CGTR-BTP et logement social

« Nou sa va vèr in nouvo Sodron »

10 juillet 2007

Jacky Balmine, responsable de la CGTR-BTP, et Raymond Payet, délégué syndical, tenaient hier une conférence de presse pour inviter le nouveau gouvernement, les députés et sénateurs réunionnais ainsi que les collectivités à tout mettre en œuvre pour répondre à la demande locale de logements sociaux et intermédiaires. C’est l’inquiétude qui les fait parler.

Jacky Balmine, responsable de la CGTR-BTP.
Raymond Payet, délégué syndical.
(photos S.L.)

N’en déplaise, Jacky Balmine ne connaît pas la langue de bois. Syndiqué du Bâtiment, militant de terrain, il défend la cause des ouvriers sans se désintéresser des sujets qui tourmentent notre île, comme la pénurie de logements sociaux. Il s’exprime en son nom, sur fond de coup de gueule, car il est inquiet.

« On est loin du compte »

« Depuis plus d’une dizaine d’années, la situation est critique dans la construction de logements sociaux », constate Jacky Balmine. Notes en main, il dresse à nouveau le constat bien connu : l’insuffisance de constructions, les retards accumulés, les 25.000 demandes toujours en attente, le parc de 250.000 logements insalubres, les bidonvilles qui se multiplient... « La programmation de 5.000 logements neufs par an n’a jamais été respectée par l’Etat, souligne-t-il. Pour arriver en 2020 à la construction de 175.000 logements comme le préconise l’INSEE, il faudrait construire 13.400 logements par an. La revendication de la CGTR qui demande depuis plusieurs années de construire 10.000 logements par an est donc bien fondée. Entre la CGTR et l’INSEE, le constat est le même ».
Il souligne également que la loi SRU qui impose aux communes de construire au moins 20% de logements sociaux par an n’est pas respectée, déplorant que certains maires préfèrent s’acquitter de l’amende plutôt que de mettre en route des projets. « Le maire de Saint-Denis vient de signer avec l’Etat la construction de 2.400 logements sociaux sur 6 an, avec l’air satisfait, l’impression d’avoir fait quelque chose de grand, souligne le syndicaliste. C’est bien, c’est un pas, mais ça ne correspond qu’à 400 logements par an. On est donc loin du compte ». Sans prendre position sur le débat relatif à l’insuffisance du budget LBU, à la volonté des bailleurs sociaux de bénéficier d’une meilleure évaluation des coûts de construction et d’un plan de programmation pluriannuel sur le modèle de financement qui prévaut en Métropole avec le Plan Borloo, Jacky Balmine soutient : « J’aimerais que nos élus s’investissent davantage, montent au créneau pour obtenir plus que 2.400 logements sur 6 ans. C’est le privé qui construit le plus et la Mairie prend 20% dedans, et ça suffit. Il y a des programmes, mais on ne va pas au bout. La LBU n’est pas dépensée et retourne en Métropole : y’a un soucis ! ». Que préconise-t-il alors ?

« Arrêter de faire semblant »

Pour Raymond Payet, il faut déjà que les maires cessent avec ce discours méprisant qui consiste à refuser la construction de logements sociaux dans leur commune sous couvert d’augmentation de la délinquance. « Il faut que tout le monde fasse son travail, estime-t-il. Même si les coûts sont trop élevés, il faut déjà puiser dans la LBU plutôt que ces financements retournent en Métropole. Si le privé trouve du terrain, comment se fait-il que l’EPFR n’en trouve pas ? Tôt ou tard, le logement privé va s’arrêter et on devra aller obligatoirement vers les immeubles. Tous les éléments sont réunis pour pouvoir construire, mais il y a un manque de volonté. Il faut se mettre autour d’une table et arrêter de faire semblant. Le sujet est trop important pour en parler seulement au moment des élections ». Selon les deux syndicalistes, le gouvernement doit intégrer dans son programme de construction à l’échelle nationale « les besoins criants de notre île ». Localement, l’étude des PLU (Plan Local d’Urbanisme) doit être l’occasion de déclasser des terrains constructibles, alors que conformément aux orientations SAR (Schéma d’Aménagement Régional), il faut travailler à la mise en place des bourgs ruraux pour la construction des logements sociaux mais aussi intermédiaires à mi-hauteur.
Ils n’ont pas de solution miracle, mais refusent la résignation sur ce sujet. Au fil de la conversation, on comprend rapidement que plus que des syndicalistes qui s’expriment, ce sont avant tout des Réunionnais inquiets pour l’avenir de leur pays. Des Réunionnais qui refusent la ghettoïsation, la constitution de quartiers résidentiels excluant les plus démunis. Des Réunionnais qui dénoncent les inégalités. « Il faut créer un lien, c’est une grosse erreur de séparer les gens », défend Jacky Balimine qui prône le principe de mixité sociale. « Nou sava vèr in nouvo Sodron, moin lé inkié, confie-t-il. Nou pé bouz lé soz ansanm pou i sa otroman ».

Stéphanie Longeras


An plis ke sa

La FRBTP s’est trompée

Dans le BTP, la NAO de cette année a finalement abouti à une augmentation salariale de +3,25% signée en premier lieu avec la Capeb. Par recommandation, la FRBTP avait convenu d’un versement de +2,95% au 1er juin 2007, puis de +0,30% en octobre. Finalement, le versement de la seconde tranche aurait été différé par le patronat en novembre. « C’est une erreur », veut croire Jacky Balmine qui souligne que l’Intersyndicale du BTP va se réunir pour discuter de ce point. « Nous avons confiance, la FRBTP va reconnaître, sans polémiquer, que c’était pour octobre et pas novembre ».

Heures supplémentaires : « La porte ouverte au travail au noir »

Pour Jacky Balmine, la possibilité offerte par le nouveau gouvernement de faire travailler les salariés en heures supplémentaires sans que le patronat ne paie de cotisations est la porte ouverte à tous les débordements. « Déjà, des entreprises parlent de verser des primes en heures supplémentaires », constate-t-il. « Pour un salaire de 1.500 euros, je te donne 1.000 euros en salaire et 500 euros en heures supplémentaires », augure le syndicaliste qui, par cet exemple, souligne les possibles arrangements entre patronat et salarié qui seront forcément toujours au désavantage de l’employé. « C’est une catastrophe pour l’emploi, la porte ouverte au travail au noir, et ce n’est pas avec ce système que le trou de Sécu dont on nous rabat les oreilles va s’arranger, et c’est nous qui allons payer pour ça ! », soutient le responsable de la CGTR-BTP. « Déjà que l’on a du mal aux Prud’hommes pour faire respecter la convention collective du BTP ! ».

SL


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