Jean-Louis Borloo et sa “maison à 100.000 euros”

Effet d’annonce... et faux espoir pour La Réunion ?

5 mars 2005

’La maison à 100.000 euros’, lancée le 23 février dernier, avec son sens habituel de la mise en scène, par le ministre de la Cohésion Sociale Jean-Louis Borloo a été loin d’enthousiasmer les foules. L’annonce de cette nouvelle accession à la propriété pour les ’ménages à ressources modestes’ a suscité au contraire de nombreuses critiques, émanant de professionnels du secteur du bâtiment.

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Certains n’y sont pas allés par quatre chemins : "C’est un effet d’annonce totalement déplacé. Il y a beaucoup de gens qui vont croire cela et qui risquent de tomber de haut", confiait dès le lendemain au journal “Libération” un important constructeur de maisons individuelles.
Citons dans la même veine la réaction du président de l’Union nationale de ces constructeurs : "La maison à 100.000 euros n’est possible que si l’on déconnecte le bâti de la question foncière". Le président de la Fédération française des constructeurs fait observer quant à lui que "100.000 euros, cela correspond grosso modo au prix d’une maison neuve sans le terrain. Or, autour des grandes agglomérations, le coût du foncier est souvent aussi important que celui du bâti".

Le coût du foncier

Le coût du foncier, tel est bien, tout particulièrement à La Réunion, le nœud du problème quand on parle du prix de revient d’un logement neuf. Et sur ce plan nous n’avons hélas rien à envier aux "grandes agglomérations" de l’hexagone, comme en témoigne le dernier état des lieux dressé par l’Agorah (Agence pour l’Observation de La Réunion, l’Aménagement et l’Habitat). On y lit que les prix moyens au mètre carré des terrains constructibles ont flambé lors de la dernière décennie : + 125 % entre 1992 et 2003 (voir “Témoignages” du 28 février dernier). Dans ces conditions, la maison individuelle à 100.000 euros, avec son terrain, bien entendu, semble un rêve irréalisable à La Réunion.
Certes, nous disposons ici - comme dans l’ensemble des D.O.M. - d’un produit dont le coût se situe en deçà du coût annoncé par le ministre. C’est le Logement Évolutif Social (L.E.S.), qui relève de l’accession à la propriété très sociale. Il fonctionne depuis une vingtaine d’années, en particulier dans le cadre des opérations R.H.I. (Résorption de l’Habitat Insalubre), grâce précisément à un coût du foncier réduit par rapport aux prix pratiqués sur le marché. C’est le montage financier spécifique de ces opérations, avec des concours financiers de l’État et des communes, qui permet la réalisation de ces maisons pour les familles les plus modestes. Et il s’agit, il convient de le rappeler, de logements aux prestations réduites. Mais même dans ces conditions exceptionnellement favorables, le coût d’un F4 en L.E.S. atteignait en 2003 les 75.000 euros, et doit être plus près aujourd’hui des 80.000 euros, compte tenu de la hausse sensible des coûts de la construction.
En ce qui concerne les ménages disposant de revenus dits moyens, le produit proposé actuellement est le logement P.T.Z. (prêt à taux zéro). Le P.T.Z. est lui aussi - mais à un degré nettement moindre - un logement aidé par l’État (1). Une opération P.T.Z. peut être aidée également par une collectivité qui cède le foncier à des conditions favorables. Malgré ces divers “coups de pouce”, le P.T.Z. voit son coût atteindre les 120.000 euros pour un F4. On dépasse de loin, on le voit, les 100.000 euros annoncés par Jean-Louis Borloo.
L’annonce ministérielle est d’autant plus dangereuse par rapport à la réalité sociale réunionnaise qu’elle risque de susciter des espoirs inconsidérés auprès des familles dont le revenu se situe juste au-dessus des plafonds L.E.S. (2), mais au-dessous du niveau P.T.Z. (3). Ces familles n’ont pas droit au L.E.S., et elles sont exclues du dispositif P.T.Z.. Il n’existe pour elles aucune offre d’accession réalisable.

