Di sak na pou di

« Violences faites aux femmes : veut-on vraiment arreter le massacre ? »

2 octobre 2018

La prochaine sortie, sur les écrans de la télévision, du film relatant la tragique histoire de Madame Jacqueline Sauvage, dans lequel l’actrice Muriel Robin incarnera son personnage de souffrance a été l’occasion d’un nouvel appel - un Nième cri d’alerte - signé par 88 personnalités du monde des Arts et du Spectacle, dont Muriel Robin elle-même.
Ce texte, dont les médias ont, par ailleurs, déjà beaucoup parlé, mérite cependant que l’on revienne sur certains points particulièrement importants à notre sens.

1. La persistance à un niveau élevé du nombre annuel de victimes : 123 femmes tuées en France, dont 5 à La Réunion et 225 000 victimes " ordinaires " !!!
Sans oublier que les violences faites aux femmes, d’une façon plus générale, débordent largement du cadre conjugal et prennent aujourd’hui des formes nouvelles et inquiétantes comme le cyber harcèlement sur les réseaux dits " sociaux " de l’Internet.
Au plan chiffré, ce qui nous frappe, c’est que ce bilan annuel des féminicides s’apparente, par son volume à celui des victimes des attentats terroristes en France, ces dernières années. Mais en a-t-on tiré les conséquences en attribuant autant de moyens à la lutte contre les violences faites aux femmes que l’on en a accordé à celle contre le terrorisme ?

2. Les actions concrètes proposées par les signataires nous parlent d’ autant plus que nous les avions déjà proposées ou mises à l’ordre du jour de nos réflexions, lors de la préparation et la tenue des Etats Généraux de la Lutte contre les violences faites aux femmes en Novembre 2016, à savoir :
- la formation systématique à l’écoute de tous les personnels de justice, de police, de gendarmerie.
- le développement en nombre et qualité des structures d’accueil pour les femmes victimes.
- la nécessité de penser et mettre en place les moyens de prise en charge des auteurs, domaine dans lequel la France présente des retards importants par rapport à d’autres pays, comme la Belgique ou le Canada.
- la réflexion sur le problème de la légitime défense des femmes victimes de violences et la prise en compte du stress post-traumatique, notion encore ignorée par nombre de magistrats.
Si des efforts réels ont été ici et là réalisés, il reste cependant, encore beaucoup à faire afin d’améliorer l’accueil et la prise en charge des victimes et des auteurs.

3. A partir de là, nous ne pouvons que souscrire à l’idée qu’ " un silence assourdissant persiste " au niveau des autorités gouvernementales, comme l’ont fort justement souligné les signataires de l’appel.

Et, cela, ne l’oublions surtout pas, alors que la lutte contre les violences et pour l’égalité des femmes et des hommes a été proclamée " GRANDE CAUSE NATIONALE " pour le quinquennat, par le Président de la République, il y a bientôt un an.
Mais qu’espère-t-on faire avec un budget du Secrétariat d’Etat à l’Egalité des femmes et des hommes qui ne compte que pour 0,007 % du budget national, soit environ 30 millions d’euros, l’équivalent du salaire d’un joueur de football du PSG !!!!
Le gouvernement n’entend-il pas les difficultés de très nombreuses associations d’aide aux victimes, partout en France et, ici à la Réunion, nous sommes bien placé-e-s pour le savoir. Pourquoi certaines institutions ont-elles abandonné sans hésitation, ni le moindre état d’âme, la politique de prévention pourtant tellement indispensable ?
Une fois de plus, ce sont nos responsables en tous domaines, notre société dans son ensemble, qui sont confrontés à leurs insuffisances, leurs lâchetés, leurs contradictions.
A quoi peuvent bien servir les lamentations rituelles lorsqu’un drame survient, si nous n’en tirons jamais sérieusement les conséquences ?

Chantal Jouvenot, Présidente du CEVIF.
Jean-Paul Ciret, Administrateur.

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