Circulaire Sarkozy du 23 novembre 2004

Logement : fausse sollicitude et vrai cynisme

13 janvier 2005

Une circulaire du gouvernement découlant de la loi Sarkozy sur les immigrés fixe à 14 mètres carrés par personne le minimum exigé pour accueillir des visiteurs étrangers chez soi. Cette exigence de “logement décent” est imposée pour dissuader l’immigration. Ce texte institue de fait des conditions normales de logement, qu’il serait bon de faire respecter sur toute l’île de La Réunion !

(Page 2)

M. Sarkozy a dû bien faire travailler ses méninges pour trouver le “meilleur” moyen d’empêcher les étrangers de venir rendre visite à leur famille résidant en France. L’inspiration lui est venue le jour où il a découvert que la notion de "logement décent" allait lui apporter la solution pour bouter hors de France les visiteurs indésirables.
Une circulaire du ministère de l’Intérieur, en date du 23 novembre 2004, fixe à 14 mètres carrés par personne les conditions de confort et d’hygiène des "logements décents", conditions exigibles pour que les maires délivrent, après vérification, l’attestation d’accueil.
Le logement de la famille ou des amis qui prétendront héberger un visiteur étranger doit donc désormais avoir une surface minimum : 28 mètres carrés pour 2 personnes, 42 mètres carrés pour 3 personnes, 84 mètres carrés pour 6 personnes. Il doit d’autre part comporter certains "éléments d’équipement", dont une installation sanitaire permettant de "garantir l’intimité personnelle" (1) .
Le gouvernement se montre ainsi très attentionné quant aux conditions de vie et d’hygiène des personnes en visite en France. Mais ce qui a pu lui apparaître comme un moyen - délicat et discret - de limiter les allées et venues d’étrangers indésirables va lui retomber brutalement sur le nez... Car son concept de “logement décent” devient une arme à double tranchant.

Indécence

En effet, il ne peut y avoir deux poids et deux mesures. Les "conditions normales d’hébergement" fixées par la circulaire du 23 novembre 2004 constituent a minima les conditions normales de logement sur le territoire de la République, dont l’État se doit de se porter garant.
Quand on songe qu’à La Réunion 10% des logements (soit près de 25.000 logements) sont classés “logements insalubres”, on mesure l’étendue de la tâche qui attend en urgence le gouvernement pour sortir les Réunionnais de conditions d’habitat manifestement non "décentes".
Quand on y ajoute les dizaines de milliers de familles qui vivent dans des logements suroccupés - avec nettement moins de 14 mètres carrés par personne ! -, où la promiscuité empoisonne la vie, on s’étonne que le gouvernement ne fasse pas preuve à leur égard de la même sollicitude que celle qu’il vient de manifester à l’égard des visiteurs étrangers hébergés provisoirement en France.
Pour ces derniers, il s’agit d’un séjour de quelques mois, voire de quelques semaines, tandis que pour les familles réunionnaises, c’est toute l’année, du 1er janvier au 31 décembre, qu’elles subissent ces conditions “anormales”.
Cette histoire de "logements décents" nage en fait dans l’indécence, parce que derrière le masque de l’humanisme, on observe la ruse de gouvernants cyniques.

Alain Dreneau

(1) Voir “Témoignages” du mercredi 12 janvier 2005.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus