Mise à mort des travailleurs de l’ombre

700 TOS non titulaires, demain sans employeur

9 novembre 2005

La rentrée prochaine connaîtra des perturbations catastrophiques. Pourquoi ? Parce que parmi les techniciens ouvriers de service, on compte 700 emplois non-titulaires dont la loi de décentralisation ne précise pas l’avenir. Une véritable bombe posée entre État et collectivités locales. L’UNATOS-FSU et le SGPEN-CGTR appellent à la grève le 16 novembre.

Sur toute La Réunion, on compte environ 1.600 TOS titulaires et un millier de CES, CEC, CIA dont 700 dans la filière ouvrière. Les non-titulaires ne savent pas si leur contrat sera renouvelé au-delà du 31 décembre. Il reste moins de deux mois pour éviter un blocage complet, un souk ingérable, qui causera la dégradation des conditions de vie des élèves et peut mener à la fermeture des établissements s’ils ne répondent plus aux critères d’hygiène et de sécurité.

Rien de prévu

Patrick Corré (SGPEN-CGTR) résume le nœud du problème : "Les collectivités locales et l’État n’ont pas la même lecture de la loi de décentralisation. Pour l’État, l’ensemble de la filière ouvrière, tous les Techniciens et Ouvriers de Services seront transférés aux collectivités locales. Celles-ci font remarquer que la loi ne précise pas que les contrats aidés font partie des emplois transférables." Pour le responsable syndical, "c’est à l’Etat, responsable de ces recrutements, d’assurer la continuité du service public, le préfet a en charge la politique de l’emploi, il doit garantir le réemploi de ces personnes à partir du premier janvier 2006."
Pour l’heure, toutes les craintes exprimées depuis la grève du 23 août se confirment : ces 700 personnes n’ont aucune assurance d’être réemployées puisqu’ils n’ont plus d’employeurs. Pour renouveler les contrats, il faudrait les signer d’ici fin novembre, or rien n’est prévu. Rien de rien.

Grève et manif le 16 novembre

Refusant d’accepter une telle perspective, le SGPEN-CGTR et l’UNATOS-FSU appellent à la grève : rassemblement devant le rectorat le 16 novembre à 10 heures. L’appel est également lancé à l’ensemble des organisations syndicales pour constituer un front unitaire.
Dans son établissement scolaire, Patrick Corré dénombre, sur dix huit personnes relevant de la filière ouvrière, sept titulaires et onze précaires. Sans ces derniers, l’établissement ne peut tout simplement plus fonctionner et c’est pourquoi les syndicats demandent au préfet de se positionner pour le refus du transfert des TOS.
En ce qui concerne les titulaires, la situation reste au même point. Bien que la précédente ministre de l’Outre-mer, Brigitte Girardin, se soit engagée de ne pas s’opposer aux initiatives des parlementaires locaux et que François Baroin suit cet engagement, la proposition de loi de Gélita Hoarau n’a toujours pas été discutée. "Il n’est pas encore trop tard pour le gouvernement", estiment les organisations syndicales qui demandent aux collectivités locales de "rompre toute forme de collaboration pour la mise en œuvre des transferts". Elles demandent au président de la Région et à la présidente du Département de renouveler un acte politique fort pour marquer leur opposition au transfert.

Souk prévisible

Alix Florusse (UNATOS-FSU) rappelle que "pour les emplois précaires, le conseiller technique de François Baroin assurait que tous les contrats seraient renouvelés. Des problèmes se posent déjà. (Voir encadré) On attend quoi ? Pour les titulaires, on continue le combat en maintenant notre position contre ce transfert et en dénonçant le mépris de l’Etat à notre égard."
Guy Deridet (SGPEN-CGTR) souligne la très importante proportion des personnes non titulaires de la filière ouvrière. Dans son lycée de La Possession, il compte 5 titulaires et 7 non-titulaires : "Il faut bien voir qu’ils assument les missions de service général, notamment de nettoyage des classes. S’il ne reste que les titulaires, la charge de travail sera doublée, voire triplée. Et si les conditions d’hygiène et de sécurité ne sont pas réunies, c’est la fermeture des établissements". Dans tous les cas, les conditions de vie des élèves vont se dégrader très rapidement. C’est pourquoi les organisations syndicales sollicitent l’attention de toute la communauté éducative et des parents d’élèves.

