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par le Dr Raymond Vergès

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Un révélateur de la pauvreté

Observatoire des loyers privés à La Réunion

mardi 12 septembre 2006


Cette étude est une pièce à verser au futur Observatoire des prix et des revenus dont le décret de création tarde à sortir depuis 6 ans. Elle permet de se rendre compte que les revenus des Réunionnais ne sont pas suffisants et qu’il est essentiel de construire massivement des logements sociaux.


Publié vendredi, l’Observatoire des loyers privés de La Réunion n’est pas seulement un outil destiné aux décideurs des politiques d’aménagement du territoire, aux professionnels du logement ou aux investisseurs potentiels et actuels dans l’immobilier. Il est aussi un moyen de connaître quel peut être le poids de la "charge logement" des Réunionnais.
Selon l’Observatoire, le parc privé représente plus de la moitié des logements disponibles pour les familles qui ne sont pas propriétaires. Mais qui peut habiter dans ses 53.000 logements ?
Les données utilisées par l’Observatoire des loyers proviennent de 4 sources. La première sont les déclarations faites par les allocataires de la Caisse d’allocations familiales, ce qui représente un peu plus de 29.000 allocataires, soit plus de la moitié du parc privé. Considérant que les familles ayant droit à l’allocation logement vivent dans les loyers les moins onéreux, l’Observatoire estime que ces montants déclarés sont la fourchette basse.
En se limitant à cette estimation basse, il ressort que pour un appartement type T1, c’est-à-dire une pièce avec cuisine, salle de bains et WC, il faut tout de même compter 330 euros dans le Nord, 400 euros dans l’Ouest, 340 euros dans l’Est et 320 euros dans le Sud. Pour un T2, compter pour le Nord 430 euros, 460 euros dans l’Ouest, 400 euros dans l’Est et 395 euros dans le Sud. Pour les familles plus nombreuses, un T5 (4 pièces + cuisine + salle de bains et WC) commence à 595 euros dans le Nord, 590 euros dans l’Ouest, 550 euros dans l’Est et 535 euros dans le Sud.

Qui loue à un érémiste ?

Si on compare ces tarifs aux revenus minimum en vigueur, le constat est clair : pour un érémiste célibataire qui souhaite se loger dans un T1, les loyers sont quasi-équivalents à l’allocation qu’il reçoit tous les mois. Il ne peut donc s’en sortir que s’il touche un complément de revenu provenant de l’allocation logement.
Dans le cas d’une famille de 3 enfants dont les 2 parents sont privés d’emploi et touchent le RMI, le revenu est de 1.082 euros.
Encore faut-il qu’un bailleur privé souhaite louer à une personne dont les revenus représentent une grande partie, voire la totalité du montant du loyer à payer.
À partir de là, sachant d’une part que l’Observatoire des loyers privés vise à être un outil fiable, et constatant d’autre part que plus de la moitié des Réunionnais est couverte par la CMU, c’est-à-dire vit sous le seuil de pauvreté, ces différents chiffres montrent 2 choses.
Ils expriment tout d’abord l’insuffisance des revenus d’une grande partie de la population.
Se pose en effet la question de comment parler de cohésion sociale quand une grande partie des Réunionnais n’a pas de revenus suffisants pour accéder à plus de la moitié des logements mis en location. Comment vivre avec un RMI, avec un demi-SMIC ou un SMIC ? La publication de l’Observatoire des loyers du privé peut être une réponse à cette question pour 53% des logements loués à La Réunion. Elle montre une "charge logement" qui pèse lourdement et qui ne peut que s’alourdir tant que les revenus minimum ne correspondent pas au coût de la vie à La Réunion.

Grave manque de logements sociaux

Ensuite, si les résultats de cette étude traduisent l’impossibilité pour des dizaines de milliers de familles d’accéder à la majorité des logements mis en location, cela veut dire que l’offre de logements sociaux, à loyer plus modéré, est insuffisante. Dans une île qui compte plus de 100.000 chômeurs, 225.000 personnes dépendant du RMI, 440.000 Réunionnais couverts par la CMU, peut-on tolérer que, selon l’Observatoire des loyers privés, le parc public soit l’offre minoritaire ? Et que chaque année, l’écart s’agrandit au détriment du social ? Le résultat, ce sont des dizaines de milliers de Réunionnais qui vivent dans des bidonvilles ou des logements suroccupés, et plus de 25.000 demandes de logements qui ne sont pas satisfaites.
L’Observatoire des prix et des loyers, ce sont des données qui sont autant d’arguments à utiliser par ceux qui luttent pour la hausse des salaires et des allocations, et pour le respect du droit des Réunionnais au logement.

M.M.


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