Face à la crise de l’habitat pour les plus démunis

Le gouvernement n’écoute même pas ses amis

28 juillet 2005

Hier “Témoignages” a une nouvelle fois attiré l’attention de l’opinion et des décideurs parisiens sur la gravité de la crise de l’habitat social. En particulier, nous avons souligné le fossé entre les promesses du gouvernement et ses décisions financières. Il serait temps que Paris réagisse et tienne ses engagements afin que soit respecté le droit du Réunionnais au logement.

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Ces dernières années, Témoignages”, le P.C.R. et d’autres organisations politiques ou associations n’ont cessé de dénoncer les graves carences de la politique gouvernementale en matière d’habitat social dans notre île. Une attitude d’autant moins acceptable que tous les acteurs du logement social à La Réunion s’étaient mis d’accord sur une plate-forme revendicative commune afin que l’État assume ses responsabilités dans ce domaine.
En mai dernier, la présidente du Conseil général a écrit au ministère de l’Outre-mer pour attirer l’attention du gouvernement sur la gravité de la crise de l’habitat social à La Réunion. Nassimah Dindar a rappelé à son interlocuteur que l’État est fortement débiteur à l’égard de notre île. Et que si les versements dus aux Réunionnais ne sont pas effectués, la crise ne peut que s’aggraver.
Depuis, rien ne s’est arrangé. C’est pourquoi le P.C.R. a intégré la question de l’habitat social dans les vingt mesures d’urgence qu’il a proposées au gouvernement le 12 juillet dernier.
Quelques jours plus tard, Ibrahim Dindar était l’invité des “Matinales” de Radio-Réunion, après la réunion du Comité départemental de l’habitat. Il tirait la sonnette d’alarme en rappelant l’ampleur du défi à relever : 170.000 logements nouveaux sont à construire ou à reconstruire d’ici 2020, soit 9.000 logements neufs par an, dont 6.000 logements sociaux.
Or, disait le vice-président du Conseil général, cet objectif n’est pas atteint : "cela entraîne des violences terribles, des échecs scolaires, les gens sont mal". Et pourquoi ce problème ? "Les subventions de l’État n’arrivent pas aux organismes d’habitat social comme au PACT. Je suis très inquiet, le déficit est très grave. Des personnes vivent à quinze dans un F2. Or le logement est un outil d’insertion essentiel".
Ibrahim Dindar devait encore déclarer : "Jour après jour, la situation devient plus dramatique. Le nombre de logements livrés chaque année est insuffisant. Entre les chiffres annoncés par le gouvernement pour les autorisations de programme et ce qui est envoyé pour payer les promoteurs, il y a souvent une grosse différence. C’est dommage car les conséquences sociales sont désastreuses. Il y a un manque de terrains, un manque d’argent, le FRAFU est insuffisant. C’est une compétence première de l’État". Et manifestement, au vu des derniers chiffres publiés hier par “Témoignages”, le gouvernement n’écoute même pas ses amis politiques.
En conclusion, le responsable du Département a prôné "une mobilisation sans précédent sur cette question du logement social. C’est une question de volonté politique. Nous devons regarder tous ensemble dans le même sens. Toutes les personnes concernées doivent se mettre ensemble autour de la table".


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