Momon Papa Lé La, lé an kolèr

’Vous avez 600 logements, montrez-les et donnez les clés aux plus démunis’

23 septembre 2005

Le porte-parole de Momon Papa Lé La, Patrick Savatier, et les pensionnaires des “Pluies d’Or” à Saint-André sont mécontents des propos tenus dans le “Quotidien” d’hier par le sénateur maire de cette ville. Hier après-midi, ils l’ont fait savoir.

La lecture de l’article non signé en page 8 du “Quotidien” intitulé "Saint-André : Conseil municipal, un nouveau cadre vie" a mis l’ensemble des pensionnaires des “Pluies d’Or” et les adhérents de Momon Papa Lé La en colère, particulièrement ces passages : "Oui au logement sociaux à Saint-André, mais pas plus qu’il n’en faut. C’est le message qu’a fait passer hier Jean-Paul Virapoullé lors d’un Conseil municipal (...) Le nombre de demandes urgentes en attente n’est que de 600. Il y a de quoi les satisfaire".
Patrick Savatier s’étonne car lors de sa dernière rencontre avec le sénateur maire, "à aucun moment il n’a été question de cette capacité de satisfaire 600 demandes. Sinon nous n’aurions pas occupé les logements vacants en signe de protestation". Il s’adresse à Jean-Paul Virapoullé : "vous avez 600 logements, montrez-les et donnez les clés aux plus démunis".
Le militant pour les sans logis précise : "nous ne sommes ni à droite ni à gauche. Nous sommes ceux du trottoir d’en face". Scandalisé, il rappelle que "depuis de nombreuses années, des marchands de sommeil font la loi auprès des Mahorais à Saint-André. Or, d’après les propos cités par le “Quotidien”, Jean-Paul Virapoullé part au combat maintenant". Patrick Savatier lui demande : "pourquoi avoir attendu tant d’années pour réagir ? En plus, lors des élections, l’équipe municipale sait où trouver les Mahorais pour leur donner des bons d’essence et du riz". Leurs adresses et leurs conditions de vie n’étaient-elles donc pas connues depuis belle lurette ?

"Aucune aide du CCAS de Saint-André"

Aujourd’hui, Momon Papa Lé La interroge : "Qui sont ces marchands de sommeil et leurs complices à Saint-André ?. À quelques jours de l’arrivée des ministres Sarkozy et Baroin, tout est beau à Saint-André", constate amèrement Patrick Savatier. En réalité, "des pensionnaires des Pluies d’Or ne rencontrent aucune aide du Centre Communal d’Actions Sociales de Saint-André. Du coup, ils sont dégoûtés, découragés de toutes démarches. La ville vit dans la peur. Tout marche par copinage."
Sur le terrain, Patrick Savatier n’ose même plus accompagner son enfant à l’école tellement de gens viennent lui demander de soulager leur détresse. "Combien de générations vivent entassées dans la même case ?"
À Momon Papa Lé La et à la pension des “Pluies d’Or”, le découragement marque les visages. D’ailleurs récemment, "une femme a tenté de se suicider et un jeune garçon a été sorti d’un réseau pédophile". Comme Coluche, les pensionnaires se demandent si "la dictature, c’est ferme ta gueule et la démocratie, c’est cause toujours".

Jean-Fabrice Nativel


Margarette témoigne de méthodes d’un autre temps à Saint-André pour l’obtention d’un logement

À visage découvert, cette jeune femme dépasse sa peur pour dénoncer le drame qu’elle a vécu. "À la recherche d’un appartement à Saint-André, je rencontre une personne de la mairie qui examine tout d’abord ma situation. Peu de temps après, je revois cette personne lors d’un repas pour les démunis. J’en profite pour exposer une nouvelle l’urgence de ma demande : je vis avec mes 3 enfants dans une chambre. C’est alors l’horreur car il me propose d’aller danser avec lui en boîte de nuit. Il rajoute que cela me ferait du bien de sortir un peu en m’assurant que j’aurai alors dans la semaine non seulement un logement, mais également un travail. Évidemment, malgré ma détresse et ma peur, j’ai réussi à dire non". Cette proposition a été faite en présence de témoins.


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