Assemblée générale de la SICA-Habitat Réunion

Logement : les coûts ne cessent d’augmenter

21 juin 2008, par Manuel Marchal

La dernière assemblée générale de la SICA-Habitat Réunion, mercredi, a permis de mettre à nouveau le doigt sur les facteurs structurels de la crise du logement à La Réunion : faible capacité contributive des familles, coût du foncier, coût de l’aménagement foncier, coût de la construction et retard dans le versement des subventions.

25.000 euros pour aménager une parcelle, 671.000 euros pour un lotissement : ces quelques chiffres sont une illustration du coût de la construction à La Réunion. A cela s’ajoutent le prix du foncier, et celui de la construction marqué par la hausse des matières premières. Chacun peut avoir une idée du prix à payer pour produire un logement.
Ces données de la SICA-Habitat Réunion rejoignent un constat commun : la difficulté à résoudre la crise du logement.
C’est une tendance structurelle. La hausse du coût de l’aménagement est notamment due à des mises en chantier sur des parcelles plus pentues et exiguës. A la hausse des coûts de la construction s’ajoute celle des taux d’intérêts pour les prêts. Directeur général de la SICA-Habitat Réunion, Jismy Souprayenmestri précise que cette situation amène à rechercher d’autres financeurs que les partenaires traditionnels qui sont l’Etat, le Conseil général, la Région, l’ADI et le TCO. La SICA a donc sollicité notamment les CCAS ou des associations caritatives comme la Fondation Abbé Pierre. Cette multiplication du nombre des financeurs alourdit le traitement des dossiers, et allonge les délais de réalisation. Or, un dossier LBU met entre 12 à 18 mois à être traité, et 5 à 8 mois de délai sont nécessaires pour le Département.

Des critères de financement à revoir

Dans le domaine du financement, la SICA manque de visibilité. Les actions sont en effet essentiellement financées par l’Etat via la LBU pour la construction sociale (65% du volume financier des activités) et le Conseil général pour l’amélioration de l’habitat (21%). Or, les paramètres actuels de la LBU ne permettent pas de faire face à la hausse du coût du foncier, de l’aménagement et de la construction. « Il faudrait que l’Etat revoie ses critères », précise le directeur général de la SICA-Habitat Réunion. Mais Jismy Souprayenmestri indique qu’il faut tenir compte du fait que l’Etat rencontre des difficultés budgétaires, ce qui est aussi le cas des collectivités locales. En témoigne un montant important de subventions impayées par l’Etat tout au long de l’année 2007 : entre 805.513 euros et 1,73 million d’euros, avec une moyenne mensuelle de 1,5 million d’euros. Le Département doit aussi de l’argent à la SICA, et c’est une situation nouvelle, souligne Jismy Souprayenmestri : au 31 décembre dernier, l’ardoise s’élevait à 458.357 euros.
Pour faire face à ces retards de trésorerie, la SICA a dû ouvrir une ligne de crédit auprès du Crédit Agricole pour payer les artisans, précise le directeur général.
En résumé : « une capacité de financement stable alors que les prix augmentent, la subvention qui évolue peu et un taux d’intérêt en hausse », indique le rapport d’activité de la SICA-Habitat Réunion.

Promouvoir des solutions innovantes

Cette tension sur les financements et la hausse des coûts des chantiers se heurtent à la capacité contributive des familles. Jismy Souprayenmestri explique que l’endettement des familles explique en partie la baisse du nombre de dossiers ouverts pour bénéficier des services de la SICA, et des subventions de l’Etat et/ou des autres partenaires locaux.
Hausse des prix, stagnation des subventions, manque de visibilité et manque de revenus des familles : ces différents facteurs se conjuguent donc pour amplifier la crise du logement à La Réunion.
Cela pose tout le problème du système de production actuel qui, manifestement, n’a pas réussi à régler le problème. Au moment où les contraintes s’amplifient, il est urgent de proposer des modes de production innovants, partant de la réalité réunionnaise pour apporter une réponse réunionnaise à la crise du logement.
Le Parti Communiste Réunionnais (PCR) propose par exemple l’encadrement à grande échelle de l’auto-construction informelle (4.000 logements par an sortent de terre sans aucune subvention). C’est également la recherche de nouveaux matériaux, et d’un nouveau mode de production de logement pour faire baisser les prix au plus bas, afin que le prix d’un logement corresponde aux capacités financières d’une famille vivant dans un pays où 40% de la population est sous le seuil de pauvreté.

