Les agents de l’ANPE se mobilisent

Agence nationale de précarisation de l’emploi

4 juillet 2006

Trois syndicats s’unissent face à la Direction générale de l’ANPE, pour l’adaptation de la politique d’intervention de l’Agence et de son statut dans les DOM. Relégué dans les 3 autres Départements d’Outre-mer, ce mouvement risque de déboucher sur des actions communes, si la Direction s’entête à bloquer les négociations.

CGTR, FO, SNU, les 3 organisations syndicales exigent une prise en compte des spécificités ultramarines en matière de politique de l’emploi. Pascal Hoareau, Secrétaire général de la CGTR-ANPE de La Réunion, insiste sur la réalité réunionnaise, marquée par un fort taux de chômage, un taux d’illettrisme inquiétant, une faiblesse de propositions en matière de formation, un marché du travail restreint malgré un fort taux de croissance. "Un Réunionnais sur 2 vit en dessous du seuil de pauvreté", constate le syndicaliste. Outre cela, c’est le rôle même de l’ANPE qui se joue, alors que la Direction générale de l’ANPE décide de bloquer les négociations.
Une politique d’intervention plus adaptée à la réalité réunionnaise, et plus généralement des 4 DOM ? Il y a de la mobilisation dans l’air pour faire valoir une politique de l’emploi régionalisée.

Un agent pour 300 demandeurs d’emploi

D’un premier abord, la Direction générale de l’ANPE comptait régionaliser son action. Dans les faits, rien n’est moins sûr. Les politiques de l’emploi réalisées dans l’Hexagone sont loin d’être adaptables dans les DOM, et c’est la raison pour laquelle les syndicats tirent une énième fois la sonnette d’alarme, notant particulièrement la dégradation des conditions de travail des agents de l’ANPE, la désorganisation des services et la déqualification professionnelle, notamment en raison de la mise en place du Suivi Mensuel Personnalisé (SMP). Pour exemple, un agent se retrouve avec un portefeuille de plus de 300 demandeurs d’emploi, au lieu de 130 auparavant. "Situation ingérable et inefficace", déclarent les agents, qui exigent le retrait du dispositif SMP parce qu’il n’accompagne pas le demandeur vers l’emploi.
Par ailleurs, l’Intersyndicale enregistre le désengagement de l’État, qui mène une politique nocive au service public de l’emploi. "L’ANPE ne répond pas aux besoins du demandeur d’emploi et de l’employeur", constate l’Intersyndicale. Et c’est pour changer la tendance que les syndicats se mobilisent, cela "pour l’avenir du pays", entendra-t-on.

Pour une politique de l’emploi adaptée

L’ANPE se veut plus solidaire, plus engagée dans le développement économique du pays, en complémentarité avec les entreprises d’intérim. L’ANPE ne veut plus être une machine d’exclusion sociale, bien au contraire. Elle souhaite être au service des usagers les plus fragiles. La Direction générale de l’ANPE fait la sourde oreille, soignant ses chiffres nationaux, sans intégrer les chiffres domiens. Et Pascal Hoareau de déclarer qu’"on ne peut pas traiter de façon identique des réalités totalement différentes. Il faut arrêter avec des “mesurettes” et penser à ce que nous allons faire pour aider la jeunesse réunionnaise, ceux qui arrivent sur le marché du travail". Journées de l’emploi oblige, programme de mobilité, les jeunes se mobilisent pour passer le cap du chômage. Et un syndicaliste de prévenir : "ce sont les germes de la révolte que l’on plante. Les gens ne vont pas rester comme cela indéfiniment. Ils se révolteront". Nous voilà avertis. Espérons que la Direction générale de l’ANPE saura l’entendre.

Patrick Julie


Front commun des organisations syndicales de La Réunion contre la Direction de l’ANPE

Face à la situation de blocage des négociations sur l’article 40 du statut du personnel,
Face à l’attitude intransigeante affichée par la Direction générale envers les représentants des organisations syndicales des DOM,
Face au refus de la Direction générale de prendre en compte les réalités socio-économiques locales,
Les organisations syndicales FO, CGTR et SNU réunies ce jour constatent la rupture du dialogue social par l’établissement, décident le boycott des instances, exigent le retrait immédiat du Suivi Mensuel Personnalisé et
demandent la réouverture des négociations concernant l’article 40.

FO, CGTR, SNU, à Saint-Denis, le 3 juillet 2006.


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