Actualité sociale en France

4 octobre : journée de mobilisation unitaire

4 octobre 2005

Les échos de préparation de la journée de grèves et de manifestations du 4 octobre émettent les signaux d’une mobilisation de masse. Réuni en fin de semaine dernière, le Comité national confédéral de la CGT a annoncé un "important succès" qui va "marquer la vie politique et sociale de notre pays". La CGT estime déjà nécessaire que la mobilisation "trouve d’importants prolongements". En décidant d’appeler à faire grève et à manifester, les confédérations syndicales ont voulu concentrer les feux autour de 3 thèmes : les salaires, l’emploi et les droits des salariés. La défense des services publics, qui n’était pas, au départ, à l’ordre du jour, est en train de s’inviter dans les cortèges. Le conflit né de l’annonce par le gouvernement du bradage de la SNCM redonne de la vigueur aux envies d’en découdre avec le gouvernement sur ces questions, notamment pour empêcher le processus de privatisation d’EDF de prendre son envol le 10 octobre prochain lors de l’assemblée générale des actionnaires.
Le 4 octobre est une date qui fédère. L’unité syndicale réalisée entraîne une dynamique de mobilisation dans les entreprises, les branches professionnelles, et surtout dans les territoires. La journée s’annonce très décentralisée, les Intersyndicales ayant travaillé des rendez-vous de proximité qui permettent aux salariés du secteur privé, particulièrement des petites entreprises, de se joindre à la contestation.
D’autres composantes du mouvement social ont choisi de rallier la mobilisation du 4 octobre comme les mouvements de chômeurs, les retraités et des organisations de jeunesse. Les comités du 29 mai, qui voient dans l’exaspération sociale une continuité avec la sanction des politiques libérales exprimées dans les urnes contre le Traité constitutionnel et les collectifs de défense des services publics seront aussi de la partie. Les partis politiques, qui d’habitude choisissent d’afficher leur soutien au mouvement, ont, cette fois-ci, décidé d’aller plus loin. Les 5 partis de gauche - PS, PCF, Verts, PRG et LCR - ont travaillé vendredi à rédiger un appel commun pour inciter leurs adhérents à venir manifester.

Résistance au passage en force

Dans un climat de tension sociale accrue, la stratégie de passage en force du gouvernement semble ne semble pas réussir à entamer l’envie de "crier son ras-le-bol". En multipliant les mesures contraires aux aspirations des salariés, en jouant sur le registre de la provocation, en assimilant les syndicalistes à des "délinquants", le gouvernement a fait monter les enchères. Les syndicats se placent sur le terrain de la dénonciation de la "fuite en avant libérale" du gouvernement Villepin. Ils ne se contentent pas de dénoncer, de résister, ils exigent et proposent. Ils convergent par exemple sur la demande d’organiser une rencontre tripartite, syndicat-patronat-gouvernement, sur le pouvoir d’achat avec l’idée de mettre à plat tout ce qui constitue des éléments de revenus.
Les syndicats veulent des réponses concrètes. Ils portent par exemple une revendication simple, qui s’adresse au gouvernement comme au patronat : impulser dans le secteur privé un mouvement de négociations dans les branches pour qu’aucun salaire ne puisse plus démarrer sous le SMIC. Ils demandent aussi à l’État de donner l’exemple dans la fonction publique en acceptant de négocier l’augmentation du point d’indice qui sert de référence au calcul des rémunérations.


4 octobre : appel unitaire des confédérations

Les confédérations syndicales CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CGT-FO appellent l’ensemble des salariés du public et du privé, des petites aux grandes entreprises, les demandeurs d’emploi, et les retraités à une journée nationale d’actions et de mobilisation le 4 octobre 2005, par des arrêts de travail, des rassemblements et des manifestations à Paris et en province.
Cette mobilisation doit conduire à des négociations et à des réponses du gouvernement et du patronat notamment pour :

- le développement de l’emploi, contre la précarité que vient renforcer le Contrat nouvelle embauche,

- l’amélioration du pouvoir d’achat des salaires,

- les droits collectifs et individuels des salariés,
Les confédérations syndicales appellent leurs structures locales à se rencontrer pour mettre en œuvre toutes les formes de mobilisation et d’action nécessaires à l’expression des salariés du privé et du public.


