Menées par l’AJFER-Nou Lé Kapab, treize associations ont déposé une lettre commune pour appuyer la demande de l’intersyndicale, de mettre en place une table ronde avec l’ensemble des acteurs, afin de trouver une alternative au RSTA.
"Cette aide représente depuis 2009 une part indispensable au budget des ménages. 100 euros par mois représente pour des familles un budget alimentation", a expliqué dans l’édition précédente Gilles Leperlier, président de l’AJFER-Nou Lé Kapab. Comme ce dernier, des signataires de la lettre commune ont décidé de faire part de leur opinion sur la suppression du RSTA et notamment des suites à donner au mouvement lancé lundi 10 juin.
Simone Yee Chong Tchi Kan, président de Femmes Solidaires pour l’Emploi
« Nous traversons une crise financière, économique et sociale sans précédent : un chômage en haute progression, un pouvoir d’achat en régression et notre peuple souffre. À la suite des mouvements sociaux qui ont traversé les DOM, au début de l’année 2009, le RSTA était l’une des réponses de l’état à la crise contre la vie chère et à la demande d’augmentation du pouvoir d’achat. Nul ne peut comprendre la suppression de cette mesure instaurée sous le gouvernement précédent, suite aux grèves menées par les travailleurs des Outremers. Il est insensé que ce soit un gouvernement de gauche qui en vient à le supprimer ! C’est un coup bas porté aux travailleurs qui par leur luttent avaient arrachés un supplément de revenus. Cette suppression est très préjudiciable dans le budget familial qui aura pour conséquence la baisse de leur pouvoir d’achat. Cela va condenser les femmes à plus de précarité puisque la suppression du RSTA aura pour conséquence la diminution du quotient familial des ménages. Le dépôt de la lettre est une étape. N’oublions pas que le RSTA a été arraché grâce à la lutte de milliers de personnes travailleurs, syndicats, chômeurs… Les Réunionnais et Réunionnaises unis à nouveau pourraient ensemble amener le gouvernement de revoir sa copie… ».
Yvette Duchemann, présidente de l’Association Galizé
« Nous pensons qu’il faut agir, il faut se mouiller. J’espère que l’État y réfléchira à deux fois, lorsque 14 associations l’interpellent. Ce n’est pas rien, on est dans un gouvernement de gauche, ces 14 associations représentent des associations du peuple. Dans le cadre du RSTA, c’est important qu’entre habitants, nous soyons solidaires. On ne peut pas assister et ne rien faire. Ce serait inadmissible de ne rien faire. Ceux qui touchent des salaires modestes, nous devons réagir. Aujourd’hui, on ne renie pas ce que le gouvernement actuel fait et les avancées des derniers mois mais il aurait dû reconduire le dispositif, car les prix exercés sont non seulement explosifs, mais anxiogènes. On parle de violence, mais ce n’est pas anodin parce qu’elle est anxiogène. Les gens doivent trouver des solutions et c’est parfois par la violence occasionnée qu’ils réagissent, cela n’aurait pas lieu s’il avait réfléchi à une solution pour baisser les prix, notamment dans l’alimentation, les transports, la mobilité, la téléphonie et le logement. Mais encore une fois, le gouvernement n’a pas cherché de solution pour améliorer le pouvoir d’achat des Réunionnais. Le RSTA améliore la position des familles notamment dans l’alimentation et la scolarisation de l’enfant ».
(photo CT)
Alexia AKY, représentante d’AC Chômage
« Pour AC Chômage, le RSTA a été obtenu après une longue lutte en 2009 avec le Cospar, ce qui a apporté de manière inconcevable un plus pour le pouvoir d’achat des familles. Sa suppression est un manque à gagner pour les familles réunionnaises et notre économie d’environ 50 millions d’euros. Ce manque à gagner dans le contexte actuel est d’autant plus terrible, car aucune raison ne justifie cette suppression, sachant que le SMIC ne suivra pas l’inflation. La situation est de plus en plus grave (crise, récession) et pèse encore plus sur les épaules de ceux qui sont en bas de l’échelle sociale. Le problème est qu’il n’y a pas de palliatif, aucun expert ne peut justifier cette suppression. Le gouvernement semble persister, seule la mobilisation de la population peut contraindre les décideurs à faire marche arrière. Il faut vraiment la mobilisation des politiques, syndicats et citoyens pour faire bouger les choses. Il faut établir un rapport de force à hauteur des enjeux ».