Les conséquences d’une décision prise depuis plus de 30 ans à Paris

Crise du logement : l’urgence d’une solution politique

3 septembre 2008, par Manuel Marchal

L’article paru hier dans “Le Quotidien”, sous le titre « S’il faut mettre le feu pour avoir un logement », rappelle que lorsqu’on laisse pourrir des problèmes politiques, on ouvre la voie à de graves dérapages.

Dans son édition d’hier, “Le Quotidien” ouvre ses colonnes au président de DAL-Réunion. Ce dernier cible des Mahorais qui, d’après lui, « mettent le feu eux-mêmes » à leur bidonville pour avoir droit à un logement en priorité. Et de conclure : « qu’on les mette dehors. Les files d’attente sont longues pour tout le monde ».
Au-delà des propos racistes rapportés qui ne manqueront pas d’être largement condamnés, cet article rappelle les conséquences d’un problème politique qui n’est pas réglé, conséquence d’une aventure coloniale de la France.
Cela renvoie d’ailleurs à une actualité brûlante, celle du conflit en Géorgie. Lorsque la France condamne l’attitude de la Russie parce qu’elle estime que ce pays veut changer les frontières, personne n’oublie qu’en 1974, la France avait remis en cause l’intangibilité des frontières dans l’archipel des Comores, en refusant de reconnaître le résultat du référendum d’autodétermination. Par des procédés peu en accord avec la démocratie, le gouvernement de l’époque avait organisé un deuxième référendum rien qu’à Mayotte, où le “non” à l’indépendance avait gagné 30 points en quelques mois pour frôler les 100%.
Depuis plus de trente ans, ce problème n’a pas été résolu, et c’est la région entière qui subit les conséquences de l’aventure comorienne d’un gouvernement français.
Aujourd’hui, Mayotte a un statut de collectivité départementale, et les ressortissants des trois autres îles de l’archipel ne peuvent plus y voyager librement. C’est pour cette raison que le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte est devenu un cimetière marin, où des centaines de Comoriens ont déjà péri depuis plus de 10 ans.
Mais le statut de collectivité départementale ne garantit pas à Mayotte le développement. La politique des différents gouvernements qui se sont succédé depuis plus de 30 ans amène les Mahorais à rechercher une solution à la pauvreté en émigrant à La Réunion. Mais notre île est aussi touchée par le sous-développement, car depuis l’abolition du statut colonial, la question du manque de logements n’a jamais été réglée par aucun gouvernement, alors que le logement est la compétence de l’Etat.
La conjonction de l’absence de règlement de ces problèmes ne peut alors que favoriser les dérapages tels que les propos tenus hier par le président du DAL dans “Le Quotidien”.
Dire que « La Réunion ne peut pas accueillir toute la misère du monde », ce n’est pas cela la solution. La solution, elle est dans le développement et la solidarité des peuples de la région, trop longtemps divisés par la colonisation et ses conséquences.

Manuel Marchal


Réaction

Des propos inadmissibles, inacceptables et intolérables, (...) contre des ressortissants de Mayotte ?


- Qui crée un problème de racisme à La Réunion ?

- Qui n’attribue pas des logements aux Réunionnais ?

- Que fait l’État ? que fait le Département et que font les communes en matière de logements ?
Peut-on sérieusement soutenir que les ressortissants de Mayotte mettent volontairement le feu dans leurs habitations ? En quoi les ressortissants de Mayotte sont-ils coupables du manque de logements sociaux à La Réunion ?
Les déclarations d’un responsable d’association, bien connu pour ses positions xénophobes, publiées par le journal “Le Quotidien”, en page 9, ne peuvent pas me laisser indifférent (...).
Je bénis le jour où je suis venu au monde. Je conjugue la fierté d’être noir, africain et immigré (...). Qui cela dérange ?... Le président ? Sans aucune prétention, je revendique le drapeau humaniste, les couleurs de l’intolérance ! Et, parce que je me bats de toutes mes forces contre le racisme, l’intolérance, la discrimination et la xénophobie, ces propos me révoltent...
Corsaire de l’universalité des Droits de l’Homme, sans donner de leçons à qui que ce soit, ma réaction n’engage que ma modeste personne au nom des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789) et sans autre revendication.
Je ne suis pas un redresseur de torts, mais il me semble qu’ici, une réaction des personnalités locales et de quelques organisations qui se reconnaîtront s’impose... Non ?
À moins que les familles sinistrées du Port méritent un traitement méprisant, voire inhumain, et soient coupables des efforts pervers du mal-logement, du manque créant des logements sociaux à La Réunion.
Est-il possible d’arrêter cette facilité de marginaliser certaines populations ?
Quel ressortissant de Mayotte préside une commission d’attribution de logements sociaux à La Réunion ? En quoi les ressortissants de Mayotte sont-ils coupables d’une politique de logement qui ne répond pas aux attentes des Réunionnais ?
Après les ressortissants de Mayotte sur le logement, quels autres seraient visés dans un tout autre domaine ?
Les propos tenus par le président du DAL-Réunion et, de plus, président de l’ADEP sont intolérables, inacceptables, inadmissibles...

Samuel Mouen

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Messages

  • Dites-moi donc mon cher Samuel Mouen, êtes-vous tout aussi révolté lorsque ce sont les ressortissants de Mayotte qui s’en prennent aux autres ressortissants de l’archipel des Comores au nom du colonialisme français, ou bien est-ce seulement ce cas précis qui attise votre foi aux droits de l’Homme ?

    Il n’y a pas si longtemps un élu de Mayotte exhortait la population mahoraise à bruler un village entier sous prétexte que des comoriens y habitaient. Aucun fervent des droits de l’Homme n’a condamné ce discours. Un matin (vers 5 heures du matin) les mahorais ce sont exécuté et c’est seulement face à cette preuve évidente d’une tentative de génocide que les médias ont été bien obligés de condamner ces pratiques. Tous les jours les élus mahorais répètent à qui veut l’entendre que "Mayotte ne peut pas accueillir toute la misère du monde". Cette phrase est devenue un leitmotiv.

    Le discours du président de DAL-Réunion est une bénédiction parce qu’il a le mérite de prouver que Mayotte n’est pas l’eldorado que les politiciens français veulent nous faire croire. Il prouve également que la situation que connais Mayotte face aux autres comoriens est également connue par La Réunion face aux mahorais. Nous sommes tous des pions du colonialisme éternel de la puissance française et c’est ça qui est grave.

    C’est triste que cette situation existe à la Réunion ou l’hospitalité est légendaire, mais c’est tout aussi triste que ça existe à Mayotte. Nous sommes tous les esclaves de notre colonisateur qu’on le veuille ou non, qu’on le dise ou non. Alors assumons les conséquences !!!


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