5ème semaine de grève en Guadeloupe

18 février 2009

• La tension est montée lundi
Des interpellations, sur les barrages routiers, pour « entrave à la circulation » et « violence à l’encontre des forces de police ont été effectués ». Les policiers avaient reçu l’ordre de disperser les barrages et de verbaliser les contrevenants. Les grévistes ont joué au chat et à la souris et ont aussitôt remonté les barrages qui avaient été démantelés. Cette attitude de la part des forces policières a, on dirait, eu pour effet d’attiser la violence.

• Incendie et casse à Pointe-à-Pitre
Dans la nuit de lundi à mardi, les rues de Pointe-à-Pitre ont été envahies par des bandes de casseurs très mobiles. Un magasin a été incendié contenant des matières plastiques et des produits inflammables. La vingtaine de pompiers a mis plus de deux heures pour venir à bout du sinistre. Ils ont par ailleurs eu du mal à se rendre sur place, car ils ont été caillassés et ont du recevoir la protection des forces de l’ordre.
Les groupes hostiles ont mis le feu à des poubelles et renversé des barrières de sécurité dans la rue Hincelin qui mène au palais de la Mutualité, où siège le LKP. Plusieurs magasins de la rue Frébault, principale artère commerciale de la ville, ont été éventrés. Des barricades, dont certaines enflammées, ont été érigées sur les routes de sortie de la ville. Des dégradations ont aussi eu lieu dans les quartiers de banlieue. Les sapeurs-pompiers décomptaient mardi matin une soixantaine d’interventions durant les 24 heures.
Trois jeunes ont été poursuivis par les policiers, une équipe de télévision de RFO ayant été témoin de leurs interpellations au flash-ball.

• Appel à la mobilisation
Dans la soirée de lundi, plusieurs centaines de personnes ont assisté à un meeting du LKP à Pointe-à-Pitre, au cours duquel ses principaux dirigeants ont appelé à « un renforcement de la mobilisation ».
« Tout ce qui pourra se produire dans l’accentuation de la mobilisation nous place en légitime défense », a déclaré Charlie Lendo, "adjoint" du leader du LKP Elie Domota. Le « durcissement » du mouvement est, selon lui, « la conséquence du mépris que le gouvernement et le Medef ont manifesté en ne respectant pas l’accord du 8 février » et « montre la colère des Guadeloupéens ». « La responsabilité, a-t-il estimé, incombe exclusivement au patronat et au gouvernement français ».

• Le gouvernement fait le pari du dialogue
Le secrétaire d’Etat Yves Jégo a affirmé, mardi 17 février, que le gouvernement faisait « le pari du dialogue social » pour résoudre la crise guadeloupéenne, rappelant par ailleurs, après une nuit de violences, les règles de l’« Etat de droit ».
Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer a réaffirmé qu’il avait été chargé par le Premier ministre de « faire un plus en matière de baisse de charges sociales ». Yves Jégo avait lundi présenté les « nouvelles mesures » approuvées par le gouvernement pour l’île pour 2009, qui représentent 87,8 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 97,5 millions d’euros d’« autres mesures ».
La principale ligne est « la Prime de solidarité active et le Revenu de solidarité active », qui figurent parmi les « mesures sociales », dont le versement a été avancé en 2009 : elle est dotée de 66 millions d’euros, contre 10 millions cette année.
Nicolas Sarkozy a prévu de rencontrer jeudi les présidents des collectivités locales ainsi que les parlementaires des Départements d’Outre-mer « afin de faire un point » sur leur situation « dans le contexte de la crise économique ».
A gauche, Martine Aubry, première secrétaire du PS, recevra aujourd’hui les parlementaires de gauche et les présidents des exécutifs d’Outre-mer au siège du PS, selon le député Christian Paul. Celui-ci revenait d’une mission pour le PS aux Antilles et a témoigné d’« une situation sociale extrêmement dégradée » et par ailleurs d’un « appétit évident de négociation ».

• Fermeture de l’aéroport
La Préfecture de Guadeloupe a annoncé la fermeture de l’aéroport de Pointe-à-Pitre et la suspension du trafic aérien, mardi 17 février au matin. La sécurité ne pouvant être assurée en raison du manque de personnel, notamment des agents de l’inspection des bagages, a-t-on appris auprès de la pPréfecture de Guadeloupe. Seuls trois agents sur quatre étaient présents, a précisé de même source.
Tous les agents chargés de l’inspection des bagages au sol sont notamment absents et la sécurité ne peut dans ces conditions être assurée.

Lutter contre la vie chèreGuadeloupeMartinique

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