74% des Français soutiennent le mouvement

À la veille de la journée de mobilisation syndicale interprofessionnelle, 74% des Français déclarent soutenir ce mouvement, selon un sondage CSA publié lundi dans "L’Humanité".
Sur ces 74%, 42% des personnes interrogées disent soutenir la mobilisation et 32% s’en disent assez satisfaites. Ils sont 14% à y être indifférents.
Par contre, 9% des sondés expriment leur hostilité au mouvement, avec 5% de sondés assez mécontents et 4% très mécontents. 3% ne se prononcent pas.
Interrogés sur le Contrat de nouvelle embauche, 58% des Français considèrent que cette mesure "risque d’accroître la précarité", alors que 34% pensent qu’elle peut "inciter les chefs d’entreprise de moins de 20 salariés à embaucher". Ils sont 8% à ne pas se prononcer.
Parmi les principaux sujets de préoccupation des Français, la santé arrive en tête (50%), devant le pouvoir d’achat (34%) et la garantie de retraite (33%). L’emploi arrive en 4ème position (29%) suivi de l’environnement (24%).
Ce sondage a été réalisé le 28 septembre dernier, auprès de 1.003 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.


Des perturbations dans les écoles et les mairies

Plusieurs mairies nous ont fait parvenir des communiqués indiquant que la grève d’aujourd’hui aura des répercussions dans les services.
Parmi les services publics qui seront perturbés aujourd’hui, Météo France. La Direction explique que "suite à un mouvement de grève nationale, la fourniture des produits météorologiques ne pourra pas être assurée dans des conditions habituelles" de hier à 19 heures jusqu’à demain 7 heures.
Dans les services des mairies, la grève pourra avoir des conséquences, notamment dans les écoles et les cantines scolaires.
À Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel informe la population et les usagers qu’en raison du mouvement de grève, "le fonctionnement des services municipaux risque d’être fortement perturbé, voire même dans certains cas interrompu pendant toute la journée". "Les services liés aux activités scolaires du premier degré dans l’ensemble des écoles de la Commune (surveillance, accueil des élèves et restauration scolaire) ne seront pas assurés dans des conditions normales", précise le maire de Sainte-Suzanne qui ajoute que pour l’État civil et les services techniques, "un service minimum d’astreinte sera mis en place".
Dans un communiqué diffusé hier, le député-maire de Saint-Denis informe que "des perturbations sont à prévoir dans les écoles de Saint-Denis, notamment pour la préparation des repas et la surveillance de l’interclasse".
"Dans la mesure du possible, le repas du jour sera servi aux enfants, mais il est demandé aux parents, lorsqu’ils déposent leurs enfants de s’assurer auprès des directeurs et directrices que les cantines sont ouvertes et que la surveillance de l’interclasse pourra être assurée", explique la Mairie qui précise que "si tel n’était pas le cas, les parents sont invités à prendre leurs dispositions pour garder leurs enfants ou pour les récupérer en fin de matinée".
À La Possession, la mairie sera ouverte. Mais suite au mot d’ordre de grève générale, "de fortes perturbations sont à prévoir dans le fonctionnement des services communaux, et plus particulièrement au niveau des écoles", indique Roland Robert. Le maire de La Possession demande aux parents d’élèves et aux usagers "de prendre toutes les dispositions qui s’imposent".
Au Port, même cas de figure, les écoles et les cantines risquent de ne pas fonctionner normalement dans la cité maritime pour la même raison.


Grève illimitée au Mac Do de Saint-Benoît

Vendredi, les employés du Mac Do de Saint-Benoît se sont mis en grève illimitée, pour faire avancer leur situation sociale. Après avoir gagné la bataille des congés payés et des heures supplémentaires, ils souhaitent faire évoluer le contrat de ceux qui travaillent depuis plus d’un an. Pour 540 euros, ils travaillent 87 heures durant le mois. Aujourd’hui, ils entendent travailler au moins 108 heures, pour toucher environ 640 euros par mois.
Le directeur du Mac Do de Saint-Benoît, Belaïd Goudiane, a vite souhaité négocier, mais en cherchant les seuls intérêts de son entreprise. Au cours de la table ronde, il proposait outrageusement un contrat de 95 heures "sous condition" de pouvoir changer à sa guise les jours off, entendez jours de repos de ses salariés. Par ailleurs, il souhaitait que ses employés restent à l’entière disponibilité de son entreprise, même durant les jours de repos. Le mouvement de grève continue donc, tant que la Direction restera campée sur ses positions. M’a dir aou : 20 désanm la fini depù 1848.

Bbj


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus