Un défi majeur pour le développement économique et social

Droit au logement : un toit pour exister

9 juin 2004

La Fondation Abbé Pierre alerte les autorités locales quant à l’insalubrité de nombreux logements disséminés dans les centres urbains. Retards structurels, courbe démographique ascendante, indices croissants de la précarité : la crise de l’habitat représente un défi majeur pour le développement économique et social réunionnais. Une politique d’aménagement plus cohérente s’impose, pour offrir un logement décent à tous.

Pour les 10 ans de la Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre, jeudi dernier à Saint-Denis, les responsables de la délégation régionale ont de nouveau interpellé les autorités locales sur le problème des sans domiciles et du mal logement à La Réunion. Au cœur des villes, de nombreuses familles comoriennes et mahoraises vivent entassées dans des logements insalubres, juste assez cachés pour ne pas déranger les consciences. Se pose, comme en France, le problème crucial et dérangeant de la ghettoïsation d’une catégorie de la population, qui met à mal notre système social et la reconnaissance du droit à un logement décent pour tous.
Ce problème récurrent du mal logement soulève, au-delà des difficultés liées à l’aménagement du territoire, la faible implication de certains représentants locaux, alors que les volontés associatives et solidaires assument une grande partie de leurs responsabilités en la matière. La délégation régionale de la Fondation Abbé Pierre a permis, quant à elle, depuis 1997, la réhabilitation de 150 logements, ainsi que d’une cinquantaine en partenariat avec les CCAS (Centre communautaire d’action sociale) de Saint-Benoît et Saint-Pierre. D’autres projets sont en cours à Saint-Denis et pour des logements individuels insalubres situés cette fois à mi-hauteur de notre île.
"Nous ne dépendons de personne", souligne Alain Compagnie, directeur régional de la Fondation, s’agissant des pouvoirs institutionnels. C’est pourquoi, il estime être dans la possibilité d’interpeller et de dénoncer les lacunes du système en matière de prise en compte des besoins du parc locatif pour les familles les plus défavorisées. Rappelons que la Fondation Abbé Pierre, qui vit essentiellement de la générosité de donateurs depuis sa création nationale en 1987, accorde de nombreux financements aux institutions et associations locales, de même qu’elle répond aux besoins individuels des plus mal lotis.

Le logement : "un droit fondamental"

Alors qu’en France, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le parc locatif a quasiment doublé en un quart de siècle, le gouvernement se refuse aujourd’hui à engager les fonds publics pour parer au ralentissement des mesures de logement enregistré depuis quelques années. La privatisation des services publics et le désengagement de l’État se généralisent, creusant un peu plus le fossé des inégalités. Bien que son action passée ait permis la mise en œuvre du droit au logement - depuis la loi du 6 juillet 1989 qui précise dans son article premier que "le droit au logement est un droit fondamental", l’État manque aujourd’hui de réactivité et sa gestion est trop distance de la réalité.
La décentralisation et les importants transferts de compétences délégués aux collectivités représentent une menace supplémentaire pour les régions qui, comme La Réunion, affichent déjà un conséquent retard structurel. En ces temps de restrictions budgétaires, le gouvernement demande aux Français de mettre encore et toujours la main à la poche. Cependant, lorsqu’il s’agit de prendre en compte les retards et besoins de La Réunion, qui ne souffre ni d’exemples, ni de données chiffrées révélatrices, le gouvernement perd toute sa perspicacité algébrique et fait la sourde oreille. Mayotte, devenue territoire français depuis 2001, compte elle aussi d’importants besoins que la France ne peut laisser à la seule charge de sa sœur La Réunion ou de la solidarité entre les peuples frères. Respecter ses engagements : telle aurait du être la priorité affichée de nos gouvernants nationaux.


Estéfany


Pour une politique d’aménagement du territoire cohérente

Bien qu’en 50 ans, La Réunion soit parvenue à améliorer considérablement la qualité et l’offre de l’habitat, ses particularismes sociaux et géographiques rendent le problème de logement complexe. En 2003, 3.500 logements sociaux ont été construits contre 6.500 les années précédentes, alors qu’il en faudrait plus de 10.000. Reconquérir les espaces constructibles situés à mi-hauteur font parties des objectifs visionnaires du Conseil régional, qui grâce aux soutiens des fonds européens pour la mise en œuvre de la Route des tamarins offre de nouvelles perspectives en matière d’aménagement du territoire.
Les liens de confiance et de crédibilité dans ses projets que le président Paul Vergès a su tisser avec les instances européennes, démontre qu’il est un maillon indispensable pour le développement durable de notre territoire, au sein de l’Europe. Conscient des problématiques diverses et complexes qui s’offrent à notre territoire insulaire, le président de la Région se présente comme le garant des intérêts réunionnais et démontre par sa représentativité auprès des autorités nationales et européennes sa capacité à relever et gérer les défis de demain.


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