusil, ni ailleurs. Aujourd’hui, hélas, le sentiment prédomine que l’on intervient toujours qu’après coup, même judicieusement, qu’on n’endigue pas les dérives comportementales des bandes pourtant identifiées, et qu’on ne supprime pas la violence qu’elles génèrent, qu’on ne fait que la déplacer ailleurs, en d’autres lieux, auprès d’autres groupes sociaux ou pour d’autres raisons ! À l’exemple de la proposition du président de l’Association des maires, autorités et medias seraient bien inspirés de provoquer, voire de multiplier de vastes débats publics sur ce problème de société qu’est devenue la violence qui affecte tant de catégories sociales, et peut-être certaines communautés que l’on tend à cibler et à stigmatiser. Et qui touche tant de victimes directes ou collatérales, à commencer par les plus faibles, souvent personnes âgées, femmes et enfants. Beaucoup de citoyens pourraient y contribuer. Hélas, il n’y a pas de débat public. Les débats publics n’intéressent que les appétits électoraux et certainement pas les courants dominants de la consommation d’apparences et de loisirs.
Je ne peux que suggérer ici ma contribution, en espérant que ces lignes seront publiées, qu’elles pourront contribuer à une réflexion même limitée et que quelques personnes voudront bien en prendre connaissance.
Identique en cela à la plupart des sociétés « modernes et avancées », la société réunionnaise, socioculture du laisser-faire, de la précipitation et de la superficialité, en tenant compte de toutes les exceptions possibles bien sûr, ignore largement les méthodes éducatives qui favorisent l’apprentissage de la responsabilité personnelle et sociale. À peu près entièrement vouée à la prééminence du matérialisme et de la consommation, il lui est impossible d’édifier chez les jeunes la conscience d’un comportement différent de celui qu’elle sécrète elle-même jour après jour. Sans réelle ouverture à une éducation responsabilisatrice exigeante, elle est confrontée, face à la moindre transgression, au seul exercice de la menace punitive, de la sanction et de la répression. Il faut rappeler ici à quel point nos comportements individuels, et parfois même notre personnalité, sont largement tributaires du fonctionnement institutionnel dans lequel nous baignons constamment. Il est donc inévitable que les plus conscients (et les plus affolés) des adultes n’aient d’autre recours que l’attente d’un quadrillage renforcé régulier de la part des forces de l’ordre, partout où les interstices du contrôle social laissent une place béante à la violence. Ou alors, qu’ils se retournent vers leur passé (avec une nostalgie passablement narcotique, erronée à mon sens !) pour mesurer les pertes et les dégâts actuels.
Depuis de nombreuses années, une sorte d’unanimité s’est faite autour de la responsabilité parentale, plaidant pour l’urgence de la réinscription d’un apprentissage rigoureux des comportements sociaux admissibles dans les transmissions familiales. Avec la clé de cet apprentissage : la frustration, positivement acceptée, parce que productrice de structures de vie et finalement de liberté responsable. Hélas, l’atomisation et l’hétérogénéité du monde adulte qui environne la croissance des générations montantes ont créé un no man’s land dans lequel un grand nombre d’enfants et d’adolescents errent, munis d’une liberté parfaitement factice, tel un simple laisser faire. Et hantés tôt ou tard par des problèmes d’identité sociale et personnelle insolubles.
Ainsi s’intensifient les motifs d’une désagrégation sociale qu’aucune déclaration de responsable politique ne peut compter contenir à elle seule. Les statuts provisoires, toujours en suspens : stages, chômage, contrats temporaires, petits boulots, etc. en matière professionnelle, mais également dans le domaine socio-relationnel : appartenance à des groupes sociaux défavorisés, désœuvrement permanent, cohabitation interminable, dépendance tardive à l’égard de la famille, instabilité affective, précarité financière, crétinisation télévisuelle, incitations permanentes à l’absorption du bric-à-brac consommatoire, influence de la bande, le substitut parfois désastreux à une socialisation familiale en échec, etc. Cette accumulation de facteurs d’immaturité, cette mise en quarantaine immuable, sociale et professionnelle, déresponsabilise, déconnecte les énergies, décourage et démotive…
Il ne suffit pas bien sûr de s’arrêter à ces observations passablement déprimantes. Si la possibilité m’en est donnée, je souhaiterais poursuivre ma réflexion dans plusieurs orientations, par exemple comprendre la relation entre les manifestations de la violence juvénile et les mutations actuelles de la société sur l’île ; approfondir les sources et les causes de l’agressivité et des violences sociales ; ou m’interroger sur la violence engendrée par les institutions et la place que peut prendre la violence juvénile dans le contexte institutionnel ; et, sans préjuger des résultats obtenus par les CLSPD, consacrer quelques lignes aux tentatives de prévention et de dépassement.
Arnold Jaccoud
Psychosociologue
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