Logement social en crise

Alerte !... le système est bloqué - 2 -

28 novembre 2006, par Alain Dreneau

Voici la suite de notre article d’hier sur la crise du logement social.

Voir aussi : Alerte !... le système est bloqué - 1 -

C’est ainsi que la production de logements locatifs sociaux, initialement annoncée à 1.400 unités pour 2006, tombera à 1.200 unités. On mesure la chute de la filière en comparant avec les 2.500 logements par an de la période 1995-1999, ou même les 1.500 par an de la période 2000-2004... et en rappelant qu’il faudrait multiplier au minimum par 4 cette production, pour atteindre avec les autres produits la barre des 6.000 logements sociaux annuels (1). Et l’année 2007 ne laisse aucun répit au déclin de la production, puisqu’on n’annonce que 1.000 livraisons de locatifs.

Place aux seules grosses opérations ?

Le fond du problème est donc là : faute de vouloir revoir les paramètres financiers de la L.B.U., c’est la faisabilité même des opérations de logement qui est mise à mal. C’est la consommation même des enveloppes des crédits logement qui est rendue problématique du fait de l’impossibilité de monter les opérations. Tant que le gouvernement ne relèvera pas les taux des subventions, on asphyxiera les programmes.
Dans ce carcan imposé, on risque très fort de dire adieu aux opérations moyennes, avec un nombre de logements raisonnable, dont on sait qu’elles offrent un cadre de vie plus favorable à leurs locataires. Seules vont “survivre” les grosses opérations massives que l’on cherchait précisément à éviter pour ne pas renouveler des erreurs payées au prix cher en termes de dysfonctionnement et de tensions sociales. Va-t-on se voir imposer la règle “A moins de 80 ou 100 logements, pas de salut !” qui se dessine à l’horizon ? Est-ce le type de normes et de modèles urbains dont La Réunion a besoin ? Est-ce compatible avec la priorité donnée à la densification et à la valorisation des centres-villes ?

Des perspectives aggravées

Pour les programmes qui réussissent encore à être réalisés, comment fait-on alors ? Il n’y a pas de miracle, la plupart d’entre eux ne sortent que grâce à un financement complémentaire apporté par le Conseil général ou par une collectivité intercommunale comme le TCO. Mais cette bouée de sauvetage constitue une solution illusoire qui ne fait que pallier, à partir de sources elles-mêmes très fragiles, et de façon forcément partielle, les carences d’un financement ressortant de la responsabilité de l’Etat (2) .

S’attaquer au problème de fond

Tôt ou tard - mais au prix de quelle casse sociale, vu les demandes de logements en souffrance ? - le gouvernement devra s’attaquer à ce problème de fond. Et tant qu’il ne le fera pas, la politique du logement à La Réunion sera condamnée à aller à vau-l’eau. Le constat est d’autant plus vrai que tout un ensemble de nouvelles dispositions vont sans doute venir, à partir de 2007, peser encore plus sur les coûts de revient : nouvelle législation relative au handicap, nouvelles normes thermiques et acoustiques, obligation de production d’eau chaude, gestion des déchets de chantier etc... Si les paramètres de la L.B.U. continuent à ignorer ces évolutions à la hausse, l’impasse sera totale : et l’alternative - absurde et dramatique - sera-t-elle de ne plus rien voir sortir de terre en matière de logement social, ou alors de voir des logements neufs aux loyers hors d’atteinte des familles à qui ils étaient soi-disant destinés ?

Alain Dreneau

(1)
Malheureusement, les autres produits connaissent également d’énormes difficultés. Le L.E.S. (Logement Evolutif Social) en particulier (même si l’on évoque un “LES plus” dont il faudra voir les tenants et aboutissants).

(2) Le Conseil général est d’ailleurs en train de financer ses dernières opérations, puisque les opérations qu’il aide actuellement doivent être livrées avant la fin de l’année 2008.

Voir aussi : Alerte !... le système est bloqué - 1 -


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