Rassemblement de la Fondation Abbé Pierre pour le droit au logement des Réunionnais les plus pauvres

Augmenter les aides de l’État et renforcer le partenariat de tous les acteurs réunionnais

24 avril 2013

Hier matin, durant près de quatre heures, plus de deux cents personnes, venues de toute l’île, dans une salle du Cinépalmes à Sainte-Marie, ont participé au 8ème rassemblement annuel de la Fondation Abbé Pierre de La Réunion pour faire le point sur la situation de nos compatriotes mal-logés et sur les solutions à apporter à ce grave problème. Cette rencontre a été animée par Jean-Marc Colienne, journaliste à Réunion 1ère, et par Thierry Hergault, directeur de l’agence réunionnaise de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés, qui a ouvert la séance en souhaitant de larges échanges entre les participants à cette rencontre pour « travailler ensemble ».

Trois tables rondes ont été organisées lors de ce rassemblement avec divers acteurs administratifs, politiques et socio-économiques sur trois thèmes.

Dans un premier temps, les organisateurs du rassemblement ont présenté un documentaire sur une rétrospective de la lutte pour le droit au logement en France durant l’année 2012. Une lutte qui mobilise de nombreux partenaires, compte tenu de la gravité de la situation, avec environ 3,5 millions de personnes mal-logées, de plus en plus de personnes sans domicile fixe et « des bidonvilles qui refleurissent », selon Joaquim Soarès, directeur de l’animation territoriale à la Fondation Abbé Pierre.
Ensuite, l’essentiel de la matinée a été consacré au problème du logement à La Réunion, avec une présentation de la situation. Le rapport présenté au public a notamment rappelé qu’il y a des centaines de personnes sans abri dans notre pays, que le téléphone 115 reçoit une cinquantaine d’appels au secours par jour, que seulement une demande de logement sur quatre est satisfaite chaque année, qu’un ménage sur dix est touché par l’habitat indigne et que 25.000 familles réunionnaises sont privées du droit à un logement décent.

« Une mobilisation partenariale indispensable »

Selon le rapport, cette situation dramatique, qui crée aussi de nombreuses difficultés pour les travailleurs sociaux en charge de ces dossiers, est due essentiellement à l’insuffisance des crédits de l’État, aux inégalités sociales et au fait que tous les acteurs concernés par ce problème ne travaillent pas assez ensemble. D’où ce mot d’ordre lancé à l’occasion de cette rencontre : « Une mobilisation partenariale indispensable ».
La justesse de cette analyse fut confirmée au cours des trois tables rondes qui ont suivi et qui ont porté sur les trois thèmes suivants : "Les hommes isolés", "La politique d’amélioration du logement social" et "La défiscalisation à La Réunion". Chacun de ces thèmes a été illustré par un reportage ; le premier a montré à quel point les personnes isolées sont en souffrance, voire « en suicide lent » ; le second a souligné les carences de la politique du logement menée par l’État ; le dernier a posé le problème de savoir qui profite au maximum de la défiscalisation actuellement : les plus pauvres ou les plus riches ?

« Un choc de solidarité d’urgence »

Divers intervenants ont été invités à participer à ces trois tables rondes et à faire part au public de leurs idées : des représentants de l’État, comme Ronan Boillot, sous-préfet délégué à la Cohésion sociale ; des représentants de collectivités, comme Ibrahim Dindar, vice-président du Conseil général ; enfin, des acteurs socio-économiques du logement, comme Hervé Cogné, directeur des Compagnons Bâtisseurs, Jean-Max Clain, directeur de SICA Habitat Réunion, Joël Personné, président de l’ARMOS-oi, Éric Wullai, PDG de CBO Territoria, etc. Mais le public a également été invité à prendre la parole et à émettre son avis.
De toutes ces interventions, il y a plusieurs enseignements à tirer. Et tout d’abord, qu’« il ne faut pas seulement faire des constats sur la gravité du problème du logement pour de nombreux Réunionnais ». C’est pourquoi « il faut décréter un choc de solidarité d’urgence » et « il faut donc une mobilisation profonde et collective de tous nos compatriotes conscients que ce problème est inacceptable ».

« Nous allons nous retrouver dans d’autres combats »

Ce que l’on peut aussi retenir de ce débat, ce sont les « injustices » de la politique du logement… et de l’emploi à La Réunion, un certain « clientélisme », « l’insuffisance de l’économie sociale et solidaire et des crédits de l’État », le fait que « la défiscalisation profite trop souvent aux plus riches plutôt qu’aux pauvres et augmente les coûts de la construction ». Sans oublier « les carences de la politique de financement du logement social » et « le manque de moyens financiers pour l’accompagnement social des personnes mal logées ».
Enfin, ce que l’on retiendra aussi de ce rassemblement, c’est la détermination de nombreux intervenants à continuer le combat dans ce domaine. « Il faut renforcer et mutualiser nos moyens pour faire respecter le droit au logement pour tous », « il faut des réponses cohérentes et homogènes à une politique globale », « nous devons travailler ensemble à La Réunion pour faire avancer des solutions réunionnaises » ; bref, « nous devons sortir des cloisonnements, chercher des alliances, manifester plus de solidarité dans notre société afin d’inventer des solutions nouvelles pour les personnes en souffrance ». Voilà pourquoi « nous allons nous retrouver dans d’autres combats », a conclu Aminata Koné, administratrice de la Fondation Abbé Pierre.

Correspondant


En conclusion des travaux, les responsables de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés ont présenté les « quatre priorités à affirmer dans la lutte contre le mal-logement à La Réunion »  : « relancer la lutte contre l’habitat indigne » ; « doter La Réunion d’une politique de l’hébergement calibrée à la hauteur des besoins » ; « proposer un cadre pluriannuel de financement de la construction de logements » ; enfin, « structurer, coordonner et animer les politiques partenariales autour du logement ».

Ce que l’on peut retenir de ce débat, ce sont notamment les « injustices » de la politique du logement… et de l’emploi à La Réunion.
(photo Toniox)

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