Personne n’est à l’abri d’un accident de la vie. Un handicap peut interrompre brutalement un parcours professionnel, conduire au licenciement pour inaptitude. Après 45 ans, classé froidement dans la catégorie senior sur l’échelle des barèmes de l’emploi, un travailleur handicapé a besoin d’un accompagnement personnalisé que les dispositifs classiques n’offrent pas. Le programme AMETHIS qui réunit différents partenaires locaux institutionnels et publics poursuit son dispositif expérimental d’accompagnement de ces publics en difficulté.

140 entreprises sensibilisées

Le programme AMETHIS (Accompagnement et Mobilisation vers l’Emploi des Travailleurs Handicapés Seniors) cofinancé par le Fonds Social Européen (75%), des financeurs publics, dont l’AGEFIPH (13%), la Région Réunion (10%) et l’État (2%) est un outil précieux d’accompagnement pour ces travailleurs isolés, que l’ignorance ou les préjugés laissent en marge de la société.
30 travailleurs handicapés seniors, 15 hommes et 15 femmes, du Nord et du Sud de l’île, chômeurs de longue durée, aptes et motivés à travailler dans le milieu ordinaire, ont été retenus pour suivre un programme de formation de 700 heures. L’objectif est de leur apporter un soutien psychologique, mais aussi méthodologique, dans la construction d’un projet socioprofessionnel vers un emploi.
Le dispositif comporte aussi un volet d’intervention au sein des entreprises afin d’offrir un conseil sur les différents aménagements du poste de travail, de tisser un lien avec les employeurs, d’envisager et de préparer la collaboration avec un travailleur handicapé. Information, sensibilisation, analyse des postes, argumentations sur les candidatures, organisation de stages et de placements, intégration du poste de travail : 140 entreprises ont ainsi bénéficié d’un appui technique soutenu sur la politique d’emploi de personnes handicapées. L’ARVISE (Association Réunionnaise pour la Valorisation des Initiatives Socio-Économiques) partenaire local et coordonnateur du dispositif ARMETHIS - rejointe par BPI (Bernard Paoli International) - a sur ce plan joué un rôle essentiel dans la prospection et la négociation auprès des entreprises, l’intégration et le suivi dans l’organisation du travail.

Un accompagnement dans la durée

Les retombées en termes d’insertion professionnelle s’avèrent pour cette année satisfaisantes. Dans la région Nord, 60% des participants ont obtenu un emploi en CDI ou en CDD. 9 entreprises ont en effet recruté 3 travailleurs handicapés seniors en CDI (dessinateur, agent administratif et chauffeur) et 6 en CDD de 1 mois pour le plus court proposé par l’ANPE à 24 mois. Les autres poursuivent soit une formation qualifiante, soit leur recherche active d’emploi. Dans la région Sud, 74% ont trouvé un emploi, 4 CDI et 1 CDD, ou reçu des promesses d’embauches.
Même si l’insertion professionnelle n’est pas systématique, les candidats au programme AMETHIS, accompagnés dans la durée, ont beaucoup retiré de cette expérience et de cette dynamique de groupe. Ils ont pu échanger sur leurs difficultés, partager des objectifs communs, mais aussi acquérir des méthodes pour professionnaliser leur recherche d’emploi et faciliter leurs prises de contacts avec des employeurs potentiels. Le dispositif d’appui et d’expertise aux entreprises est aussi un premier pas essentiel vers le marché du travail, à la fois rassurant pour les employeurs comme pour les candidats.

Appliquer les lois

Formation professionnelle tout au long de la vie, lutte contre les discriminations, égalité des droits et des chances des personnes handicapées : les pierres de nombreux édifices législatifs ont été posées, mais le ciment tarde à prendre. Entre l’attente des décrets, l’appropriation de la loi, la décentralisation... l’objectif très surévalué du gouvernement de réduire de 20% le chômage des travailleurs handicapés semble très difficile à atteindre. Le programme expérimental ARMETHIS est d’autant plus remarquable qu’il tend à accélérer les choses et ne craint pas le défi.

Stéphanie Longeras
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La pénibilité du travail

" Le problème de l’usure professionnelle "

Le nombre des travailleurs devenus handicapés dans le cadre de leur travail augmente. Les Cotorep reconnaissant chaque année comme travailleur handicapé un nombre croissant de personnes atteintes de troubles musculo- squelletiques. Alors qu’au plan national, le taux de sortie du chômage des travailleurs handicapés est identique d’une année sur l’autre, leur taux d’entrée augmente. Selon Rémi Jouan, président de L’Agefipph (Association de gestion du fonds d’insertion professionnelle des personnes handicapées) : "Si on veut que les seniors aient une deuxième partie de carrière et travaillent plus longtemps, on ne peut le faire que si on a réglé le problème de l’usure professionnelle. Bien en amont, il faut créer de meilleures conditions de travail, élaborer une politique de prévention des risques professionnels."

S. L.