Amputation en 2004 des crédits de l’A.D.I. : moins 25 %

Une politique de l’habitat réduite à néant

10 avril 2004

Les temps sont durs pour les pauvres ! L’horloge des Chirac et Raffarin sonne l’heure des amputations de budgets sociaux et des restrictions de crédits de solidarité. Un exemple parmi beaucoup d’autres : les crédits 2004 de l’Agence départementale d’insertion (ADI) viennent d’être amputés de 25%. Conséquence : le volet “logement-habitat” regroupant toutes les actions de l’ADI en ce domaine, si important pourtant pour les familles les plus modestes, disparaît presque totalement du budget 2004 (1).

Les explications “techniques” ne manqueront pas, tournant autour de la disparition de la créance de proratisation, de l’existence en 2003 d’un “fonds de roulement”, enfin de l’épuisement de ce fonds à ce jour. Mais la dure réalité est là : bien loin d’aller dans le sens d’un renforcement de la “cohésion sociale”, thème affiché non sans cynisme par le gouvernement Raffarin III, l’amputation d’un quart des crédits de l’ADI va entraîner une détérioration des conditions d’existence d’un certain nombre de Réunionnais parmi les plus fragiles de notre société. Et tout particulièrement en ce qui concerne les conditions de logement, un terme qui revêt le caractère de crise aiguë qu’on connaît.

Amélioration de l’habitat : zéro pointé

L’ADI finance traditionnellement des actions d’amélioration de logements de familles attributaires du RMI. Les travaux sont confiés à deux organismes, le PACT et la SICA Habitat Rural. Ces interventions individuelles, d’un montant moyen de l’ordre de 7.500 euros, permettent de rendre habitables et décents des logements privés des conditions d’hygiène minimales ou de les agrandir pour sortir de la suroccupation. L’ADI a consacré 4 millions d’euros à cette ligne budgétaire durant l’exercice 2002. Pour l’année 2003, l’ensemble des actions initialement conventionnées a représenté un montant de quelque 6,5 millions d’euros (on ne connaît pas pour l’heure le montant exact des engagements effectifs).
Qu’en est-il pour l’année 2004 ? La réponse est simple. Zéro pointé pour les “crédits d’amélioration en actions individuelles” ! Il n’existe plus le moindre financement consacré à cette ligne budgétaire ! Les familles déjà contactées, auprès desquelles un travail de préparation a été effectué, vont ainsi connaître la lourde déception d’apprendre que leur projet est tout simplement tombé à l’eau, faute de financement. Ce n’est pas la meilleure façon de favoriser leur "insertion"... Derrière le problème du logement en effet, se cachent bien souvent les obstacles les plus pénalisants pour “remonter la pente”, que ce soit pour les parents ou pour les enfants.

Plus aucun financement de L.L.T.S.

Une autre intervention significative de l’ADI visait à favoriser le relogement de familles attributaires du RMI dans des locatifs collectifs. L’ADI apportait sa contribution financière à des opérations de construction de LLTS (Logements locatifs très sociaux) et obtenait un droit de réservation pour un certain nombre de logements à loyers moins chers que ceux des LLS (Logements locatifs sociaux). Les crédits consacrés à ces participations se sont élevés à 1,6 million d’euros en 2002. Un même montant a été programmé pour 2003. En 2004, il n’y aura plus le moindre financement pour des LLTS. La ligne budgétaire correspondante a été purement et simplement vidée de son contenu.
Que ce soit pour l’amélioration ou pour l’accès aux LLTS, l’ADI, dans un contexte de restriction de ressources, a choisi de sacrifier un domaine d’action pourtant primordial, celui du logement. Aux dépens des familles les plus en difficulté. C’est donc toute la politique de l’ADI en matière d’habitat qui a été réduite à néant.

A. D.

(1) Le budget “habitat” de l’ADI a été de 6,6 millions d’euros en 2002 (crédits effectivement engagés). En 2003, le budget prévisionnel s’élevait de quelque 9 millions d’euros. Il tombe en 2004 à 450.000 euros. Soit une diminution de... 95% !


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