Le mal-logement des personnes âgées

Des conditions de vie indignes

19 mai 2009, par Jean Fabrice Nativel

Allez ! Allez ! On se met à marcher dans les rues des villes de La Réunion ! Qu’observe-t-on ? Des personnes âgées vivent dans la rue. Le mal-logement de ce public est étudié dans ’L’état du mal-logement’ de la Fondation Abbé Pierre commenté hier matin.

De nombreuses personnes âgées ou vieillissantes vivent dans des logements indignes. Cette réalité — restée cachée — est révélée par le rapport annuel 2009 "L’état du mal-logement" de la Fondation Abbé Pierre présenté hier matin en son siège à Sainte-Clotilde par Patrick Doutreligne, délégué général, Christian Ballet, directeur général, et Sonia Trabelsi, responsable de la Boutique solidarité.

Vivement la retraite ?

Vivement la retraite ! On fera ci, on fera ça. Que l’on ne se réjouisse pas trop vite car les temps changent. Avant 1974 en France, les personnes âgées étaient « des personnes pauvres », voire très pauvres comme les handicapées, les exclues. À partir de cette année, leur condition de vie s’améliore pour recommencer à se dégrader ces dernières années. C’est « la fin d’une parenthèse heureuse ».

Disparité du monde des retraités

« Arrivés au terme d’un parcours souvent marqué par l’accession à la propriété et la constitution d’un patrimoine, bénéficiant de logements dont le niveau de confort s’est amélioré ces dernières décennies, les personnes âgées peuvent paraître globalement épargnées par les remous de la crise de logement. Les apparences sont trompeuses et masquent de profondes inégalités ». Le monde des retraités est très disparate.

600.000 Français vivent avec 628 euros par mois

Au sein des plus de 60 ans, des inégalités de revenus existent, « comme au sein des autres tranches d’âges. C’est oublier qu’aujourd’hui, 600.000 personnes âgées vivent avec une allocation de solidarité de 628 euros mensuels qui les situe sous le seuil de pauvreté (défini en regard de la norme européenne à 60% du revenu médian). C’est oublier aussi l’épisode de la canicule qui, lors de l’été 2003, avait brutalement placé sous le projecteur des médias l’isolement profond dont souffraient des milliers de personnes âgées et les conditions d’habitat inadaptées dans lesquelles elles se trouvaient confinées ».

Les personnes vieillissantes ne se plaignent pas

Dans la réalité, des personnes âgées habitent des logements insalubres. Vous les avez déjà entendues se plaindre ? Non ! Cette situation, elles la vivent ou l’ont vécue. Ceux qui sont propriétaires n’ont plus ou pas les moyens de d’entretenir leur maison. Pousser la porte de ces habitations, c’est entrer dans le monde de la pauvreté. « Le logement des personnes est alors pour les personnes vieillissantes, comme il l’est en général, un marqueur d’inégalité ».

60 ans avec 300, 400, 500 euros par mois à La Réunion

On retrouve la même situation à La Réunion. Les plus de 60 ans sont 80.000, soit 11% de la population à vivre avec 300, 400, 500 euros par mois. Avec cela, on a peine à survivre. Heureusement qu’il existe encore la solidarité familiale. Fait nouveau, elles sont de plus en plus nombreuses à venir frapper aux portes des œuvres caritatives, des CCAS, pour obtenir un colis alimentaire. Et les choses ne vont pas en s’améliorant du fait de crise financière, économique et, depuis peu, sociale. Si rien n’est fait, 250.000 personnes connaîtront la même destinée dans les années à venir, selon les projections.

La peur de faire une demande d’allocation

À La Réunion, des personnes âgées habitent la rue. On les croise, leur donne une monnaie. La nuit venue, elles s’abritent dans des coins secrets. Elles n’osent pas faire de demande d’allocation de peur de se faire agresser, cogner dans un coin de rue et se faire dépouiller de leur argent. Mesdames et messieurs, de nos jours, ces personnes âgées meurent dans la rue dans la totale indifférence.

On construit des logements locatifs sociaux à La Réunion, mais peu. Une véritable politique de développement durable à cet égard devra être menée car il est inadmissible de voir nombre de nos frères et sœurs connaître une vie sans toit. C’est intolérable, Mesdames et messieurs, qu’attendez-vous pour changer la donne ? « L’histoire nous jugera », écrivait L.B. dans une édition récente de notre journal. Sur ce point, je suis entièrement d’accord.

Jean-Fabrice Nativel


« En France, de nombreux ménages sont privés de logement personnel. Ils se trouvent dans des situations très diverses, plus ou moins dramatiques : on compte parmi eux aussi bien les 100.000 personnes sans domicile que les 250.000 hébergés dans le cadre de dispositifs collectifs, les 100.000 personnes qui résident de façon permanente dans des campings, les 150.000 contraintes à un hébergement chez des proches, ou encore les quelque 300.000 qui vivent dans des conditions atypiques (…), au total, plus d’un million de personnes privées de logement personnel ».


• Le parc locatif de logements sociaux de 52.197 logements abritent 20% des ménages réunionnais. Au 1er janvier de l’année dernière, 27.000 demandes sont en attente auprès des bailleurs sociaux, ce qui représente 50% du nombre de logements sociaux. Le rythme annuel de ces logements a chuté : 2.500 logements par an de 1995 à 1999, 1.500 de 2000 à 2004 et 1.000 de 2005 à 2008. Ces baisses touchent essentiellement les territoires de la CINOR et du TCO. Le financement de ces logements (la Ligne Budgétaire Unique) est aussi en baisse : 105 millions d’euros dans les années 1990, 79 millions en 2006, 75 millions en 2007 et 73 millions en 2008.

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