Social : les dockers mobilisés dans toute l’Union européenne

Action internationale contre la mise en concurrence des travailleurs

18 janvier 2006

Arrivés par bus et par trains spéciaux de toute l’Union européenne, des représentants de dockers ont manifesté lundi pour dire leur mécontentement devant un projet qui, s’il était adopté, ne pourrait que déboucher sur une mise en concurrence des travailleurs, avec un nivellement par le bas du droit social à la clé.

Les dockers européens avaient décidé d’arrêter le travail lundi dernier, afin de manifester devant le Parlement européen. Le même jour, les députés commençaient à examiner une directive de la Commission européenne visant la libéralisation des services portuaires.
Plusieurs milliers de dockers sont venus de tous les ports de l’Union. L’activité du port du Havre, deuxième port français après Fos Marseille, était très fortement perturbée lundi par la grève La situation était semblable à Dunkerque.
Les dockers du port d’Anvers, en Belgique, se sont également mis en grève et les autorités ont prévenu que l’activité du port, le deuxième d’Europe en volume après Rotterdam, prendrait du retard au cours de la journée. Les autres ports belges étaient paralysés.
En Espagne, le mouvement de grève suivi pratiquement à 100 % touchait 28 ports du pays. Mercredi dernier en Allemagne, quelque 4.500 dockers avaient déjà participé à une journée de protestation dans neuf ports.
À Strasbourg, des incidents ont eu lieu, les policiers ont utilisé des gaz et des canons à eau pour disperser la manifestation. On dénombrait d’ailleurs plusieurs blessés dans les rangs des dockers, mais également de la police. Le siège du Parlement européen a également été touché.

Dumping social

Sur le plan politique, le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot, se disait préparé à un refus du Parlement, laissant par ailleurs entendre que la Commission disposait d’autres moyens pour “moderniser” les ports de l’Union européenne.
Jacques Barrot a rappelé plusieurs fois que le texte avait été mis sur la table par la précédente Commission européenne, présidée par l’Italien Romano Prodi, et qu’il l’avait repris à sa demande expresse.
Les dockers s’opposent notamment à une disposition du texte qui permettrait des chargements et des déchargements par les équipages eux-mêmes, employés parfois dans des conditions sociales bien moins favorables que celles pratiquées dans l’Union européenne. Ils redoutent que leurs services soient ainsi contournés, au risque d’un dumping social dans ce secteur.
Cette problématique qui n’est pas sans rappeler celle vécue dans bon nombre d’autres secteurs, où le mot libéralisation a été avancé. Les élus européens s’étaient déjà dressés contre un premier projet d’ouverture à la concurrence des services portuaires en 2003. Ce qui n’est pas de nature à démoraliser Jacques Barrot, lequel n’a pour l’instant pas envisagé ce refus, n’excluant pas une troisième mouture du projet, voire l’approche du problème sous un tout autre angle.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus