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par le Dr Raymond Vergès

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Les « cités de la honte » et la Semader des pieds nickelés

Billet

jeudi 2 octobre 2008


Michel Fontaine, Maire de Saint-Pierre depuis 2001, “découvre” que certaines cités de sa ville appellent une rénovation. Et il s’en prend à mots couverts aux bailleurs sociaux - en l’occurrence, à Saint-Pierre, c’est la Semader qui a construit et devrait entretenir, parmi les 6.500 logements qui constituent son parc locatif à travers l’île, la cité Paille en queue - où a été retrouvée morte une jeune mère de 14 ans.


« Il faut absolument que ces sociétés consacrent une partie conséquente de leur budget à la rénovation », tempête, hier, celui que le “JIR” interviewe en tant que « maire de Saint-Pierre », sans rappeler qu’il fut un temps président de la Semader et qu’il préside la CIVIS, actionnaire principal de la Semader.
En laissant à chacun le soin d’apprécier pour ce qu’elle vaut la sainte indignation du « maire de Saint-Pierre » devant « les conditions de vie » de ses administrés, il faut tout de même rappeler que la Semader est le principal outil par lequel la CIVIS exerce sa compétence dans le logement social ; que cet outil a été la plus performante des sociétés d’économie mixte jusqu’en 2001, passant de zéro à 170 salariés (près d’une embauche par mois) en seize ans (1985-2001) et qu’elle a remporté la première Sem d’or de l’Outre-mer.
Jusqu’en 2001, il n’a jamais été question de délabrement des logements construits et gérés par la Semader et aucun maire ne s’est autorisé à dire que les bailleurs construisaient « en dépit du bon sens ».
Si les bâtis sont mal entretenus, pourquoi le maire de Saint-Pierre ne se retourne-t-il pas vers son collègue de l’Etang-Salé, actuel président de la Semader ? Peut-il expliquer comment, en à peine deux ans, à partir de 2001, la plus performante des Sem de La Réunion a été réduite à l’état d’appendice inutile, privé de son directeur et de ses cadres ?
Veut-il qu’on lui rappelle l’utilisation pour le moins légère que certains élus UMP faisaient des chéquiers de la société ?
En deux mots : où sont passés les moyens humains et financiers qui avaient fait de la Semader le fleuron de la politique du logement social à La Réunion ?

La Semader a d’abord négligé les logements du Port et de La Possession, après le départ de ces deux communes de la CIVIS - signe d’une gestion politicienne irresponsable.
En février 2008, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans un des appartements du quartier Titan, au Port, il était déjà admis et reconnu de tous que la Semader « ne joue plus son rôle » d’entretien des bâtiments. Le directeur de la Semader lui-même, appelé à constater l’état du bâti par Jean-Yves Langenier, Maire du Port, a parlé alors de « cité à l’abandon ».
L’élément nouveau, révélé par la mort de la jeune Audrey, est que la Semader ne joue plus son rôle à Saint-Pierre non plus, ville dont le maire est qui vous savez, ci-devant président de la CIVIS.
Et en tant qu’actionnaire de la Semader, la CIVIS joue-t-elle son rôle ? Faut-il rappeler dans le détail la gestion désastreuse promue depuis 2001 par cet organisme, y compris la gabegie relative à son propre siège - éclaté sur quatre sites et 1.200 m2 de bureaux ?
Et comment la CIVIS compte-t-elle faire passer auprès des mal-logés de Saint-Pierre le fait qu’elle préfère mettre 38 millions d’euros, au bas mot, dans la construction de son nouveau siège ?
Dans ces conditions, le « maire de Saint-Pierre » peut ravaler ses larmes de crocodile et les citoyens de Saint-Pierre et des communes de la CIVIS en général, en tirer toutes les conclusions sur la gestion de l’intercommunalité et la façon dont les dirigeants de l’UMP en mobilisent (ou plutôt immobilisent...) les moyens.

P. David


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