Conséquence de la politique du gouvernement

La crise du logement s’accentue

17 janvier 2011, par Manuel Marchal

Le déficit de plus de 3.000 logements annoncé par les données du CONSUEL est à rapporter au nombre sans cesse grandissant du nombre de demandeurs de logement. Rien que dans le secteur du logement social, le retard accumulé depuis 1990, ce sont au moins 53.000 logements qui auraient dû être construits. Les décisions prises par Paris dans ce domaine ne vont pas résoudre cette crise structurelle.

6.000 logements par an, c’est le nombre minimal de logements sociaux qu’il faut construire pour répondre à la demande. Sur cette base, il s’avère qu’entre cet objectif et le nombre de logements programmés chaque année, le déficit dépasse 53.000, c’est l’accumulation de 20 années de politique du logement à La Réunion sous la responsabilité de Paris. Or, le nombre de logements programmés est supérieur à celui réellement livré. Ce qui donne une idée de l’ampleur du retard qui a été pris dans ce secteur qui est de la responsabilité du pouvoir central.
Devant ce constat, le gouvernement décide d’apporter au logement social un complément de financement avec la défiscalisation. Mais ce surplus ne fait pas oublier deux faits. Tout d’abord, la subvention directe versée par l’État pour financer la construction de logements sociaux diminuera cette année. Ensuite, cette défiscalisation est une réorientation d’une partie des subventions fiscales versées pour la construction. Selon l’ancien règlement, c’était le privé qui bénéficiait de cette manne. Mais Paris a décidé de changer pour réorienter vers le logement social, c’est-à-dire faire en partie supporter par une ressource aléatoire une compétence de l’État.
Le premier résultat de ce changement, c’est l’effondrement de la construction dans le secteur privé, et avec lui celui du nombre de travailleurs. Le CONSUEL indique qu’il a délivré l’an passé 3.079 attestations de conformité de moins qu’en 2009. Sur la base d’un calcul selon lequel un chantier de logement neuf crée 1,5 emploi, ce sont donc plus de 4.500 emplois qui ont été supprimés rien que l’an dernier dans ce seul secteur. Cette hémorragie est due à une décision du gouvernement.
Selon la nouvelle loi et les estimations qui sont faites par l’État, il serait possible de livrer 4.000 logements sociaux cette année et début 2012, soit 2.100 de plus que l’an dernier. Mais il faut noter que cette augmentation annoncée ne compense pas la perte d’emplois provoquée par le changement des règles de la défiscalisation. Ce nombre permet également de constater que, malgré tout, l’effort sera insuffisant pour permettre de rattraper le retard. Il ajoutera 2.000 au déficit creusé depuis 20 ans. C’est donc une nouvelle illustration d’un système dans l’impasse. Car pour obtenir le gain annoncé, mais pas encore concrétisé et malgré tout insuffisant, le gouvernement a pris la décision de jeter des milliers de travailleurs au chômage.

M.M.

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