Blocage de l’opération RHI

Risque d’expulsion pour une mère de famille

11 mars 2005

(page 7)

"Aujourd’hui, Mme Lauret risque l’expulsion et c’est inadmissible... pour elle. Non seulement elle bloque l’opération en cours, mais elle va en être elle-même la victime, pour avoir été manipulée par un opposant de mauvaise foi qui, lui, ne vit pas dans un L.E.S". C’est en substance les propos du maire de La Possession, exprimant "la pitié" que lui inspire le cas d’une mère de famille qui refuse depuis 2002 toutes les propositions de la SEMADER, chargée depuis septembre 2000 de la RHI “Tamarin Sarda” à La Possession.
Cette opération, après celles de “Terrain de Sel” (150 familles) et “Titoulit” (60 familles) concerne 76 familles dont certaines vont accéder à la propriété de leur case lorsqu’elle n’a pas été déclarée insalubre ; d’autres, après un passage en logement de transit, se sont vu attribuer un L.E.S - c’est le cas de Mme Lauret - en accession à la propriété ; d’autres encore attendent un L.L.S. Mais depuis quelques mois, le chantier est bloqué par le refus d’une seule personne de quitter une case qui doit être détruite pour laisser place à trois logements locatifs sociaux - dont un est destiné au fils de Mme Lauret, soulignent les maîtres d’œuvre et exécutants.
Des L.E.S doivent être construits dans le second semestre 2005 - dont le F5 attribué depuis 2002 à Mme Lauret par la Commission d’éligibilité au Logement évolutif social. Pour des raisons que personne ne peut raisonnablement exposer, malgré le dialogue entretenu par la SEMADER dans le suivi de l’opération, une femme a décidé de se rétracter et, depuis trois ans, multiplie les actes d’hostilité. "Jusqu’en 2002, elle était d’accord", observe Nicolas Jousset, de la SEMADER, habitué aux longues négociations qui caractérisent les opérations de ce type. Toutes les familles se sont vues remettre un bail provisoire, pour le terrain communal qu’elles occupaient auparavant sans titre. Mme Lauret comme les autres a accepté les offres faites pour son futur logement. "Elle a même demandé une avance de 500 euros, sur les 12.000 qui lui sont dus pour la démolition de sa case, pour faire face à des difficultés financières passagères", poursuit M. Jousset.

"Il est évident qu’elle partira"

Depuis cette date, la “plaignante” - qui vit du RMI et des allocations familiales d’après le service social de la SEMADER -, a avancé des sommes importantes dans le blocage de l’opération qui doit la reloger, elle et les autres familles. En novembre 2004, elle s’est acquittée d’un coup des 2.600 euros dus au titre du bail, parce qu’on lui avait soufflé d’en faire un argument juridique contre la mairie. Elle a aussi payé une avocate de Saint-Denis. Et elle vient d’entreprendre des travaux de clôture, sur un emplacement qui doit être rasé !
Si un premier recours de la mairie a été écarté par le juge administratif au motif que les terrains sont passés à la SEMADER, ce dernier organisme n’aura bientôt plus d’autre choix que de faire à son tour un recours, en référé. Sauf si Mme Lauret, dont les déclarations à la presse sont un aveu de l’impasse où elle a été mise, accepte de partir d’elle-même. "La porte reste ouverte", disait hier le représentant de la SEMADER. Cette société paie depuis deux ans le loyer du logement de transit destiné à la famille Lauret - un logement laissé vacant. Le constructeur, obligé d’arrêter les travaux, réclame des indemnités conséquentes.
Devant l’impasse dans laquelle "un opposant irresponsable" a poussé une femme sans grande ressource, le maire de La Possession ne trouvait plus les mots pour dire sa pitié. "Il est évident qu’elle partira", a-t-il dit, en souhaitant qu’elle ne s’obstine pas dans la voie qui ne pourrait déboucher que sur un arrêté d’expulsion. Hier, personne ne voulait envisager ce cas extrême, qui reste malgré tout, au vu de la situation actuelle et de la déraison accumulée, l’issue la plus probable.

P. David


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