Préavis de grève

A l’usine du Gol : Dur, dur, le dialogue social !

13 juillet 2004

Alors que la campagne sucrière 2004 s’annonce plutôt favorable pour les planteurs, un préavis de grève est lancé par la section CGTR du personnel de l’usine sucrière du Gol. Déposé hier, ce préavis stipule que sans réponse de la part de la direction sur les différentes revendications formulées, le personnel se mettra « en grève illimitée à compter du lundi 19 juillet ».

D’une certaine façon, le préavis de grève lancé par la section CGTR du personnel de l’usine sucrière du Gol illustre deux difficultés majeures dans les relations entre personnel et direction au sein de l’entreprise : en premier lieu, la reconnaissance de la représentativité d’une organisation syndicale et en second lieu, la difficulté d’instaurer ce qu’il est convenu d’appeler le "dialogue social".
Le préavis lancé hier par la CGTR n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Déjà, le 22 avril dernier, le personnel dans sa quasi-totalité avait débrayé durant deux heures pour protester contre un accord signé entre la direction et la CFDT, la CFTC, FO et la CFE-CGC. "Ce sont des syndicats minoritaires qui ne représentent pas grand monde au sein de l’entreprise", déclarait le 22 avril dernier Élie Hoarau, délégué CGTR du personnel.
Si la direction peut se targuer d’avoir signé un accord portant sur une augmentation de 2% des salaires avec quatre organisations syndicales, la CGTR, elle, fait remarquer que lors des dernières élections du personnel, la CGTR a raflé 5 sièges de délégués sur 6 et 4 sièges sur 5 au Comité d’entreprise. Un résultat qui montre bien que les quatre syndicats signataires sont effectivement minoritaires au sein de l’entreprise. Sauf que les textes prévoient qu’un accord est valable même s’il est signé par des organisations de salariés ultra-minoritaires. D’où le débat sur le légitimité et la légalité, un débat qui dépasse largement le cadre de l’usine du Gol.

"Un accord au rabais"

"Lors de ce débrayage suivi par l’ensemble du personnel, la direction n’a même pas daigné venir à notre rencontre ou nous contacter", rappelle aujourd’hui Élie Hoarau. Manière de bien montrer que depuis le mois d’avril, la CGTR était ouverte à des discussions et qu’elle n’a pas attendu le début de la campagne sucrière pour mener une action que certains s’empresseront de qualifier de “chantage”. D’avril à juillet, ce sont ainsi quatre mois qui se sont écoulés sans que jamais des discussions soient ouvertes.
Dans son préavis adressé à Bernard Petin, directeur général de la Sucrière de La Réunion, le délégué syndical Élie Hoarau écrit : "À la suite des négociations annuelles de 2004, vous avez signé un accord sans la CGTR alors que ce syndicat - vous le savez - est très largement majoritaire dans l’entreprise depuis huit ans. Deux jours après la fin de cette Commission paritaire, la grande majorité du personnel s’est mis en débrayage de deux heures pour montrer son mécontentement, sans que vous ayez daigné venir à sa rencontre. C’est pourquoi l’ensemble du personnel sera en grève illimitée le lundi 19 juillet".
Lors du débrayage de protestation du 22 avril dernier (ces deux heures ayant du reste été décomptées sur la fiche de paie), Élie Hoarau a rappelé que lors des discussions, la partie patronale avait estimé qu’elle ne pouvait aller au-delà d’une hausse des salaires de 1,45%. Or, fait remarquer le délégué syndical CGTR, "l’usine a dégagé un bénéfice de 3,7 millions d’euros pour la dernière campagne sucrière. Si èk in rézilta kom sa, li di a nou li gagne pa alé pli loin, kan nora la sèshrèss ou siklone, ou byin kan le pri lo sik va diminié an 2006, kosa va trouv kom prétèks don ?"
Et de rappeler que l’accord signé avec les syndicats minoritaires constituait aux yeux de la CGTR "un accord au rabais".

S. D.


Les revendications du personnel

- Une augmentation de 100 euros pour l’ensemble du personnel

- 15 euros de prime de nuit (la CGTR fait remarquer que l’augmentation de cette prime proposée par la direction est de... 0,60 euro)

- Changement d’indice pour tous les saisonniers après dix campagnes successives (actuellement, certains saisonniers qui travaillent depuis vingt ans n’ont pas changé d’indice et se retrouvent au même niveau que des débutants)

- ASSEDIC pour tous les saisonniers (avec les changements survenus à l’ASSEDIC, les saisonniers, qui ne travaillent que cinq mois et demi, cotisent aux ASSEDIC, mais ne peuvent pas en bénéficier, n’ayant pas le nombre de journées nécessaires).


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