Actions de l’association “Momon papa lé la”

Crise du logement, une association réagit

30 août 2005

Fin du squat du logement de fonction ’inoccupé’ du directeur de la CINOR. Hier, la quarantaine d’occupants ont quitté les lieux, mais continueront à mener des actions afin d’interpeller les pouvoirs publics sur le manque de logement à La Réunion.

Illustration même de la pénurie du logement, manque de considération envers les sans-toîts. Le problème du logement appelle des solutions d’urgence. Et c’est la raison pour laquelle une quarantaine de bénévoles de l’association “Momon papa lé la” ont investi la luxueuse demeure du directeur de la CINOR.
Pour Patrick Savatier, propriétaire de la pension “Les pluies d’or”, à Saint-André, cette situation calamiteuse n’a que trop duré. Aujourd’hui, il indique que les principaux concernés - des femmes victimes de la violence conjugale, des jeunes aux prises avec l’alcool, la drogue, ou encore des jeunes mères - en ont plus qu’assez des discours à effet d’annonce. Ils veulent être logés, vivre dignement, comme chaque être humain. "J’ai vu des hommes politiques, des ministres, pleurer pour les 14 enfants morts dans l’incendie de leur immeuble. Aujourd’hui, nous voulons des actes", déclare Patrick Savatier.

À quand la solidarité ?

On a entendu parler du plan de cohésion sociale du ministre Jean-Louis Borloo, d’une politique volontariste du Conseil général. Pourtant, la réalité fait s’amenuiser les espérances. Patrick Savatier va plus loin. Il enregistre "une disproportion entre le discours tenu lors des élections et la réalité sur le terrain". On s’engage en effet plus facilement par les mots que par les actes.
À l’association “Momon papa lé la”, on a bien compris le message. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Le plan du ministre Borloo, qui prévoyait la sortie de terre de maisons à 100.000 euros pour les familles à faible revenu, n’a pas donc pas eu l’effet escompté. Reste la voie de la solidarité. L’association bénéficie des murs de la pension “Les pluies d’or”. Mais plus remarquable encore, les anciens pensionnaires de la pension saint-andréenne, soit une quinzaine de foyers, accueillent à leur tour des sans-toîts. "Chez moi, dans ma maison, j’accueille par exemple deux familles, deux mères avec chacune leurs deux enfants", poursuit le patron de la pension. Cette chaîne de solidarité est également soutenue par des entrepreneurs privés, qui, en donnant des fournitures, ont permis la rénovation de maisons, ou la construction.
L’action citoyenne trouve cependant ses limites, et il serait incongru que les hommes et femmes au pouvoir n’agissent pas au plus vite, pour résoudre cette situation. Du moins, doivent-ils répondre à l’urgence par des solutions intermédiaires. "Je suis surpris de la passivité de certains de nos camardes. Ce combat, c’est par eux qu’il doit être mené", déplore Patrick Savatier. Ce combat sera mené fermement pour interpeller les responsables politiques et étatiques. Déjà, des syndicats ont réagi et promettent de se rallier à cette bataille. Cette semaine risque d’être houleuse, d’autant que le mouvement s’autorise une opération contre un hôtel construit par des fonds publics, soi disant pour des handicapés, réorienté vers un public plus touristique et aujourd’hui mis en vente après rénovation - toujours sous couvert de fonds publics - pour la bagatelle de 10 millions d’euros. On loge combien de monde avec une telle somme ?

Bbj


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