Aucun secteur épargné par les effets de la crise économique

Logement social en première ligne

21 mai 2016, par Manuel Marchal

À La Réunion, personne n’est épargné par la crise. Illustration dans le logement social avec la hausse de la dette des locataires de la SHLMR. En 4 ans, la moyenne des impayés par famille a quasiment doublé.

Dans une résidence SHLMR à Saint-Denis lors d’une visite ministérielle.

Depuis de nombreuses années, le chômage ne cesse d’augmenter à La Réunion. Chaque perte d’emploi constitue un accident de la vie. Elle se traduit par une baisse brutale des revenus, alors que les dépenses restent les mêmes. La Commission de surrendettement a ainsi noté une hausse des dossiers déposés. Cette crise a des effets dans le logement social. Sa vocation amène ce secteur à accueillir des personnes ayant des revenus modestes, il est donc particulièrement sensible à la conjoncture sociale de La Réunion, qualifié de département « hors norme » dans une étude conjointe de l’INSEE et du Conseil général qui date déjà de 2013. Depuis lors, le chômage n’a cessé d’augmenter. La proportion de Réunionnais vivant en dessous du seuil de pauvreté reste toujours proche de 50 %.

À la SHLMR, la dégradation de la situation économique se fait notamment ressentir dans l’évolution de la dette moyenne par locataire. Elle a quasiment doublé en 4 ans, passant de 85 à 157 euros alors que les loyers sont loin d’avoir augmenté dans de même proportion. Cette tendance continue de s’accentuer. La dette totale des locataires était de 3,6 millions d’euros en 2014, 4 millions d’euros fin 2015 et à fin avril 2016, elle s’élevait à 4,6 millions d’euros, précise Anne Séry, secrétaire générale de la SHLMR. Chez ce bailleur social, des familles doivent faire face à une dette supérieure à 15.000 euros.

20102011201220132014
142542 153260 162480 169020 180130

Evolution du nombre de personnes inscrites à Pôle emploi

20102011201220132014
85,17 euros 88,41 euros 106,02 euros 146,67 euros 156,94 euros

Evolution de la dette moyenne par locataire

Développement de l’action sociale

Anne Séry rappelle également que face à l’aggravation de la situation, la SHLMR a créé en 2012 une direction de l’action sociale. Elle comprend notamment un service de conseillers sociaux afin de traiter le plus tôt possible les situations d’impayés.

Face aux difficultés de locataires, la SHLMR peut mettre en place des plans d’apurement, des échéanciers qui peuvent aller au-delà de la durée légale de 36 mois. Elle peut aussi proposer à son actionnaire SOLENDI un effacement de la dette. La SHLMR dispose pour cela d’une enveloppe annuelle de 200.000 euros.

Ces dispositifs sont complétés par le Fonds social logement, en lien avec le Département. Ce fonds est mobilisé en particulier lorsqu’un locataire subit un accident de la vie qui peut être notamment une perte d’emploi ou une séparation de conjoints. Le FSL peut permettre le maintien dans le logement ou proposer un déménagement vers un autre où le loyer est moins élevé. Il apporte également un soutien au locataire pour le paiement de sa dette. Mais ce dispositif ne peut s’enclencher qu’à partir du moment où la personne concernée arrive à régler son loyer pendant trois mois consécutif. Toute interruption durant cette période remet donc en cause le bénéfice de cette mesure.

43 expulsions en deux ans

Malgré ces dispositions, plusieurs familles se retrouvent chaque année dans l’impasse et subissent une expulsion. La SHLMR gère environ 23.000 logements. En 2014, 24 locataires ont été expulsés, et 19 en 2015. Ces drames se produisent au bout d’une procédure comprise entre deux et trois ans, ils actent l’échec de toute une série de démarches qui n’ont pas réussi à maintenir la famille dans son logement.

La réalité sociale de La Réunion contredit les indicateurs économiques les plus optimistes. Là où ces derniers parlent de reprise, force est de constater que le nombre de demandeurs d’emploi ne cesse d’augmenter. Les perspectives d’une relance suffisante de l’économie suffisante pour changer véritablement la donne sont bien éloignées. La crise est loin d’être finie, avec un impact sur la situation des locataires du parc social.

M.M.

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