Pourquoi les gouvernements ont-ils remplacé un dispositif qui marchait ?

254 produits en baisse de 5 à 20 % : la liste COSPAR reste la référence

6 janvier 2016, par Manuel Marchal

Le Bouclier qualité-prix est une mesure gouvernementale. Est-il plus intéressant que la liste COSPAR qui était issue d’un mouvement social à La Réunion ?

En 2009, le mouvement social avait pu obtenir un résultat plus ambitieux que les mesures gouvernementales qui ont suivi.

10 à 13 % de baisse, c’est le bilan annoncé hier sur Réunion Première pour le Bouclier qualité-prix qui compte 107 produits. Force est de constater que la liste COSPAR permettait des réductions de 5 à 20 % sur 254 produits.

Le premier dispositif est l’application d’une loi. Le second était la conséquence d’un mouvement social à l’initiative du Collectif des organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion (COSPAR). Plusieurs dizaines de milliers de Réunionnais avaient défilé à plusieurs reprises en mars 2009 pour obtenir une augmentation de 200 euros des bas revenus, une hausse des bourses des étudiants, une baisse des prix des carburants et du gaz et une baisse de 20 % sur 500 produits de grande consommation.

Double étiquetage

Le résultat de la mobilisation avait notamment débouché sur la création du RSTA et de la prime COSPAR qui donnait 150 euros d’augmentation pour les salaires inférieurs à 1,4 SMIC, et sur la liste de 254 produits sur lesquels la grande distribution s’était engagée à une baisse comprise entre 5 et 20 %. L’accord entre le COSPAR et la grande distribution prévoyait aussi le double-étiquetage où devait figurer l’ancien et le nouveau prix. Cette mesure permettait aux consommateurs de constater que la baisse de prix était effective.

Plutôt que de soutenir la liste COSPAR, les gouvernements qui se sont succédé ont mis en place d’autres dispositifs. Il y eut tout d’abord le panier-type, puis depuis 2012 le Bouclier qualité-prix.

En termes de quantité d’articles, la mesure gouvernementale est moins ambitieuse. Cela se ressent dans l’impact sur l’inflation. En mai 2009, l’INSEE constatait que les produits de la liste COSPAR avait contribué à la baisse des prix enregistrée au cours de ce mois.

Opacité sur la formation des prix

Un autre acquis de la lutte en 2009 était la mise à disposition des données permettant d’analyser la formation des prix pour 16 articles. À la différence des ingrédients qui composent un produit alimentaire, la transparence sur les prix n’existe pas à La Réunion.

Cette opacité ne favorise pas la recherche des moyens qui permettront de faire baisser les prix.

Faire cette transparence nécessaire était un des objectifs de l’amendement déposé en 2000 par Elie Hoarau contre l’avis du gouvernement lors du débat de la loi d’orientation pour l’outre-mer. Cet amendement créait l’Observatoire des prix et des revenus.

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