Nouvelle sanction contre les chômeurs

0% d’augmentation pour les “ASSEDIC”

1er juillet 2005

Mercredi dernier, une réunion du Conseil d’administration de l’UNEDIC n’a pas débouché sur un accord. Les syndicats défendaient une hausse de l’indemnisation chômage, les organisations patronales sont contre. Résultat, pas d’augmentation des allocations dues aux chômeurs aujourd’hui. Conséquence : une double sanction pour ceux qui sont non seulement privés d’emplois, mais qui voient en plus leur pouvoir d’achat diminuer.

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Le Conseil d’administration de l’UNEDIC (*) regroupe à parts égales les représentants des syndicats et des organisations patronales. Mercredi, il s’est réuni pour décider d’une revalorisation des allocations dues aux chômeurs indemnisés. Toutes les organisations syndicales sont pour une augmentation, les représentants des patrons sont contre. Pas d’accord ; donc pas de hausse des allocations aujourd’hui. Les chômeurs indemnisés par l’UNEDIC vont donc à nouveau subir une perte de leur pouvoir d’achat.
L’an passé, les “ASSEDIC” avaient augmenté de 1%, et le 1er juillet 2003 de 2,15%. Mais aujourd’hui, c’est 0%.
Une éventuelle hausse des allocations est désormais renvoyée à l’ouverture des négociations sur la nouvelle convention d’assurance-chômage. Ces discussions doivent commencer au mois de septembre, et si accord il y a, alors son application sera effective au 1er janvier 2006. C’est donc une année de gel des allocations perçues par les chômeurs. "C’est la double peine : les personnes qui sont privées d’emploi n’ont pas choisi d’être au chômage et en plus, elles vont perdre du pouvoir d’achat", a déclaré à l’Associated Press à la sortie de la réunion, le représentant de la CFTC Michel Coquillion.
Malgré le durcissement des conditions pour bénéficier d’une indemnisation, malgré le raccourcissement de la durée d’indemnisation, le déficit de l’UNEDIC ne cesse de croître. La hausse du chômage et les dispenses de cotisation accordées à des entreprises expliquent en grande partie ce “trou”, calculé avec une croissance hypothétique de 1,5% en France.
Quant aux perspectives, elles ne sont guère optimistes (voir encadré) , et évoquent une stabilisation du déficit. Elles reposent en tout cas sur une hausse de la croissance et une diminution du chômage. Or, rien ne dit que ces deux prévisions pourront se vérifier. Pendant ce temps, ce sont ceux qui sont privés d’emploi qui sont les plus touchés par les restrictions : 0% d’augmentation équivaut à une baisse nette du pouvoir d’achat.

M. M.
(*) Union nationale interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce


Prévisions de l’UNEDIC

Mercredi, l’UNEDIC a publié un communiqué faisant état de ces prévisions sur les deux prochaines années.

Les dernières prévisions ont été rendues publiques le 29 juin 2005.
Elles présentent les résultats prévisionnels de l’année 2005 ainsi que les hypothèses retenues pour les années 2006 à 2008.
Ces prévisions tablent sur une croissance de l’économie française de 1,5% en moyenne annuelle pour 2005 qui devrait s’accélérer légèrement en 2006 pour atteindre 1,8%.
Par ailleurs, 59.000 et 150.000 emplois supplémentaires affiliés à l’Unédic sont attendus respectivement en 2005 et 2006.
Dans ce contexte, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 pourrait baisser de 67.000 en 2005 et de 110.000 en 2006.
Au total, le résultat financier de l’Assurance chômage pourrait présenter un déficit de 3,4 milliards d’euros en 2005 et un excédent de 58 millions d’euros en 2006.
La situation financière de l’Assurance chômage serait alors de -13,675 milliards au 31 décembre 2005 et de -13,617 milliards au 31 décembre 2006.


Assurance chômage

Un appel de la Fondation Copernic :
"Personne à moins de 1.200 euros"

La Fondation Copernic lance un appel pour qu’il n’y ait en France "personne à moins de 1.200 euros par mois". Une mesure qui coûterait 20 milliards.

La Fondation Copernic, groupe de réflexion de gauche rassemblant responsables associatifs et universitaires, a lancé le mardi 28 juin un appel pour qu’en France, il n’y ait "personne à moins de 1.200 euros par mois", une mesure qui coûterait, selon ce texte 20 milliards d’euros.
"Une nouvelle convention d’assurance chômage doit être négociée dès septembre 2005", rappelle en premier lieu de le texte de cet appel qui se propose de "faire converger nos forces" et de signer "ensemble, que nous ayons un emploi ou non, pour obtenir" quatre points.
Le premier exige "qu’il n’y ait plus aucun revenu inférieur au SMIC mensuel parce que vivre avec moins c’est impossible". Le second demande "qu’on cesse de faire la guerre aux chômeurs et aux chômeuses au lieu de combattre le chômage et la précarité". Le troisième réclame que "les contrôles soient toujours renforcés et les radiations cessent". Enfin, le quatrième demande la mise en place d’un "système généralisé de sécurité économique et sociale" qui "garantisse une continuité des droits à l’emploi ; à la formation, à l’indemnisation, l’accès de tous et de toutes aux même droits et le libre choix de son emploi et de sa formation".

Un actif sur 3

La Fondation Copernic rappelle que, si "les chiffres officiels annoncent 2,5 millions de chômeurs, en ne comptant qu’une catégorie, ils font disparaître la moitié d’entre nous". Ainsi, "en 2003, 6 millions de personnes sont passées par la case Assedic. Chômage, précarité, activité réduite, intermittence, vacations, dans le secteur privé mais aussi public... Nous sommes de plus en plus nombreuses, à être déjà concernées, ou à risquer de l’être", estiment les signataires. "Dans l’emploi ou sans emploi, nous sommes sommées de nous adapter à une concurrence féroce, sommées d’être concurrents les uns des autres, les unes contre les autres, sans cesse d’avantage contrôlées, et tant pis pour les plus faibles".
"Tous les salaires, toutes les conditions de travail, toutes les protections sont maintenant tirées vers le bas", affirme encore la Fondation Copernic pour qui "cela doit changer sans attendre. C’est possible, avec un peu de volonté politique : il suffit de 20 milliards d’euros pour que les revenus de TOUS et TOUTES ne soient jamais inférieurs à 1.200 euros". Selon les calculs de la Fondation Copernic, "cela représente moins de 1,5% du PIB français", une somme qui pourrait être financée par une taxation des "dividendes versés aux actionnaires", qui "augmentent constamment". Ainsi, elle propose de "calculer les cotisations chômage des entreprises sur la totalité de la richesse produite et non seulement sur la masse salariale".


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