Initiative du Réseau Entraide Solidarité

Un recensement des S.D.F. pour toute l’île

30 août 2005

Le Réseau Entraide Solidarité basé à La Possession entreprend un recensement des SDF de toute l’île, afin de pouvoir mieux leur venir en aide. Cette opération ambitieuse permettra de faire une recherche sur leur état civil et de leur chercher un logement.

Connaître le nombre de personnes qui vivent dans une situation précaire, leurs communes de résidence, c’est le premier pas pour leur venir en aide.
L’ONG sollicite la contribution des associations de proximité et la collaboration des services municipaux pour rechercher et identifier la population-cible. Une partie de ces personnes sans domicile fixe sont prêtes à se "caser" au sens propre du terme, mais tout le monde connaît le déficit criant de logements sociaux dans le département.
C’est le cas de Michel, 55 ans, qui vit sous un arbre dans la zone industrielle du Port. Laurent Lambert du Réseau entraide solidarité passe régulièrement prendre de ses nouvelles et lui apporter le minimum de l’hygiène, savon, rasoir et des denrées alimentaires. Il fait surtout des démarches avec l’aide des services sociaux de la commune du Port, pour régulariser sa situation auprès des services de l’état civil. Jusqu’ici, il ne peut bénéficier du Revenu minimal d’insertion car il n’a pas d’adresse postale, pas de carte d’identité, et pas de déclaration d’impôts.

Rechercher les familles

Ils sont nombreux à être dans cette situation, d’où l’importance qu’attache Lambert pour ce recensement. Des familles ayant cherché en vain des parents, ont fini par les considérer comme décédés. Ce sera un travail de fourmi car il faudra souvent faire des recherches généalogiques, recouper des informations pour trouver les noms de famille, les dates et lieux de naissance.
Les sept volontaires de l’association basée à La Possession ne peuvent venir seuls à bout de ce chantier. C’est la raison pour laquelle ils lancent un appel à l’aide de la part de toutes les bonnes volontés. Ce sera un travail de proximité dans les communes et les quartiers pour collecter des renseignements et prendre des photos des personnes en situation précaire.
Pour Laurent Lambert, le problème crucial à ses yeux c’est le logement. La plupart des gens qui sont dans la rue sont prêts à payer un loyer avec le faible revenu et les aides. Mais voilà, la faiblesse des logements sociaux à La Réunion et particulièrement à La Possession fait de ces citoyens des SDF. Les foyers d’accueil avec un accès réglementé auraient pu être une solution, car les nécessiteux pourraient trouver un refuge et même un panier moyennant une participation, comme c’est le cas pour certaines personnes âgées. Un accompagnement est nécessaire pour des gens qui sont restés longtemps en marge de la société.
Pour le président de l’ONG Réseau Entraide Solidarité, le social se fait dans la rue et non dans les bureaux : "lorsqu’un nécessiteux leur demande une aide, on lui demande d’apporter plein de papiers qu’il ne peut fournir. Au mieux, on lui dit que son dossier va passer en commission alors que c’est un problème immédiat". Il ajoute : "Dans notre association, on ne demande jamais de papiers, on aide celui qui nous sollicite selon nos possibilités".
Il dit être, bien sûr, vigilant pour éviter les abus, mais il estime que c’est pratiquement inexistant : "L’homme est orgueilleux ; s’il se résout à tendre la main, c’est qu’il est vraiment dans le besoin".

Une misère inadmissible

Cette association, selon le responsable, ne reçoit aucune subvention institutionnelle. Ce sont les contributions des entreprises qui soutiennent son action. "Pour les cas d’urgence, comme les incendies, ce sont les membres qui cotisent 40 ou 50 euros pour aider les familles en attendant que nous mobilisions l’opinion".
Pour cet humanitaire qui est sur le terrain, il est inadmissible que des poches de misère puissent exister encore à La Réunion alors qu’il y a les moyens de lutte. Il se refuse aussi à culpabiliser ces SDF car pour lui, ils ne sont pas tous des alcooliques. Certains s’y sont laissé tombé après comme un refuge. Il y a par exemple une trentaine de métropolitains qui sont venus à La Réunion et par diverses circonstances se retrouvent démunis. "Nous les soutenons au quotidien et faisons avec eux les démarches pour qu’ils puissent se faire rapatrier".
La lutte contre la précarité doit se faire au quotidien et pas seulement pendant les grandes catastrophes.

M. Aliloifa


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