Des collectivités fragilisées

C’est dans ce contexte de frustration et d’interrogations au sein de cette catégorie sociale que le ministre de la " cohésion sociale " pronostique sans ambages l’arrivée d’une maison à 100 000 euros, assurance et frais de notaires compris. Son entourage dit-il, examine cette hypothèse avec soin. Il eût été plus raisonnable de ne pas céder aux tentations de l’effet d’annonce et de faire auparavant le tour de la question afin de bien prendre la mesure des obstacles, des efforts financiers à mettre en œuvre et des partenaires appelés à consentir ces efforts financiers.
En l’occurrence, Jean-Louis Borloo s’apprête en effet à faire endosser son offre généreuse par... les collectivités locales, qui seraient de fait sommées de délivrer aux opérateurs des charges foncières très réduites. Car la question est bien la production de foncier à un coût compatible avec le produit annoncé. La décentralisation, une fois de plus, aurait bon dos. Et les collectivités, aux finances de plus en plus fragilisées, devraient faire le geste afin de permettre la générosité ministérielle !
À la vérité, à La Réunion, il n’y a pas que le foncier qui fasse grimper les prix de revient d’une maison. Il y a également le coût de la construction elle-même, qui a subi de fortes augmentations ces deux dernières années. Si bien que la perspective d’une maison individuelle à 100.000 euros à La Réunion peut apparaître comme franchement illusoire. À moins qu’une réelle politique de promotion de l’accession sociale soit mise en place par le gouvernement.
A ce propos - pour en rester dans le domaine de l’accession - on attend toujours les textes relatifs au L.E.S. - à propos de la subvention complémentaire de 7% -, ainsi qu’au dispositif de location vente, annoncé lors des derniers C.D.H. (Conseil Départemental de l’Habitat) et attendu ici avec impatience.

A. D.

Dans le montage P.T.Z., une partie du prêt est un prêt à 0% d’intérêt, par une banque qui est ‘subventionnée’ par l’Etat pour compenser son ‘manque à gagner’. Son montant varie selon les revenus et la composition de la famille.
Le revenu plafond est de 1 145 euros de revenu net imposable mensuel pour un couple avec deux enfants, composition familiale qui correspond à un F4.
La faisabilité du logement P.T.Z. est restreinte, compte tenu des paramètres en vigueur : on peut situer à un revenu net imposable mensuel de l’ordre de 2 000 euros la ‘barrière’ de revenu pour un logement P.T.Z.


Communiqué de la Commune de La Possession sur l’opération de RHI Tamarin Sarda

La Commune de La Possession a confié à la SEMADER la réalisation de l’opération de RHI Tamarin Sarda depuis Septembre 2000, suite à l’arrêté d’insalubrité pris par la DRASS et avec le soutien financier de l’État.

Le programme élaboré en concertation avec la DDE et approuvé par le Conseil Municipal consiste à remodeler le parcellaire, à démolir les cases insalubres, à rénover les VRD et à permettre à toutes les familles du site de vivre dans des conditions décentes et d’accéder à la propriété si elles le désirent.

Sur les 76 familles concernées par l’opération, une seule s’est distinguée et essaie de se faire passer pour victime.

Il faut savoir que lors de l’enquête sociale préalable, la case de Madame LAURET Marie Annick a été identifiée comme insalubre. Il a été donc décidé en accord avec elle de lui attribuer un LES dans le même quartier. Cette attribution a été validée par la commission préfectorale d’attribution de LES le 13 juin 2002.

Alors que toutes les familles bénéficiaires ont accepté de choisir l’emplacement de leur futur logement, Madame LAURET, conseillée par un adversaire politique, a refusé catégoriquement toutes les propositions qui lui ont été faites par la SEMADER.
Sa case devant être démolie, une indemnité de 12 649 _ doit lui être versée à titre de dédommagement, cette somme lui servira d’apport personnel pour accéder à la propriété de son LES.

Son entêtement est d’autant plus surprenant qu’un appartement, gelé depuis 2 ans, lui a été proposé pour son relogement provisoire dans l’attente de la construction de son LES.

Alors que l’opération de RHI va bientôt s’achever, l’obstination de Madame LAURET à ne pas déménager, entraîne des frais considérables pour la collectivité. En effet, le terrain d’assiette de sa case, propriété de la SEMADER, doit recevoir 3 LLS et les familles à qui ces logements sont destinés attendent impatiemment leur nouveau toit.

De son côté, le constructeur qui a passé des contrats avec les entreprises réclame des indemnités conséquentes.

Bref, les propos politiques de Madame LAURET, qui s’est laissée manipuler par un opposant irresponsable, apparaissent insignifiants et ne peuvent absolument pas être confrontés aux faits tels que décrits ci-dessus.

Enfin, la ville de La Possession travaille pour le progrès constant de tous ses administrés et ne s’attardera pas à polémiquer.

Le Maire, R. ROBERT.


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