Les discriminations se poursuivent dans le domaine de l’accès au logement ! Les résultats de testings publiés mercredi par la HALDE* sont éloquents. L’étude révèle en effet qu’à ressources et conditions d’emploi égales, les candidats au logement locatif privé ont 35% de chances d’obtenir, par téléphone, une visite d’appartement s’ils sont blancs (candidats dits "de référence"). Un pourcentage qui tombe à 20% s’ils sont d’origine maghrébine et à 14% s’ils sont originaires d’Afrique noire. Les candidats d’origine maghrébine ont donc 1,75 fois moins de chances d’obtenir une visite que le candidat de référence, tandis que les candidat d’origine noire africaine ont 2,5 fois moins de chances.
À cette étape, remarque l’étude, un candidat monoparental obtient un taux équivalent de visite au candidat dit "de référence". Une fois le principe de la visite obtenu, les candidats de référence obtiennent le logement dans 75% des cas. Un résultat qui chute à 26 % pour le candidat monoparental, à 22% pour le candidat originaire d’Afrique noire et à 17% pour le candidat maghrébin.

L’étude révèle par ailleurs des différences de traitement selon les régions. Dans 44% des annonces testées en Île-de-France, au moins un des candidats a été traité de manière différente par rapport à un autre candidat, contre 32% pour le testing effectué à Nice et 15% dans le cas de Lille.
"Toutes les affaires constatées seraient suivies sur le plan juridique", a prévenu Louis Schweitzer, président de la Halde.

*Etude menée dans trois régions (Ile-de-France, Nord-Pas de Calais et Paca) sur 126 annonces testées auprès de 120 agences .
(Sources Batiactu)

Rappel

Terme emprunté de l’anglais, le testing consiste à présenter des jeunes d’origine européenne, puis des jeunes d’origine maghrébine ou africaine, pour prouver la sélection opérée sur ces critères raciaux à l’entrée de discothèques, restaurants, campings, pour l’embauche dans une entreprise ou la location d’un logement.

Éclairages

La France Black Blanc Beur est célébrée sur les terrains de foot. Tant mieux !
Sur le terrain du Droit au logement pour tous, la réalité est bien moins fraternelle ainsi qu’en témoigne l’article ci-contre.
Combien de ressortissants des DOM-TOM et singulièrement de Réunionnais se trouvent ainsi confrontés à cette discrimination dans l’accès au logement ainsi qu’à bien d’autres discriminations ?
Et n’est-ce pas un leurre que de dire vouloir combattre ce type de comportement raciste au moment même où le ministre de tutelle des collectivités locales prône l’immigration choisie ?
Qui se penchera sérieusement sur le contenu implicite de ce type de proclamation ?
Quand M. Sarkozy fixe un tel cap est-il ou non conscient de la façon dont une partie de l’opinion décrypte le message qu’il lui envoie ? Si non, il ferait bien de prendre connaissance des premiers testings réalisés par la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité. Si oui, il lui faudrait rapidement se reporter à la lecture de l’article paru dans “le Monde Diplomatique” paru en juin. Il pourra alors constater qu’ils n’en finissent pas, les observateurs sérieux et amis de La France, de dire que cette politique à courte vue conduit à une cassure durable entre les peuples d’Afrique et Paris.
Celles et ceux parmi les candidats qui vivent le nez collé sur l’horizon 2007 seraient sans doute mieux inspirés d’essayer d’imaginer à 20 ans ce que pourrait être la situation d’un monde qui change à toute vitesse.
En ce moment même, nous, Réunionnais, avons conscience que notre avenir se dessine aussi sur les rives de notre Océan et dans leur voisinage plus ou moins immédiat.
Attiser les feux de la discrimination, prôner le repli égoïste, vouloir faire son marché en pillant les élites africaines comme le firent jadis les négriers, est-ce la façon la plus intelligente de bâtir un avenir au sein duquel La Réunion, la France et l’Union européenne pourraient, sans cela, jouer un rôle éminent ?
Après le vote de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 sur le rôle positif de la colonisation, ne serait-il pas grand temps que les-dits candidats tournent la page des pratiques coloniales et néo-coloniales et réfléchissent aux conséquences que provoquent leurs propos une fois franchie la frontière du périphérique ?

Jean Saint-Marc