
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Journée internationale des droits des femmes
7 mars 2020, par
L’étude de la problématique sociale qui touche aux violences domestiques, intra-conjugales et intrafamiliales, conduit à deux observations déterminantes :
- D’abord, les dispositions et les actions proposées se présentent la plupart du temps « après-coup » = « après les coups », une fois les agressions commises ou le drame profondément engagé…
- Ensuite, lorsqu’il est question de prévention = de ce qui peut se passer avant le déclenchement des agressions, c’est uniquement la femme qu’on interpelle et qu’on sensibilise. Il s’agit surtout d’une alerte pour l’inciter à se protéger contre l’agresseur redouté.
Présente à La Réunion en novembre 2016, lors des États généraux des violences faites aux femmes, Madame Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, estimait que grâce au travail inlassable des autorités et des associations, le seuil de tolérance dans la population à l’égard des violences conjugales /familiales avait baissé. Bien entendu, on doit la croire.
Cependant les modes d’organisation de la société qui les permettent et parfois les déclenchent, n’évoluent que très lentement. De même que les modes d’approche de ce problème de société, ainsi que l’illustrent, 3 ans plus tard, en novembre 2019, les importantes mesures arrêtées par le gouvernement d’Edouard Philippe, lors du « Grenelle sur les violences conjugales ». Au nombre d’une cinquantaine, chargées d’enrayer le fléau des féminicides et de rompre la spirale des violences au sein du couple, elles portent essentiellement sur le renforcement de la protection et de la prise en charge des victimes.
Il ne s’agit pas de déprécier les autres dispositions, portant soit sur la prise en charge des auteurs de violence, soit sur la formation et l’éducation, sur la suppression de certaines formes d’absurdité juridique, ou la formation des forces de l’ordre à l’accueil social, ou le projet de la levée du secret médical…
On observera cependant l’extraordinaire difficulté permanente, voire l’incapacité générale à s’attaquer à une réelle prévention des conflits domestiques, comme si d’une certaine façon, ces dispositions viennent masquer nos aveux d’impuissance à agir bien en amont sur les situations et auprès des instigateurs de violences, à changer le déroulement des événements et à prévenir les drames avant qu’ils ne se produisent…
Face aux phénomènes sociaux manifestes d’une émancipation féminine continue et dans tous les domaines, on doit envisager de considérer aujourd’hui que l’homme est bien souvent placé au centre du problème des rapports domestiques interpersonnels. Le statut de la masculinité a changé, est devenu plus incertain. Dans de multiples cas, il est véritablement en crise.
Il m’apparaît que de ce point de vue, les campagnes pour la lutte préventive contre les violences domestiques, ne peuvent plus être exclusivement réservées aux femmes, justement parce que l’on sait qu’elles en sont les principales victimes.
Ce qui continue pourtant à se passer : Dans les campagnes d’affichage et dans les flyers, les injonctions et les conseils s’adressent toujours aux femmes victimes. Elles les rendent responsables de leur propre protection. La femme est interpellée pour repousser l’agresseur et faire cesser la menace qui pèse sur elle : Touch pa mwin ! Arèt lev la min dsi mwin ! « Ne laissez pas la violence vous détruire… sortez du silence ! »
C’est donc toujours à la femme d’agir, d’appeler le numéro téléphonique de secours 3919, à elle d’être accessible - si elle le peut - aux conseils et aux propositions d’aide de la part des professionnels…
Même face aux risques de la « violence publique », les campagnes de com les plus récentes adoptent la même approche… L’exemple de la récente campagne de 2019 dans les transports publics à La Réunion est caractéristique, il en appelle aux victimes et aux témoins, le prédateur n’est jamais identifié, l’homme agresseur n’est qu’une menace désincarnée et irresponsable. « Rode pas ! Respecte a moin. » Qui est donc ce « harceleur » ? Où est-il ? D’où sort-il ? Agit-il à ce point dans l’ombre qu’on ne sait comment aborder sa réalité ?
Il ne s’agit pas ici bien sûr de contester l’importance du soutien aux victimes et des appels aux témoins.
Dans une réflexion élargie, on doit considérer seulement :
- Qu’il est déterminant aujourd’hui de s’adresser directement aux hommes, souvent exclus de tout rôle actif et responsable dans ce problème de société qui concerne les violences familiales, dont on a trop longtemps laissé le traitement aux associations féminines.
- Que dans une socio-culture qui ne cesse de se transformer, pour le meilleur parfois et pour le pire bien souvent, il est toujours question fondamentalement de faire évoluer nos façons de vivre ensemble. Dans la sphère sociale et politique, dans le monde professionnel sans doute, mais particulièrement dans l’espace des couples et des familles. De ce point de vue, le rappel direct de la responsabilisation de l’homme est une évidence.
- Qu’il est globalement nécessaire d’affirmer que les hommes doivent garder leur place - ou parfois la rétablir - dans les lieux où se construisent les rapports sociaux : l’éducation, l’action sociale, le médico-social, la justice,… dont la féminisation se développe largement depuis plusieurs décennies.
- Et que doivent s’impliquer dans cet engagement, pour une égalité hommes-femmes heureuse et harmonieuse, les hommes intègres et les hommes d’influence, qui agissent publiquement dans notre société pour la construction des liens sociaux.
Certaines prévisions peuvent le laisser craindre, les violences domestiques persisteront, et risquent même de s’accentuer, tant que, face à l’évolution des femmes, les hommes n’auront pas investi différemment leur rôle dans cette société qui change sans arrêt.
L’acceptation de l’émancipation de la femme et l’investigation dans les nouveaux rôles de conjoint et de père semble fonctionner positivement dans beaucoup de pays (exemples notamment, mais pas exclusivement, dans le Nord de l’Europe). On observe expressément que plus l’homme s’investit dans les tâches domestiques, plus les violences diminuent.
Peut-être faut-il s’en souvenir, une société qui veut maîtriser la violence, c’est en tout premier lieu une société qui sait traiter au plus tôt les frustrations, les carences affectives et les souffrances !
« Il n’y a pas de méchants, il n’y a que des souffrants » disait le professeur Henri Laborit. On commence seulement à identifier l’importance des carences affectives multiples des hommes qui n’ont jamais pris conscience de leur état de réaction violente, tant ils ont vécu, marmailles, dans un climat familial sinistré. Et quel que soit le milieu social considéré. La violence domestique est la plupart du temps la résultante lointaine de l’accumulation de ces privations de tendresse et de bienveillance qui remontent à l’enfance. Tant que ce manque originel d’affection sera ignoré, blocages et tensions entre hommes et femmes subsisteront. Toujours susceptibles de dégénérer.
Arnold Jaccoud
Mars 2020
Arnold Jaccoud est psychosociologue de métier. Il se voue à la recherche, au développement, à l’intervention et à la formation en matière de communication sociale, de croissance personnelle et de processus collectif.
Il a commencé à écrire et publier à La Réunion en 2O11 autour des violences faites aux femmes.
On retrouve parmi ses nombreux ouvrages :
• Lélé la petite princesse (qui voulait tellement devenir elle même)
• Le dernier rhum
• Mafate, Servitude et insoumission (zhistoires lontan)
• L’ogre et les deux frères
• Le ventre du barbare
• Frontières humaines.
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