Eiffel


Solidarité avec un emploi-jeune au lycée Boisjoly-Potier

Hier, l’heure était à la mobilisation au lycée Boisjoly-Potier du Tampon. Un emploi-jeune risque d’être au chômage à partir de décembre prochain après plusieurs années de service. Pour s’opposer à cette injustice, le SGPEN-CGTR appelait hier "ses militants et sympathisants à se joindre à l’action de mobilisation qui aura lieu dans cet établissement".
"De nombreux autres collègues en contrats aidés et plus particulièrement ceux relevant de la filière ouvrière et de services connaitront, si aucune mesure d’urgence n’est prise, le même sort que celui que l’administration réserve à notre collègue emploi jeune informaticien", rappelle le SGPEN-CGTR.
"C’est la raison pour laquelle, nous appelons avec nos camarades de l’UNATOS-FSU, tous les précaires, contractuels à la grève le mercredi 16 novembre 2005, pour que la rentrée de janvier ne se fasse pas sans eux", explique le syndicat qui souligne que "toute la communauté éducative est concernée par ce problème de réemploi des personnels précaires. Sans l’apport de ces nombreux personnels, le fonctionnement des établissements scolaires sera demain gravement perturbé".


À propos de “Questions d’actualité” sur le transfert des TOS

Gélita Hoarau ne devait pas participer au débat

Dans un communiqué diffusé hier à la presse, le Parti communiste réunionnais explique que contrairement à ce qui avait été annoncé la veille par RFO, la participation de la sénatrice Gélita Hoarau à l’émission “Questions d’actualité” d’hier n’était pas acquise. Dans une lettre adressée à Nadia Tayama avant le début de l’émission sur Radio-Réunion, Gélita Hoarau explique les raisons de son refus. Nous reproduisons ci-après le communiqué du PCR faisant état du courrier de la parlementaire.

"Lundi 7 Novembre, Radio-Réunion, par la voix de Madame Nadia Tayama a contacté par téléphone Madame la Sénatrice Gélita Hoarau.
Madame Tayama a souhaité inviter Madame Hoarau à son émission “Questions d’actualité” de ce mardi 8 novembre. Selon Madame Tayama, les Conseils Régional et Général, principales collectivités intéressées, devaient participer à cette émission en compagnie d’un représentant des personnels TOS.
Mais après avoir mis en avant la présence du Conseil Général, Madame Tayama revenait sur cette participation qui, selon elle, était aléatoire du fait que la collectivité départementale était en attente de renseignements sur le devenir des TOS, renseignements qui devaient mettre cette collectivité en situation de participer au débat proposé mais dans une quinzaine de jours seulement.
Devant quitter La Réunion ce mardi soir afin de se rendre au Sénat pour y aborder les questions de Santé publique se posant à La Réunion, Madame Hoarau a réservé sa réponse pour, d’une part, étudier la réorganisation de son emploi du temps, et d’autre part avoir confirmation ou non de la présence du Conseil général.
Mais, alors que Madame Hoarau n’avait pas donné sa réponse, voici ce que RFO faisait parvenir à la presse peu après l’invitation téléphonique de Radio-Réunion.

"QUESTIONS D’ACTUALITÉ, débat dirigé par Nadia Tayama.
Après le journal de 12h 30
QUESTIONS D’ACTUALITÉ aujourd’hui :
À quelle sauce vont être dégustés les TOS ?
De qui vont-ils dépendre à la rentrée de février ?
Où en est aujourd’hui le dossier du transfert des Techniciens et Ouvriers de Service.

Nadia Tayama en discutera ce mardi dès 12h40 dans Questions d’Actualité avec la sénatrice communiste Gélita Hoareau, Patrick Corré du SGPEN CGTR et une employée du Collège Bourbon à St Denis.
Vos questions en direct en composant le 0262 99 2000".

Cette annonce a été faite à l’antenne de Radio-Réunion tout au long des “Matinales”.
Madame Gélita Hoarau a donc fait parvenir à Radio-Réunion une lettre adressée à Madame Tayama, lettre dont nous vous prions de trouver copie jointe.

"Madame,
Lundi 7, vous m’avez invitée à participer à votre émission de ce jour. Cette émission devait aborder la question de la situation des personnels TOS.
Vous m’aviez annoncé que les Conseils Régional et Général participeraient également à cette émission.
Ce matin
(hier matin - NDLR), vous m’informez que ces deux collectivités - concernées au premier chef par la question des personnels TOS - ne participeront pas à votre émission, le Conseil Général souhaitant voir ce débat repoussé d’une quinzaine, ce que vous avez accepté.
L’absence des deux collectivités intéressées modifie totalement l’architecture du débat telle qu’annoncé et, de ce fait, je n’y participerai pas.
Enfin, bien que vous ayant demandé de me laisser le temps de vous donner ma réponse, j’apprends que, hier après-midi à 16h20
(avant-hier - NDLR), l’ensemble des rédactions a reçu un communiqué de votre station annonçant ma participation.
Hier après-midi, à 16h20,
(avant-hier - NDLR) notre conversation téléphonique venait de s’achever. Vous saviez que ma participation n’était pas encore décidée. L’annonce de ma participation, alors même qu’elle n’était pas acquise dénote un procédé pour le moins discourtois à mon encontre.
Veuillez croire, Madame, en l’expression de mes sentiments distingués
.

Gélita Hoarau
Sénatrice de La Réunion
".


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