25e jour de grève à Citroën Réunion, délocalisation de la SIB

Abus de pouvoir et violences contre les travailleurs réunionnais

12 décembre 2013, par Manuel Marchal

Aujourd’hui, deux collectivités tiennent le même jour leur assemblée plénière : le Conseil général et la Région. Aujourd’hui, le contexte social est extrêmement tendu, avec plus de 170.000 Réunionnais à la recherche d’un travail. Et dans deux sociétés, SIB et Citroën Réunion, les travailleurs subissent abus de pouvoir et violences de la part de leurs directions. Quelle sera la solidarité du monde politique ?

Les travailleurs de Citroën sont face à un patron qui applique la règle du profit maximum, quelles que soient les conséquences pour les salariés. C’est pourquoi des travailleurs se lèvent depuis 25 jours, pour briser les chaines.
(photo Toniox)

Il est rare que les deux plus importantes collectivités se réunissent le même jour. Ce sera le cas aujourd’hui. Au Conseil général, les élus sont conviés à une assemblée ayant un point à l’ordre du jour : la proposition d’une nouvelle carte des cantons à La Réunion. À la Région, il sera question du budget, sur lequel le CESER a été très critique.

Près d’une centaine d’élus seront donc réunis dans deux assemblées à Saint-Denis, et ils appartiennent à des institutions qui ont la capacité d’agir sur tout le territoire de La Réunion.

Aujourd’hui, le contexte social est extrêmement tendu à La Réunion. Tout d’abord, le chômage continue de progresser. Plus de 170.000 Réunionnais étaient inscrits le mois dernier à Pole emploi. Ensuite, les salaires de nombreux travailleurs baissent alors que les fêtes arrivent. C’est la conséquence de la suppression des 100 euros du RSTA. Quant aux 50 euros de la prime COSPAR, le maintien est loin d’être acquis. Il est à noter qu’un seul député de La Réunion s’est opposé à un budget qui prévoit de telles mesures. Les socialistes ont voté pour, et Huguette Bello laisse faire.

À cela s’ajoute la violence d’un système. Deux entreprises sont particulièrement touchées. À Citroën Réunion, c’est la plus longue grève de l’année, avec l’entrée dans le 25e jour. À la Société industrielle de Bourbon (SIB), c’est la fermeture annoncée de l’usine, avec comme alternative proposée par le patron des reclassements en France ou en Inde.

Grève pour le respect

Depuis 25 jours, des travailleurs sont en lutte contre la violence que leur inflige leur direction. Ils ont décidé de se lever contre leur direction pour demander la fin d’une gestion du personnel à coups de sanctions disciplinaires. Ils constatent que depuis le rachat de leur entreprise par le groupe français CFAO (Compagnie française d’Afrique occidentale), la situation s’est dégradée. Les tensions sur le lieu de travail ont des répercussions sur la vie familiale des salariés, avait précisé Sébastien Fauconnier de la CGT-CMT.

Les travailleurs tiennent un piquet de grève devant la concession où siège leur patron. Ce dernier n’est toujours pas revenu à la table des négociations. Les grévistes sont motivés pour lutter jusqu’à la victoire, car leur combat est aussi celui de nombreux autres travailleurs qui sont dans des sociétés qui n’appartiennent plus aux Réunionnais.

Jusqu’en 2011, Citroën Réunion était un groupe réunionnais. Puis il est devenu une filiale de CFAO. Quant à CFAO, elle est devenue la propriété de Toyota Tshusho, un fonds japonais.

Les travailleurs sont donc en première ligne pour faire face à une direction intégrée dans la mondialisation ultra-libérale, c’est-à-dire l’idéologie du profit maximum.

La violence de la course aux profits

À 15 kilomètres de Citroën Réunion, les travailleurs de la SIB sont eux aussi en première ligne face à la violence de la mondialisation. La SIB exploite une usine. Elle a été rachetée par le groupe Colgate-Palmolive. Ce dernier estime que pour augmenter ses profits, il vaut mieux fabriquer en France et importer plutôt que produire les marchandises à La Réunion.

32 travailleurs risquent de perdre leur emploi. Hier, leurs représentants ont révélé les propositions de la direction pour accompagner la cessation d’activité : un reclassement pour 18 personnes en France, et des propositions d’embauche en Inde.

C’est le choix entre le chômage maintenant et le chômage plus tard dans l’exil qui est proposé. En effet, sur la base du raisonnement qui est invoqué pour justifier la fermeture de l’usine du Port, les usines en France et en Inde seront tôt ou tard visées par un plan de réduction des dépenses, avec une production qui sera délocalisée vers un pays où le coût de production sera toujours moins élevé.

Quelle réponse du monde politique ?

Tout cela constitue un scandaleux abus de pouvoir. Si jamais Colgate-Palmolive met ses menaces à exécution, quel Réunionnais sera complice en continuant à acheter les marchandises du groupe américain ?

Les deux assemblées plénières des collectivités ont donc lieu dans ce contexte, avec deux grandes batailles menées par des travailleurs pour l’emploi et pour le respect des droits des Réunionnais.

Le monde politique sera-t-il aujourd’hui solidaire de ces travailleurs en lutte ?

  M.M. 

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