Journée d’action à Saint-Denis

3.000 manifestants pour une retraite solidaire

23 mai 2008, par Edith Poulbassia

Près de 3.000 personnes, salariés du public comme du privé, étudiants, ont uni leurs forces pour dire non au passage à 41 ans de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. Tous veulent préserver le système de retraite par répartition. Mais à la défense des retraites se sont ajoutées les revendications pour le pouvoir d’achat, le service public, les salaires...

Deuxième grève en une semaine. Les salariés du public et du privé des étudiants et quelques lycéens ont défilé hier matin dans les rues de Saint-Denis. Ils étaient environ 3.000 personnes à répondre à l’appel de l’intersyndicale (CGTR, FO, FSU, CFDT, CFTC, UNSA, Solidaires...). Rendez-vous était fixé au Petit Marché. Les manifestants ont ensuite emprunté la rue piétonne pour rejoindre la Préfecture. Au centre des revendications, le refus du passage à 41 ans de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. Mais c’est finalement toute la politique de casse sociale du gouvernement qui était une fois de plus visée, notamment le démantèlement du service public. D’autant plus que la pilule du service minimum obligatoire n’est pas passée, ni le préavis de 48h pour les salariés grévistes que le président de la République s’est empressé d’annoncer, suite à la manifestation du 15 mai dernier. « Lutter plus pour gagner plus », c’est ce à quoi sont contraints les citoyens pour préserver leurs droits.
Les chants de Danièl Waro résonnent dans la rue commerçante Maréchal Leclerc. Pendant que certains consomment, d’autres ont décidé de se battre pour l’avenir. Les passants sont pour certains surpris, pour d’autres, indifférents, d’autres enfin se sentent concernés par les revendications, mais ne suivent pas pour autant le mouvement. Qu’importe, en tête de la manifestation, les syndicats crient haut et fort les raisons d’une mobilisation générale. « La zénès renioné lé malizé, na poin personne i bouge », « l’essence, de l’eau, toute zafèr i augmente sauf les salaires », « le logement lé imposib gagné, zordi, nou ve fé la révolution », « nou vé travay, fonctionnaire, privé, la vi lé dur pou nout tout », « non au préavis du droit de 48 heures, la grève est un droit constitutionnel, non au service minimum ». Des pétitions circulent pour « défendre le service public tant qu’il en reste ». Pouvoir d’achat, droit au logement, salaires, droit de grève, fonction publique... La manifestation pour la défense des retraites a été l’occasion de rappeler toutes les préoccupations de la population. « Nou lé pa plis, nou lé pas moin, respèct a nou. Arrête avec tout sa là », lancent les manifestants, ou encore : « Oté Sarko, toué la roule a nou, ton zoli koseman roule a nou dan la bou ».

« Nou lé en colère, ban na i ve fé travay a nou jusqu’à 70 ans »

Mais en tête de la manif, la banderole annonce clairement :« Pour une retraite solidaire ». On entend alors : « Nou lé en colère, ban na i ve fé travay a nou jusqu’à 70 ans ». En effet, accepter l’allongement à 41 ans de la durée de cotisation, c’est menacer le droit de départ à la retraite à 60 ans, et ne pas tenir compte de la réalité : les jeunes commencent à travailler de plus en plus tard à cause des études et personne n’est à l’abri du chômage. Armand Hoareau (UNSA) a rappelé que « 40 ans, c’est déjà trop. Pourquoi ? Avec 40 ans, on a appauvri les retraités, avec 41 ans, on va les affamer ». Bref, qui pourra cotiser 41 ans ? Et ensuite profiter de la retraite à taux plein ? Une minorité peut-être y arrivera, mais certainement pas les salariés qui exercent un métier pénible, ni les seniors qui sont mis à la porte de leurs entreprises.
Et les jeunes, que pensent-ils de l’avenir que leur réserve le gouvernement ? Guillaume Aribaud, de l’UNEF, s’exprime au nom des lycéens et des étudiants. « (...) On nous parle de la dette de l’Etat. On nous dit que les caisses sont vides. Il faut arrêter de leurrer la population. C’est dans nos poches que l’argent manque, et la jeunesse va être dans la m... alors qu’on réforme à tout va. Qu’est-ce qu’un pays avec des gens immensément riches et des gens extrêmement pauvres ? C’est un système américain. Si les gens sont d’accord avec ça, j’en suis désolé. Mais nous, nous ne le sommes pas. Tous les Réunionnais devraient être derrière cette manif, pour dire non à la casse du service public, pour défendre les retraites. C’est la société qu’on doit réformer. Aujourd’hui, on veut nous monter les uns contre les autres. Mais il faut arrêter de dire qu’on doit avoir moins alors qu’on produit plus ».

Au micro, Marie-Hélène Dort (FSU), qui a souligné que les femmes étaient les premières victimes de cette réforme des retraites.(Photo EP)

Marie-Hélène Dort (FSU) a souligné que les premières victimes de cette réforme des retraites, ce sont les femmes. Jean-Claude Bénard (Solidaires) a d’ailleurs rappelé que 39% des femmes seulement arrivent à cotiser pour une retraite à taux plein. Sur un autre sujet, l’Observatoire des Prix, il a souligné qu’aucune enveloppe budgétaire n’a été attribuée pour permettre son fonctionnement. Pour Marguerite (FO), faire croire qu’on pourra travailler 41 ans, c’est un « mensonge éhonté ». Jean-Marc Gamarus (CGTR), quant à lui, a appelé à continuer la lutte. « Il faut organiser la résistance sociale contre Sarkozy et son gouvernement. Nous devons rester vigilants ». Ces manifestations ne sont visiblement qu’un début.

Edith Poulbassia


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