Manuel Marchal


Loi-programme : Propositions de la SICA-Habitat rural

L’assemblée générale de la SICA-Habitat a adopté à l’unanimité le rapport d’activité 2007, qui contient les propositions de la SICA pour la loi-programme pour l’Outre-mer. Ces propositions ont été lues en séance par Jismy Souprayenmestri, nous les reproduisons ci-après.

« Exiger des aménagements de la loi-programme (Titre II Relance de la politique du logement) en intégrant :

- une révision des critères : “60% de réduction d’impôt rétrocédé à l’organisme locataire”, et “la réduction d’impôt est de 50% du montant H.T... dans la limite des 1.200 euros/m2 de surface habitable”, pour rendre attractif le produit de défiscalisation. Ici, la défiscalisation n’est que de 20% avec un plafond bas.

- un volet sur l’accession et l’amélioration de l’habitat.

- un volet pour le public à revenu intermédiaire.

- une "étanchéité" entre la ligne LBU et la défiscalisation pour éviter une baisse des crédits LBU.

- un délai suffisant de transition entre la Loi Programme et la Loi Girardin, afin que le BTP, qui emploie 6.000 salariés dans la défiscalisation, puisse rechercher d’autres marchés ».


Adapter les textes à la situation actuelle

Outre la modification de la loi-programme, la SICA-Habitat demande également « des engagements LBU à la hauteur des besoins, soit un minimum de 110 millions d’euros pour les années à venir », « la révision des textes pour les adapter aux situations actuelles vis-à-vis de l’aménagement du foncier et de la hausse des prix (LBU, FRAFU...) ».
La SICA veut également maintenir son « volume d’intervention avec les financements de l’Etat, soit 300 dossiers. Ces interventions, qui représentent 60% de notre activité, contribuent au développement économique, au maintien de l’activité dans le secteur du Bâtiment, et plus particulièrement de l’artisanat », « maintenir un volume de 500 interventions en amélioration de l’habitat financées par le Conseil général pour répondre plus rapidement à la demande des familles et équilibrer la ventilation de nos produits ».
Par ailleurs, la SICA-Habitat compte développer son activité "étude".


657 chantiers sociaux réceptionnés en 2007

Employant 40 salariés, la SICA-Habitat Réunion a réceptionné l’an dernier un total de 668 chantiers (dont 657 relevant du social) contre 466 l’année précédente. Les deux principaux financeurs ont été le Département (50%) et l’Etat (37%). 752 dossiers ont été financés l’an dernier, soit une hausse de 107 dossiers dont 45% dans la micro-région Sud.
625 dossiers de permis de construire ont été élaborés l’an dernier, un nombre en baisse qui s’explique en partie par la réforme du permis de construire. Sur 546 chantiers lancés l’an dernier, pour un montant total de près de 10 millions d’euros, 105 ont concerné l’auto-construction.
La SICA a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 2,3 millions d’euros, pour un résultat net de 200.781 euros.


Le pari de l’innovation

Lors de l’assemblée générale de la SICA-Habitat Réunion, M. Clerville a présenté le parement Haclave, un procédé innovant qui permet d’améliorer le confort thermique et acoustique des logements.
Le parement Haclave raccourcit de 40% la durée d’un chantier, il permet de construire moins cher et est un matériau typiquement réunionnais, élaboré à partir de la scorie.
M. Clerville explique qu’à La Réunion, le gros œuvre représente 70% du coût d’un chantier contre 36% en France. Ce nouveau matériau contribue donc à diminuer le coût du gros œuvre.
La SICA-Habitat Réunion est partenaire d’une expérimentation à laquelle est associée l’IUT de Saint-Pierre pour la construction d’une maison témoin.


Contribuer à l’autonomie énergétique

Guy Jarnac, vice-président de la SICA-Habitat et par ailleurs vice-président de la Région, a souligné l’importance de s’inscrire dans la lutte pour l’autonomie énergétique dans la construction. Il est donc important de penser à intégrer le mieux possible la production d’énergie photovoltaïque et la maîtrise de l’énergie dans les nouveaux chantiers.
Jismy Souprayenmestri précise que la SICA a l’intention d’embaucher cette année un conseiller énergie « pour intégrer dès la conception la notion d’économie d’énergie ».


Daniel Huet, nouveau président de la SICA-Habitat Réunion

L’assemblée générale de la SICA accueillait son nouveau président, il s’agit de Daniel Huet, conseiller général de Saint-Benoît, élu à la tête de la SICA lors du Conseil d’administration du 23 mai dernier.
Rendant hommage à son prédécesseur, Gino Ponin-Ballom, Daniel Huet a tenu à remercier « l’ensemble du personnel et des partenaires qui travaillent ardemment chaque année à l’amélioration des conditions de vie des Réunionnais les plus démunis ».

LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer

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