L’association Momon papa léla et la crise du logement

Done la kaz vid là pou sak la poin

8 septembre 2005

L’association “Momon papa lé la” ne décélère pas son action coup de poing en faveur des sans-logements. Avant-hier, elle occupait des logements sociaux vides de la rue de La Vérité, à la Ravine Creuse, à Saint-André.

Le premier magistrat de Saint-André a été directement interpellé. En effet, plusieurs logements sociaux sont inoccupés dans un quartier de la Ravine Creuse. Pour Patrick Savatier, c’est une offense pour ceux qui n’ont pas de toits où vivre décemment.
Avant-hier, avec les militants de l’association Momon papa lé la, dont il est le porte-parole, Patrick Savatier ouvrait les portes d’une case. Pour dénoncer encore et encore ce manque de prise en compte des familles dépourvues de logements. Ou vont-ils dormir ? Dans la rue ? "Nous sommes des humains, pas des animaux", scande Roger Thionville, sans logement depuis un an maintenant. Malheureusement, force est de constater que les pouvoirs publics jouent à la sourde oreille. Hier, après avoir été sommé par les forces de l’ordre de quitter le lieu squatté, les militants de l’association sont allés une nouvelle fois à la rencontre de la municipalité de Saint-André. Kome di kréol : zoréy koshon dann marmit poi. Les élus brillaient par leur absence, mais surtout par leur silence, leur manque de réponse. En effet, pourquoi ne pas ordonner que ces logements soient occupés, maintenant qu’il est avéré qu’il existe des logements vides sur Saint-André ?
Aucune avancée notoire donc pour les militants de l’association, si ce n’est l’intervention d’un responsable de l’Habitat Réunion. Il propose d’édifier une liste des logements inoccupés et de résoudre au plus vite la situation calamiteuse dans laquelle se trouvent plusieurs familles réunionnaises. Effet d’annonce ? Proposition démagogique ? Attendons que ces familles bénéficient d’un logement. Pour voir ce qui se fait réellement.

"Kosa banna i rod fèr sanm nou..."

Roger Thionville (54 ans) me propose de visiter deux maisons inoccupées. On ne peut que comprendre le désarroi de cet homme. Me montrant de l’argent, il explique qu’il a la capacité de payer ce loyer, et même de suite. Mais voilà, rien n’a été fait pour lui, comme pour les autres familles dans son cas. "Moin nana larzan, é i done pa moin la kaz. Zot i vé fé pèt mon tèt, kosa ?", demande-t-il, exaspéré. Après un an de recherches, de démarches, il constate qu’il reste un laissé pour compte, un va-nu-pieds scotché au fossé social. Avec de la bonne volonté des pouvoirs en place, une des deux maisons pourrait faire l’affaire. Il ne demande que cela. Prendre une débroussailleuse, tondre cette jungle de gazon, rénover entièrement cette maison, pour trouver enfin un logement digne. Et de poursuivre : "moin lé andikapé. Konsèy zénéral la di soidizan moin lé prioritèr pou gingn in lozman. É ziskalèr, moin la pokor gagné kaz-là. Kosa banna i rod fèr sanm nou, ansanm moin ?".
Avant-hier, ce sont les forces de l’ordre, et les rats, qui ont contraint les membres de l’association Momon papa lé la à quitter le logement squatté. Pourtant, leurs revendications se justifient. La crise du logement est si vive, qu’il est frustrant de découvrir des maisons vides, capables d’accueillir des familles entières. Pourquoi donc ce déni des plus défavorisés d’entre nous ? On comprend dès lors les propos d’une artiste locale, qui chantait "Sak nana, na pou gaté. Sak na poin, na poin di-tou".

Bbj


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