DOSSIER PRÉCARITÉ - PAUVRETÉ

La gramoune vivait dans la « boue »

29 août 2008, par Edith Poulbassia

Madame Dugain a le sourire. A 67 ans, la gramoune vit plus sereinement dans sa petite kaz située à la Montagne, depuis que la Fondation Abbé Pierre y a effectué les travaux indispensables.

Grâce au pont construit par la Fondation, Madame Dugain peut traverser la ravine située devant sa maison en toute sécurité et retrouver la liberté de sortir de chez elle.
(photo EP)

Madame Dugain nous accueille à bras ouverts, nous fait visiter sa maison, où elle vit depuis 50 ans. C’est là qu’elle a emménagé, à l’âge de 17 ans, avec son mari. C’est là qu’elle a élevé ses deux enfants, un garçon et une fille. Sa kaz, c’est toute sa vie.
Il y a longtemps, la kaz était en paille, nous raconte Madame Dugain. Puis la tôle et les murs ont fait leur apparition, mais Madame Dugain n’a pas vécu pour autant dans un logement décent. Un sol en terre battue, un toit qui fuit, « partout té inondé, mi té obligé mèt in planz devan le li pou pa tombé », confie-t-elle. La gramoune vivait dans la « boue », elle le dit elle-même. Les installations électriques n’étaient pas aux normes. À tout moment, Madame Dugain risquait sa vie dans sa propre kaz. D’ailleurs, précise-t-elle, l’accident s’est déjà produit. Électrocutée, elle a été admise à l’hôpital, mais fort heureusement, elle n’a pas perdu la vie.
A la mort de son mari, puis de son fils, la gramoune se retrouve seule chez elle. Quant à sa fille, elle a fait sa vie, elle habite dans le Sud sauvage, mais lui rend régulièrement visite. C’est elle qui sollicite les aides pour l’amélioration de l’habitat. Mais Madame Dugain n’est éligible à aucun dispositif. Sa fille s’oriente alors vers la Fondation Abbé Pierre.
La kaz de Madame Dugain fait partie des 259 logements réhabilités par la Fondation, le Conseil Général et certaines communes en 2007-2008. En trois semaines, une équipe de la Fondation a posé les carreaux, refait le toit, peint les murs, bref supprimé l’insalubrité et permis à Madame Dugain de rester dans ce lieu auquel elle est attachée, de continuer à laver son linge sur la pierre dehors tout en gardant un oeil sur la télé. « Ça, c’est ma machine à laver », commente-t-elle en montrant sa fameuse pierre.
Et la Fondation ne s’est pas contentée de réhabiliter la kaz. Madame Dugain peut désormais en sortir. L’équipe de la Fondation a construit un pont, évitant ainsi à la gramoune qui peine déjà à se déplacer, de traverser le lit de la ravine. Une ravine qui passe juste devant la petite kaz.

 Edith Poulbassia


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