Les jeunes et l’accès à l’emploi durable

20 300 jeunes réunionnais en grande difficulté

22 avril 2005

(page 9)

Le plan de cohésion sociale porté par Jean-Louis Borloo affiche comme objectif national de conduire 800.000 jeunes en difficulté vers un emploi durable. Qui sont-ils et combien sont-ils à La Réunion ? Dans son dernier numéro de l’"Économie de La Réunion", l’INSEE dénombre en mai 2004, 54.300 jeunes Réunionnais, de 16 à 29 ans, confrontés à des difficultés d’insertion professionnelle durable parmi lesquels 20.300 "en grande difficulté d’accès à l’emploi", directement concernés par les mesures gouvernementales.

"Il est difficile de connaître précisément le nombre de jeunes ayant des difficultés d’accès à l’emploi durable", précise Claude Parain, responsable du service des études et de la diffusion à l’INSEE. La jeunesse peut être qualifiée de "population volatile" difficile à saisir car sa situation change fréquemment. Ballottée entre de longues périodes de chômage et des petits contrats, la jeunesse réunionnaise souffre d’un manque de diplôme, dans un contexte familial souvent précaire.

Diplôme : protection contre le chômage

S’appuyant sur son enquête emploi du deuxième trimestre 2004 (réalisée sur un échantillon de 5.500 ménages réunionnais et qui permet de cerner le chômage au sens du BIT), l’étude de l’INSEE propose ainsi une approche globale qui porte sur la tranche d’âge des 16 à 29 ans. C’est en effet entre 16 et 29 ans que de nombreux jeunes cessent leurs études pour postuler sur le marché du travail, avec un pic du phénomène pour les 19-20 ans. Tirant un instantané de son enquête, l’INSEE dénombre, en mai 2004, 54.300 jeunes de 16 à 29 ans confrontés à des difficultés d’accès à un emploi durable, dont 5.800 bénéficiaires de contrats aidés à la recherche d’un emploi pérenne. Parmi eux, 60% sont au chômage depuis plus d’un an et 28% depuis plus de 3 ans. Ces longues périodes d’attente ne favorisent pas l’accès à l’emploi. La moitié des jeunes en difficulté souffrent d’un handicap majeur : le manque de diplôme, alors que les titulaires de diplômes supérieurs (au-delà de Bac+2) représentent seulement 1% des jeunes en difficulté. Les formations post-scolaires proposées aux jeunes en recherche d’emploi ne les permettent pas forcément un retour à l’emploi. Nombreux sont ceux ayant suivis une formation qualifiante, d’adaptation à l’emploi ou une remise à niveau, qui sont restés ou retournés au chômage. L’INSEE constate également que les jeunes ont "une difficulté majeure à se stabiliser dans un emploi."

Situation sociale précaire

Plus de 45% des jeunes chômeurs, la plupart non diplômés, n’ont jamais travaillé, alors qu’un tiers, parmi les plus âgés, se retrouve sans emploi après un contrat précaire. Cette situation d’instabilité dont est victime la jeunesse est d’autant plus difficile à vivre qu’elle recherche des emplois permanents, à temps complets. Mais faute d’opportunité, les jeunes sont prêts à accepter un emploi à durée limitée, à travailler à temps partiel. Handicapés par le manque de diplôme mais aussi par une situation sociale précaire : un cinquième des jeunes en difficulté vit dans des logements sociaux, parmi les plus de 20 ans, huit sur dix n’habitent plus chez leurs parents, alors que la majorité (6 sur 10) vit en couple, avec des enfants dans plus d’un cas sur deux. L’INSEE nous apprend que la plupart de ces jeunes ne vivent pas du RMI, même si les plus de 25 ans en restent les bénéficiaires majoritaires. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées localement, la jeunesse réunionnaise reste réticente à la mobilité. Seulement un tiers des jeunes sondés seraient prêt à partir pour un emploi hors département, alors que les projets de qualification à l’extérieur sont mieux abordés. La situation familiale, le manque de qualification, mais aussi les expériences non réussies expliquent ce peu d’engouement. Sur les 54.300 jeunes étudiés, 16% ont déjà quitté La Réunion pour au moins six mois et seulement un tiers des 20-29 ans ont obtenu un emploi à leur retour.
Parmi les jeunes étudiés, la moitié est en échec scolaire ou a interrompu précocement son cursus, alors que les deux tiers n’ont pas reçu de formation post-initiale. Ils sont 20.300 jeunes Réunionnais à cumuler ces deux handicaps, 20.300 en grande difficulté, directement concernés par le programme 2 du plan de cohésion sociale qui prévoit un accompagnement personnalisé de ces jeunes jusqu’à l’accès à l’emploi.

Estéfany


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