Congrès du Collectif contre l’exclusion

À défaut d’emploi, un revenu social garanti égal au SMIC

22 septembre 2004

Jean-Pierre Técher, président du CLE, propose que tout salarié embauché ait droit à un crédit d’heures de formation. S’il perd son emploi, il peut immédiatement se former.

"Le vrai pouvoir n’est pas politique mais économique", écrit le Collectif contre l’exclusion (CLE) dans une note remise aux participants à son congrès qui s’est tenu avant-hier à Saint-Leu. Et d’ajouter : "le pouvoir économique et financier n’est pas démocratique".
Pour Jean-Pierre Técher, président du CLE, "les chômeurs sont suffisamment victimes, ce n’est pas à eux de dire quels projets il faut mettre en place. On dit que gouverner c’est prévoir. Or, quand on regarde la Constitution française, il est question à la fois de droit au travail et de moyens convenables d’existence. Vous croyez qu’on peut vivre convenablement avec 300 euros ?"
Pour Jean-Pierre Técher, on ne récolte que ce que l’on sème. "À petite mobilisation, petite victoire", affirme-t-il. Mais même minimes au plan réunionnais, les petits ruisseaux font les grands fleuves.
Il en veut pour preuve la reculade du gouvernement sur l’allocation spécifique de solidarité (ASS) avec ceux que l’on a baptisés les “recalculés”.

"Continuer sur la voie de la précarité..."

Et lorsque certains parlent de baisse du chômage à La Réunion, encore faut-il s’entendre sur la définition du mot “chômeur”. "Si l’on regarde les 70.000 érémistes, dont 20% seulement sont inscrits à l’ANPE, cela voudrait dire que 50.000 de ces érémistes sont aussi des chômeurs, même s’ils n’entrent pas dans les statistiques officielles..."
Pour le président du CLE, il faut arrêter de se réfugier derrière les chiffres et les mots, et se mettre à l’ouvrage. "Depuis vingt ans, les politiques parlent d’insertion. Mais tout ce qui a été mis en œuvre a surtout été inefficace et insuffisant. Or, là, ce que nous voyons avec les nouvelles mesures nous amène à dire que le gouvernement persiste et signe".
Pour sa part, le CLE avance une proposition : l’instauration d’un “Revenu social garanti” au moins égal au SMIC. Ce que propose également le CLE, c’est une alternance “emploi-formation”, selon un format qui reste à déterminer entre les partenaires sociaux, qui répondrait au principe suivant : tout salarié embauché a droit à un crédit d’heures de formation qui serait utilisé différemment, selon que la personne serait en situation d’emploi ou sans emploi. Auquel cas, c’est la formation qui prendrait le relais... "Ainsi, on éviterait une rupture de ressources pour la personne concernée" estime Jean-Pierre Técher.
Durant ces deux jours de congrès, chômeurs, exclus, mais aussi représentants de la Région (Raymond Lauret et Hilaire Maillot), syndicats, avec le maire Jean-Luc Poudroux, ont suivi les débats en présence de 200 personnes.
Quant à la déclaration du préfet sur la diminution du nombre des emplois aidés, et de la volonté déclarée d’aller vers l’emploi pérenne, Jean-Pierre Técher s’interroge : pourquoi de tels propos, et surtout, pourquoi si tardivement ?
"Mais surtout, au-delà des effets d’annonce, quelles sont les mesures concrètes ? Nous, au CLE, nous avons toujours été contre la précarité. Si des mesures sont prévues contre la précarité, qu’on nous dise quand, combien, comment et avec quels moyens".
"Mais ce que nous constatons", rajoute-t-il, "c’est qu’avec les mesures annoncées par le gouvernement, au travers du plan Borloo, du contrat d’activité ou du contrat d’avenir, on ne propose rien d’autre que de continuer sur la voie de la précarité..."

S. D.


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