Dans 4 jours, la plus grande manifestation de l’année à La Réunion

Salon de la Maison en pleine crise du logement

25 avril 2016, par Manuel Marchal

En fin de semaine se tiendra la plus grande manifestation de l’année à La Réunion, le Salon de la Maison. Pendant 10 jours, ce sera l’exposition de rêves de consommation inaccessibles pour la majorité des Réunionnais.

Depuis plusieurs années, le Salon de la Maison est considéré comme la plus grande manifestation à La Réunion. Il se tiendra cette année du 29 avril au 8 mai. Pendant 10 jours, les constructeurs et les banquiers seront regroupés au Parc des expositions de Saint-Denis. Ce sera sans doute le moment choisi pour évaluer la vigueur de la reprise économique annoncée dans les statistiques.

Pour le secteur de la construction, le Salon de la Maison revêt une importance particulière. Elle permet de séduire la clientèle du secteur privé. En effet, plus de 80 % de l’activité du BTP dépend de la commande publique. Or les collectivités subissent de plein fouet la crise. L’État réduit ses dotations alors que les mairies, le Conseil départemental et le Conseil régional ont accepté de développer les contrats aidés co-financés par l’État pour limiter la hausse du chômage. Face à cette situation, quasiment toutes les communes ont annoncé une hausse des impôts. Les investissements vont pâtir de la politique d’austérité, ce qui aura un impact sur le BTP. Le Salon de la Maison est donc le moyen de chercher à compenser cette baisse prévisible de la commande publique.

Cette manifestation montrera aussi que dans notre île, un grand nombre de personnes a en effet un pouvoir d’achat suffisant pour envisager d’acquérir un bien de plusieurs centaines de milliers d’euros destiné à loger une famille. Les commentaires mettront en évidence le nombre de visiteurs, ainsi que les profits réalisés par les exposants. Ils montreront aussi des familles qui penseront avoir réalisé leur rêve. 7 ans après le début d’une crise financière mondiale, tout est mis en œuvre pour relancer la consommation. En témoigne la chute des taux d’intérêts qui favorise l’endettement et donc l’achat de biens coûteux.

Exclusion d’une majorité invisible

Toutes ces images qui envahiront les médias ne concerneront qu’une minorité de la population. Car près de la moitié des Réunionnais vivent en dessous du seuil de pauvreté, et leurs préoccupations sont différentes. Voici deux semaines, elles s’étaient exprimées à Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne à la suite des changements sans concertation décidés pour le réseau de bus de la CINOR. Cela fut un des rares moments où cette majorité invisible a été présente dans les médias en dehors des pages des faits divers.

Ces Réunionnais sont particulièrement touchés par la crise du logement. Malgré toutes les aides publiques, il manque constamment au moins 20.000 logements sociaux. Dans ce secteur, les prévisions sont très pessimistes. Les programmes de construction sont en effet bien loin de répondre aux besoins, et le décalage grandit tous les ans.

70 ans après l’abolition du statut colonial, des dizaines de milliers de familles continuent de vivre dans un habitat insalubre. Elles verront alors pendant plusieurs jours à la télévision et dans les publicités s’étaler un rêve inaccessible, car la société réunionnaise est coupée en deux par les inégalités.

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