Les inégalités se creusent

2.193 Réunionnais assujettis à l’impôt sur la fortune 87.000 Réunionnais survivent avec le RSA

6 janvier 2012

La Réunion compte 2.193 foyers assujettis à l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour un patrimoine total de plus de 17,6 millions d’euros, soit une fortune moyenne d’un peu plus de 1,7 million d’euros par foyer. Avec 833 contribuables payant l’ISF, la ville de Saint-Denis arrive en tête, devant Saint-Paul (405 foyers) et Saint-Pierre (234 foyers). Sur le territoire national, les Parisiens sont champions de France toutes catégories de l’ISF, avec plus de 18.000 foyers concernés dans le XVIème arrondissement de Paris tandis que le VIIème regroupe en moyenne les foyers les plus riches de France.

Consultables depuis ce mercredi 4 janvier 2012, ces statistiques du Ministère du Budget donnent, pour les communes de plus de 20.000 habitants, le nombre d’assujettis à l’ISF quand il dépasse 50 redevables et le patrimoine moyen de ces ménages.
À La Réunion, ils sont 2.193 à être plus riches que riches. La ville de Saint-Denis arrive loin en tête en ce qui concerne le nombre de contribuables, avec 833 foyers concernés. Dans son sillage arrivent Saint-Paul avec 405 foyers, Saint-Pierre avec 234 foyers, puis Le Tampon avec 229 foyers.
Toutefois, compter plus d’assujettis ne signifie pas être la ville la plus riche. Saint-Leu, avec plus de 2,1 millions d’euros en moyenne par foyer pour 55 redevables, surclasse Sainte-Marie (1,72 million d’euros pour 113), Saint-Pierre (1,7 million d’euros) et Saint-Denis (1,67 million).

Toujours plus de précaires

En parallèle, si l’île compte plus de deux milliers de foyers plus riches que riches, elle se classe dans les premiers rangs des départements français à compter le plus grand nombre de bénéficiaires du RSA (Revenu de solidarité active). Au 31 mars 2011, près de 87.000 personnes percevaient cette aide financière. Dans le même temps, selon les chiffres de l’INSEE, près de 45% des plus de 65 ans n’ont pour seul revenu que le minimum vieillesse, soit 633 euros par mois, ce qui les placent en dessous du seuil de pauvreté national (911 euros par mois). Selon les mêmes statistiques, 30% des personnes ayant un emploi vivent malgré tout en dessous de ce seuil de pauvreté.
Thierry Hergault, directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, trouve le nombre des assujettis à l’ISF « quelque peu choquant, quand l’on sait que plus de la moitié de la population réunionnaise bénéficie de minima sociaux ». Le directeur régional de la fondation souhaite « une meilleure redistribution des richesses ».
« Il faudrait que le gouvernement soit conscient que la population réunionnaise compte énormément de démunis. Pour les aider, le gouvernement devrait prélever de l’argent sur les grands capitaux ou taxer certains placements en Bourse qui actuellement échappent à l’impôt »,
dit en substance Arnold Louis, président de l’union régionale CFTC. Dans cette optique, il souligne que le principe de l’impôt sur la fortune ne le choque pas.

En France, concentration à Paris

Au niveau national, selon l’“AFP” (Agence France Presse), avec près de 87.000 foyers payant l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour une population totale de 2,2 millions d’habitants, la ville de Paris est championne toutes catégories de cet impôt. « Le XVIème arrondissement compte plus d’assujettis à l’Impôt de solidarité sur la fortune que les villes de Lyon et Marseille réunies. Si l’on considère le patrimoine moyen des ménages soumis à cet impôt, le VIIème arrondissement parisien surclasse tout avec plus de 3,5 millions d’euros en moyenne par foyer », explique l’“AFP”.
Si l’Ile-de-France compte près de 165.000 foyers redevables sur plus de 11 millions de résidents, l’agence de presse note qu’en dehors, d’autres grandes villes françaises recueillent des chiffres moins impressionnants, à savoir Lyon (7.283 foyers), Marseille (6.635) et Toulouse (4.609).
Toujours selon l’“AFP”, le Ministère du Budget avait annoncé en janvier 2011 que « les recettes de l’ISF atteindraient 4,46 milliards d’euros en 2010 contre 4,1 milliards initialement prévus ».
L’ISF concerne les foyers détenant un patrimoine net imposable supérieur à 1,3 million d’euros au 1er janvier 2011.

www.ipreunion.com

Baisse de l’impôt sur la fortune cette année

La réforme de l’ISF réduit par quatre l’impôt des plus fortunés

Le gouvernement a annoncé dans la loi de Finances rectificative pour 2011 une réduction et une simplification du barème de l’ISF. Tout d’abord, il va supprimer la première tranche d’imposition sur les patrimoines compris entre 800.000 et 1,3 million d’euros. Le nombre de contribuables sera diminué de moitié et le montant collecté baissera de 8% : cette seule mesure représente une perte de recettes de 308 millions d’euros pour le budget de l’État, pour un coût total de la réforme qui atteint 1,8 milliard d’euros en année pleine.

Ensuite, il n’y aura plus que deux tranches et le taux sera uniforme sur l’ensemble du patrimoine : 0,25% entre 1,3 et 3 millions d’euros et 0,5% au-delà. Les taux seront donc réduits, mais ils s’appliqueront au premier euro de patrimoine et non sur la partie du patrimoine supérieure à 800.000 euros comme précédemment. En l’état actuel du texte, ces modifications vont créer des effets de seuils importants : dès lors qu’un patrimoine dépassera d’un euro les seuils de 1,3 et de 3 millions d’euros, le taux d’imposition passera de 0 à 3.250 euros, puis à la seconde tranche, du simple au double.

Pour reprendre l’exemple précédent, le ménage dont la fortune s’élève à 1 million d’euros après abattements ne paiera plus rien… Celui qui dispose de 3 millions d’euros paiera 0,25% sur tout son patrimoine (et non plus de 0,55% à 1% sur la partie supérieure à 800.000 euros), soit 5.000 euros. Auparavant, il en payait 8.000, le gain pour lui n’est pas énorme, mais c’est tout de même un trimestre de travail d’une personne au SMIC. Pour les très riches, le gain est encore plus massif. Comme les premières tranches sont négligeables, leur taux d’imposition maximum passe de 1,8% à 0,5%. Un foyer riche de 20 millions d’euros gagnera 182.000 euros d’impôts par an. Pour toucher une telle somme, un salarié au SMIC doit travailler 15 ans, un titulaire du RSA, lui, doit attendre 33 années. Le gain pour une fortune de 100 millions d’euros représente 1,2 million, soit un siècle de SMIC.

(Source : Observatoire des inégalités)

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