
Inspection du Travail à La Réunion
4 inspecteurs, 12 contrôleurs pour 15.000 entreprises !
13 août 2007

À La Réunion, l’Inspection du Travail compte 4 sections, soit 1 inspecteur et 3 contrôleurs dans chacune d’elle. Autant dire qu’avec cet effectif, les travailleurs réunionnais sont bien en peine de voir leurs droits fondamentaux respectés.
Ce n’est qu’en fin d’année 2006 qu’une quatrième section de l’Inspection du Travail a été créée pour prétendre répondre aux besoins particuliers des petites entreprises qui sont la constituante première du tissu économique local. À noter que l’inspecteur du travail a en charge de contrôler les entreprises qui comptent plus de 50 salariés, alors que le champ des contrôleurs est élargi à toutes les TPE et PME, soit 12 agents pour couvrir près de 98% des entreprises du marché.
« Un représentant du personnel, c’est important »
« Les moyens ont été accrus, mais cela reste toujours très limité », nous confiera une source bien placée. Reste bien sûr un effectif global au sein de l’Inspection du Travail de 125 personnes chargées de renseigner le public sur les droits du travail. Mais ce service ne garantit en rien leur application. Tous les mois, l’Inspection locale effectue des contrôles visant à lutter contre le travail illégal.
Soulignant à son tour que l’indépendance de l’Inspection du Travail est garantie par des textes conventionnels, notre interlocuteur soutient que le débat qui a cours en Métropole s’agissant du rattachement éventuel du Ministère du Travail à celui de l’Immigration n’a d’autant pas lieu d’être ici que les cas de travailleurs sans papier sont rares. Par contre, il accorde qu’une meilleure représentation syndicale au sein des entreprises permettrait de faciliter le respect des droits des salariés. « Dès qu’une entreprise compte plus de 10 salariés, elle doit avoir un représentant du personnel, c’est important, explique-t-il. Une des missions de l’Inspection du Travail est de faire en sorte que toutes les entreprises assujetties soient pourvues de ce relais qui est là pour garantir l’application du droit du travail ». Malheureusement, c’est encore trop rarement le cas.
Revalorisation du salaire de base : « une revendication assez nouvelle »
La mission fondamentale de l’Inspection du Travail de La Réunion ne diffère pas de celle de la Métropole, même si dans les faits, les salariés se plaignent souvent ici de ne pas bénéficier des mêmes droits que les travailleurs de l’Hexagone. Notre interlocuteur insiste sur la nécessité pour l’Inspection de s’assurer que la sécurité, l’intégrité physique des salariés soient respectées. Il estime que contrairement à la Métropole, où les conflits portent beaucoup sur la durée du travail, la revendication majeure à La Réunion, dans 3 conflits sur 4, demeure la question des salaires, comme dernièrement à la Brink’s et encore aujourd’hui à Rhum’s-Réunion. Une nouveauté pourtant propre à ces deux conflits : la demande d’une revalorisation du salaire de base, « une revendication assez nouvelle » qui devrait interpeller justement sur la question du pouvoir d’achat des travailleurs.
« Quand il y a un conflit, l’Inspection du Travail se tient informée, suit son évolution, reste en contact avec les deux parties, tente de trouver des solutions, mais n’intervient que sur demande ». Pour notre interlocuteur, le prolongement des deux derniers conflits n’est pas forcément le révélateur d’un déficit de dialogue social au sein des entreprises. « Le dialogue est parfois difficile, mais les deux parties discutent sans que, forcément, cela débouche sur une issue. Il faut parfois, comme à la Brink’s, l’intervention d’un médiateur pour parvenir à une solution ». Il n’empêche pourtant qu’à l’initiative de la Direction du Travail, depuis plusieurs semaines, syndicats de salariés et de patrons se retrouvent régulièrement autour d’une table « pour mieux se comprendre, se connaître, pour justement éviter ça, accorde-t-il. Mais le dialogue social n’évite pas toujours les conflits ».
La Préfecture veut contrôler la parole
Vive la liberté de la presse !
Si nous ne mentionnons pas le nom de notre interlocuteur, c’est parce qu’il a eu la spontanéité et la gentillesse de répondre à notre sollicitation, par téléphone, un samedi, sans avoir l’autorisation préalable de la Préfecture, désormais indispensable pour tous les services de l’Etat sollicités par la presse. Nous tenons à informer ici les services de l’Etat que nous déplorons vivement cette volonté de contrôle absolue de la parole et à infirmer notre farouche détermination à défendre la liberté de la presse, la liberté d’exercice des journalistes, la liberté de pensée et de s’exprimer en général. Vous avez des moyens d’écoute et de surveillance suffisamment développés pour nous épargner ce type de contrainte. S’il faut se battre avec notre plume, nous n’hésiterons pas un instant.
Réaction d’Ivan Hoareau, Secrétaire général la CGTR
« Le gouvernement a mis en place une machine pour frapper fort et vite »
En raison de la faiblesse des moyens de contrôle dont dispose l’Inspection du Travail, il est difficile pour Ivan Hoareau de dire avec précision quelles sont, à La Réunion, les principales entraves aux droits du travail.
Il confirme néanmoins qu’en Métropole, il y a « énormément d’heures supplémentaires qui ne sont pas payées. C’est le plus gros contentieux enregistré par les tribunaux. Dans ces conditions, travailler plus pour gagner plus, au-delà de la philosophie, est une véritable usine à gaz ».
Les patrons ne négocient plus le salaire mais les primes
Par contre, la question des salaires, et les récents conflits le prouvent, est une revendication omniprésente au sein des entreprises locales. Il constate d’ailleurs une tendance généralisée du patronat à non plus négocier le salaire, mais les primes. Un vrai problème pour le pouvoir d’achat des salariés réunionnais d’autant que entre 2004 et 2005, l’augmentation des prix ici par rapport à la Métropole a été encore plus rapide qu’à l’habitude. Il serait intéressant, selon lui, de pouvoir savoir avec précision comment les salariés et les Réunionnais dans leur ensemble parviennent à répartir dans leur budget cette flambée des coûts.
« C’est la casse totale »
Enfin, la faiblesse de la représentation syndicale, conciliée au déficit en moyens humains dont dispose l’Inspection du Travail, est effectivement un frein à l’application et au respect des droits des travailleurs. « Sachant que plus de 90% des entreprises ont moins de 10 salariés, elles n’ont pas de DE, pas de DP, donc pas de contrôle. Si l’on rajoute à cela la réforme du service minimum, la remise en cause de l’indépendance de l’Inspection du Travail, celle du Code du Travail : c’est la casse totale. Les syndicats ne manquent d’ailleurs pas de prendre de sérieux coups. Le gouvernement a mis en place une machine pour frapper fort et vite. Elle en a pour l’instant les moyens politiques, il faut attendre un peu pour voir ». Le réveil de la gauche ?
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