Réunion du Conseil départemental de l’habitat (CDH)

Un logement ! Un logement !

15 décembre 2004

Le logement est en crise à La Réunion et il incombe aux élus locaux et surtout à l’État d’y apporter solution. Un ménage réunionnais sur huit a déposé une demande de logement auprès des bailleurs sociaux fin 2003, soit plus de 25.200 personnes.

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"Vous connaissez tous la situation de crise de l’offre sociale du logement qui pénalise dans leur vie de tous les jours nos concitoyens et en particulier les plus modestes d’entre eux", indiquait le vice-président du Conseil général Ibrahim Dindar, à l’occasion de la réunion hier du Conseil départemental de l’habitat.
Le dynamisme démographique est tel que notre île comptabilise déjà 56.000 habitants de plus qu’au recensement de 1999. L’habitat insalubre n’est toujours pas résorbé. 20.000 logements sont encore précaires ou dépourvus de tout confort. Si en 2003, la régulation budgétaire n’était pas effective pour La Réunion, le contexte était moins favorable au financement de logements sociaux au cours de l’année 2004. Résultats ? Cela nous coûte moins de logements sociaux pour les Réunionnais et surtout, le différé "de quelques mois" pour quelques opérations.
Michel le Bloas, directeur de la DDE, Jacques Thibier, directeur de l’Association régionale des maîtres d’ouvrages sociaux (ARMOS) et Ibrahim Dindar se veulent pour autant "rassurés". Les résultats sont en baisse, mais ces derniers se montrent assurés de la bonne tenue du travail effectué en faveur du logement social à La Réunion. "Globalement, cependant, les moyens financiers consacrés au logement social restent très importants et sans commune mesure avec les moyens affectés aux régions métropolitaines (30 millions d’euros en Aquitaine, 40 millions en PACA)", indique Michel le Bloas.
Ces régions métropolitaines souffrent-elles des mêmes carences que notre pays ? 137 millions d’euros ont en tout été mobilisés pour la réalisation de 3.141 logements sociaux et pour rendre la Résorption de l’habitat insalubre (RHI) “définitive”. Dans le logement social, l’objectif annoncé des 6.000 annuels est loin d’être atteint, dire qu’il faudrait construire 9.000 logements sociaux par an pour répondre aux besoins de la population réunionnaise, en tenant compte de la poussée démographique sur notre île.

Merci le retard

La rareté et la cherté du foncier ralentissent le rythme de construction des logements sociaux à La Réunion. Les difficultés sont bien réelles. La disponibilité foncière reste limitée par la géographie physique réunionnaise, la préservation de terrains agricoles et des espaces naturels.
L’aménagement ne parvient pas à anticiper sur le rythme élevé de constructions produit par la ligne budgétaire unique et la défiscalisation. L’assainissement reste un entier problème. La production de terrains équipés est le maillon faible du système de production des logements. Plus de 50% des opérations de logements sont en effet dépendantes des opérations d’aménagement. Par ailleurs, une augmentation forte des coûts en 2003 et 2004, due à la “surchauffe” du secteur du BTP, a entraîné de nombreux appels d’offres infructueux pour le logement social, dépassant de plus de 30% le prix escompté.

Le prêt locatif social

Le Conseil général espère résoudre ces carences et contraintes financières, au travers de son plan départemental de cohésion sociale, qui entend répondre à la pénurie de terrains équipés que connaît l’île et rattraper le retard de l’hébergement d’urgence par rapport à un département de taille équivalente en France.
De leur côté, les bailleurs sociaux ont engagé des études sur le devenir de leur parc, avec les plans stratégiques de patrimoine, permettant de conclure avec l’État des contrats d’objectifs pour les trois ans à venir, visant à la création d’une convention globale du parc social et des délégations de compétences prévues par la loi de décentralisation.
Les communautés d’agglomération joueront prochainement un rôle prépondérant dans le domaine de l’habitat et du logement. Des avancées sont en voie d’être acquises avec le prêt locatif social (PLS), dont l’ouverture aux opérateurs sociaux et aux promoteurs privés dans les DOM est attendue pour début 2005.

Que viennent-ils faire ?

Les ministres Jean-Louis Borloo et Marc-Philippe Daubresse, respectivement ministre de la Cohésion sociale et ministre délégué au Logement découvriront prochainement de visu la situation catastrophique du logement à La Réunion. À moins qu’ils ne soient trop pris par leurs agendas protocolaires et les petits buffets de cette charmante petite île “exotique”.
Le bilan n’est pas brillant. Il sera difficile de nous faire encore avaler la couleuvre. Cette réunion du Conseil départemental de l’habitat a eu le mérite de montrer clairement les carences de la politique “départementale” du logement. Il faut dire que la décision gouvernementale de geler les crédits de la ligne budgétaire unique et les retards de Paris dans les versements des crédits de paiement contribuent à aggraver la crise. Nous ne connaissons pas encore les réponses apportées par les deux ministres.

Bbj


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