Cinq ans après le vote de la loi, et à 5 mois de l’extension générale du DALO

Droit au logement : la faillite du gouvernement

25 juillet 2011, par Manuel Marchal

En visite dans notre île, le secrétaire d’État au Logement ne pourra pas échapper à cette question : pourquoi le gouvernement n’a-t-il rien fait pour éviter que des milliers de Réunionnais traînent l’État devant le tribunal l’an prochain ?

Votée en 2007, la loi créant le droit au logement opposable a suscité l’espoir dans notre pays. Jamais jusqu’alors le pouvoir central, responsable de la politique du logement, n’avait mis les moyens pour construire suffisamment afin que la pénurie cesse.
En effet, la loi DALO fixe une obligation de résultat au pouvoir central. Elle donne presque six ans au gouvernement pour que chaque demande de logement puisse avoir une réponse dans un délai décent. À La Réunion, l’État avait donc cinq ans pour construire 25.000 logements sociaux. Cinq ans après le vote de la loi, où en est-on ?
Dans notre île, le nombre de demandeurs de logement n’a pas diminué, bien au contraire. Il atteint presque 30.000 familles. Ce que le gouvernement a été incapable de faire en cinq ans, il ne pourra pas le réaliser en cinq mois. Cela veut dire que le 1er janvier prochain, l’État pourra être traîné devant les tribunaux par des milliers de plaintes rien qu’à La Réunion.
Au cours des cinq dernières années, il a même mené une politique allant à l’encontre de la mise en œuvre du droit au logement pour tous. En 2007-2008, notre île était capable de produire malgré tout 10.000 logements, dont un nombre bien insuffisant de logements sociaux. Dans les conditions de la loi de l’époque, il était possible d’envisager le maintien de cet effort sur une période de quinze ans. Mais à partir de 2007, le gouvernement s’est évertué à casser cette dynamique. Le résultat, c’est qu’à peine 3.000 logements sortent de terre, dont un millier de logements sociaux.
Cette grave situation de pénurie ouvre la voie à la présence d’aventuriers de toute sorte qui profitent de la détresse de familles dans des bidonvilles pour exercer toutes sortes de manipulation. Le manque de logement contribue à augmenter la tension dans la société, car chaque attribution signifie que d’autres familles devront attendre.
Il est fort regrettable que ces cinq ans aient été marqués par le sceau de l’inaction. Le délai était pourtant suffisant pour réfléchir à une nouvelle structuration de la production de logements, afin d’arriver enfin à atteindre les objectifs fixés c’est-à-dire 8.000 logements sociaux par an.
C’est un choix à l’opposé de l’intérêt de la population qui a été privilégié avec cette année la consécration dans le budget de l’État de cette politique de désengagement. Le gouvernement a en effet baissé de 20 millions d’euros le montant de la subvention qu’il verse pour financer la construction de logements sociaux. C’est un signe qui ne trompe pas.
Ces cinq ans d’inaction ont donc provoqué une crise sans précédent. Avant que la situation ne continue à s’aggraver, il est urgent d’agir.

M.M.

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