Emploi

À l’aube de 2004, l’inquiétude des chômeurs panonnais

Le M.C.P. alerte l’opinion et les décideurs

2 janvier 2004

Dès le 1er janvier 2004, la décentralisation du RMI et la création du RMA sont entrés en application ainsi que la remise en cause de certains droits des chômeurs (voir en page 3). Le Mouvement des chômeurs panonnais (M.C.P.) a tenu à adresser, en plus des ses vœux de fin d’année, son opinion sur la question, ainsi que ses propositions.

Le Mouvement des chômeurs panonnais (MCP) a tenu, avant-hier, le 31 décembre, une conférence de presse en réaction à la décentralisation du RMI et la création du RMA (Revenu minimum d’activité). Ce transfert de compétences vers le Conseil général devait prendre effet au soir de la Saint-Sylvestre, à minuit.
Jean-Hugues Ratenon, porte-parole du MCP, précise qu’il est de son devoir de transmettre, en même temps que ses vœux de fin d’année, un message moins réjouissant aux Réunionnais que les traditionnels vœux de "bonne année" : « un danger guette la société réunionnaise à l’heure où elle transmettra ses meilleurs vœux pour l’année 2004 ».
Il incombe alors à son Mouvement de tirer la sonnette d’alarme quant à la décentralisation du RMI et la création du RMA.
Compte tenu de la situation de l’emploi à La Réunion (taux de chômage élevé, démographie en hausse encore pour de longues années, créations d’emplois insuffisantes...), le porte-parole du MCP pense que l’arrivée du RMA est loin d’être une mesure adéquate. Cette réforme relèverait « plus du mépris et de la discrimination que de la construction sociale ».

Le scandale de la précarisation

« Les mesures gouvernementales accentuent la politique de précarisation de l’emploi à court et long terme », affirme le MCP. « Elles inscrivent les citoyens les plus exposés dans une douleur sociale, une injustice et un mépris inqualifiables ».
D’ailleurs, Jean-Hugues Ratenon souhaite mettre à plat ce qu’il appelle un scandale : le Département aurait une réserve d’environ 1.200 postes d’emplois-jeunes non utilisée depuis au moins 1 an. Avec des conséquences qu’il ne manque pas d’exposer :

- 1.200 emplois perdus

- 120 millions de francs (18 millions 293.882 euros) de pertes dans l’économie réunionnaise

- 1.200 possibilités d’expériences professionnelles

- 1.200 possibilités d’insertion sociale en moins.
La question qu’il souhaiterait poser aux décideurs politiques responsables de ce méfait est la suivante : « pourquoi avoir bloqué 1.200 postes de 5 ans à plein temps pour proposer des RMA de 6 mois (voire 18 mois) à temps partiel de 20 heures ? »
La décentralisation du RMI et la création du RMA seraient donc une grande manœuvre gouvernementale pour exclure des érémistes du dispositif.
Par ailleurs c’est, pour le MCP, « un risque de déstabilisation de la société réunionnaise. Le RMI risque d’être supprimé, quand bien même les 68.000 foyers réunionnais qui sont inscrits dans ce dispositif ».

"Ansanm pou nout tout"

En outre, Jean-Hugues Ratenon souligne l’attractivité du CIA pour illustrer l’insuffisance de l’application du Revenu minimum d’activité. Il s’agit de travailler dans le cadre d’un contrat qui assure une garantie chômage. Après 1 an de CIA, le salarié bénéficie de l’ASSEDIC. Ce qui n’est pas le cas pour le RMA. À plus forte raison que le RMI peut être maintenu durant les trois premiers mois de travail.
Dans cette logique, il est de leur volonté que le érémiste ne devienne pas un "esclave".
Jean-Hugues Ratenon invite dès lors la population réunionnaise à une forte mobilisation, afin de mettre l’emploi au cœur des débats et d’éviter une catastrophe sociale à travers la décentralisation du RMI et la création du RMA. Une mobilisation est prévue dès le mois de février 2004 à la hauteur du mot d’ordre du mouvement : "Ansanm pou nout tout...".

Le R.M.A. selon le M.C.P.
- une main-d’œuvre à bon marché qui coûte à l’employeur 150 euros par mois, ce qui correspondrait à 2 euros de l’heure

- un emploi précaire, un sous-emploi

- compte tenu de la rentabilité requise : le tutorat sera inexistant, au même titre que la formation

- une exploitation sur 18 mois, pour aboutir à un licenciement irrévocable

- un déstabilisateur pour les autres mesures à l’emploi : ARA (Aide à la reprise d’activité), emploi-jeune, CAE (Contrat d’accès à l’emploi)

- le RMA va entraîner une évolution de l’emploi classique

- le RMA serait moins attractif que le CIA (Contrat d’insertion par l’activité), donc inutile et dangereux s’il est appliqué dans la forme annoncée

- le RMA engendrera la disparition des autres aides de l’ADI (Agence départementale d’insertion) : logement, santé, CIA, pour les associations, etc.

- le RMA ne garantit aucunement un salaire ; il serait une allocation attribuée.

Consultation pour la protection des chômeurs
Le M.C.P. souhaite avec la population réunionnaise consulter les syndicats, les associations de chômeurs, ainsi que les partis politiques pour prendre des dispositions communes. Puisque la loi sur le RMI/RMA est votée, il faut exiger de garantir la protection des acquis sociaux des érémistes, assurer la protection sociale des chômeurs. Par ailleurs, il incombe que les jeunes, arrivant sur le marché de l’emploi puissent bénéficier d’une insertion professionnelle sûre.

Pour cela, le MCP compte :

- refuser la composition du nouveau Conseil d’administration de l’ADI

- exiger une représentation des premiers concernés (représentants des salariés, des érémistes)

- être consulté sur la décentralisation du RMI et la création du RMA

- améliorer le dispositif conformément à la loi :

1. respecter le volontariat sur les postes RMA

2. transformer l’allocation en salaire dès le 12ème mois

3. non au renouvellement partiel (20 heures) à la fin du premier contrat

4. obligation de formation si nécessaire, afin de consolider la pérennisation

5. la formation doit correspondre au poste occupé

6. privilégier l’ensemble des érémastes sur les entreprises nouvellement créées

7. l’entreprise doit financer le déplacement des érémastes qui se trouvent loin de leur lieu de travail

8. l’application intégrale du dispositif CIA pour les associations, plus attractif pour les associations et érémistes

9. la non-application du RMA pour les collectivités qui ne disposent pas du plan pérennisation et de régularisation de l’emploi concerné, y compris des CEC et CEJ.


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