Inégalités à La Réunion

La responsabilité des Réunionnais pour mettre fin à la crise du logement

23 janvier 2017, par Manuel Marchal

Le système de production actuel ne prend pas comme base la capacité contributive de ses locataires. Seules les aides sociales permettent d’éviter l’explosion, car les loyers sont beaucoup trop élevés. La rupture avec cette situation passe par la responsabilité pour les Réunionnais.

La semaine dernière, l’INSEE a présenté une étude intitulée « Des conditions d’habitat aux dépenses des ménages ». Cette publication intervient dans un contexte particulier à La Réunion. En effet, il y a une semaine, un dramatique incendie a coûté la vie à deux enfants. Leur famille vivait dans un logement insalubre, sans électricité, alors qu’elle aurait dû être relogée depuis déjà plusieurs mois. Ce drame de la pauvreté et du mal-logement pointait une nouvelle fois le doigt sur les inégalités subies par La Réunion, plus de 70 ans après l’abolition du statut colonial. Force est de constater que le nombre de logements sociaux est insuffisant. Cela oblige 42.000 familles à vivre dans ce qui est dénommé le secteur libre, la liberté étant celle du propriétaire qui peut fixer le montant du loyer à sa guise.

Taux d’effort démesuré

En conséquence, la situation financière de ses familles est extrêmement difficile. Car aux revenus insuffisants s’ajoute un loyer dont le montant est prohibitif. C’est ce que confirme l’étude de l’INSEE. Elle indique que pour les familles modestes vivant dans un logement du secteur privé, le taux d’effort est proche de 100 %. Cela signifie que l’intégralité des salaires, indemnité ou allocation équivaut à la somme nécessaire pour se loger et payer les charges (eau, électricité) chaque mois. C’est dire l’impasse dans laquelle se trouve le système qui est en place à La Réunion.

L’accès à un logement social permet d’atténuer cette injustice sans la régler. Car il ressort de l’étude de l’INSEE que ce taux d’effort est de plus de 60 %. C’est uniquement l’aide sociale qui permet d’éviter l’explosion. Elle ramène le taux d’effort à 30 % pour les locataires les plus pauvres du parc social, et plus de 50 % pour les familles de cette couche sociale contraintes de vivre dans le secteur dit libre.

Le rôle de l’aide sociale

Ces données montrent le décalage qui existe entre la capacité contributive des familles, et le prix des loyers. C’est le résultat d’un système de production de logements qui accumule les surcoûts car il ne part pas des besoins des locataires.

C’est en effet la capacité contributive des familles qui devrait être la base d’un système de production de logements. Lorsqu’une personne vit avec un minimum social tel que le RSA, il s’avère qu’un taux d’effort de 10 % est déjà excessif. D’après les données de l’enquête de l’INSEE, c’est un objectif inatteignable. Seules des aides sociales permettrait d’arriver à ce but. Ce qui signifie que l’aide sociale entretient un système de production inadapté car trop cher.

Pour le logement social, la logique voudrait que le prix du loyer puisse correspondre aux capacités contributives du locataire, sans qu’il soit nécessaire pour ce dernier de recourir à l’aide sociale. Y arriver suppose de remettre à plat tout le système pour envisager d’importantes réformes structurelles afin de faire baisser les coûts. Cela doit s’accompagner d’un effort pour mettre fin à la pénurie de logements sociaux. C’est le prix à payer pour que dans le domaine du logement, les inégalités entre Réunionnais puissent enfin être réduites.

Paris face à ses promesses

Malheureusement, les pouvoirs publics ne prennent pas ce chemin. Le logement est une compétence de l’État. En 2015, le Premier ministre était venu à La Réunion présenter la déclinaison outre-mer du Plan logement du gouvernement. Ce plan prévoit la construction de 10.000 logements sociaux par an pour tout l’outre-mer. Lors du débat sur le projet de loi égalité réelle au Sénat, le gouvernement a été placé face à ses responsabilités. Puisque la convergence entre les pays d’Outre-mer et la France doit s’effectuer dans un délai d’au moins 10 ans, alors Gélita Hoarau a demandé que l’objectif de 100.000 logements sociaux en 10 ans soit inscrit dans le projet de loi sur l’égalité réelle. Cette demande a été refusée par Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer, suivie par la majorité sénatoriale de droite.

Cet exemple souligne que tant que les Réunionnais n’auront pas le pouvoir de gérer leurs affaires dans les domaines qui les concernent, il sera bien difficile d’obtenir de Paris les moyens de mettre fin aux inégalités. C’est pourquoi le Parti communiste réunionnais appelle les Réunionnais à se rassembler pour la responsabilité.

M.M.

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