La rentrée scolaire et le SAIPER

Appel à la mobilisation contre la politique du gouvernement

20 août 2007, par Manuel Marchal

Cécile Chèze, secrétaire générale du SAIPER et Didier Debals, élu à la Commission académique paritaire, ont fait part hier des inquiétudes du syndicat à l’approche de la rentrée scolaire suite aux premières annonces du nouveau gouvernement. Ces dernières expliquent l’appel à l’action lancé par la SAIPER.

Annonces de suppression de postes, crainte d’une remise en cause des congés bonifiés, nouvelle initiative parlementaire contre la majoration des retraites des fonctionnaires domiciliés outre-mer, menaces sur le droit de grève, Observatoire des prix et des revenus, création d’un fichier recensant notamment la nationalité des élèves : autant de sujets d’inquiétudes pour le SAIPER qui appelle à l’action dans l’Éducation nationale.
Pour le Syndicat alternatif des instituteurs et des professeurs des écoles de La Réunion, c’est l’annonce de la suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires au niveau national qui est la plus inquiétante. Le gouvernement a l’intention de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Pour le SAIPER, cette décision se situe dans une logique libérale visant à régler le problème de la dette publique. Dans cette logique, ce sont les fonctionnaires qui servent de variable d’ajustement.

La question des effectifs

Cette politique aura des conséquences à La Réunion, notamment à l’école maternelle. À l’heure actuelle, le taux de scolarisation des enfants de deux ans est passé de 15% à 7%, c’est le plus faible de la République. Or, la scolarisation dès deux ans est un atout important pour préparer la réussite scolaire. Cette mesure bénéficie surtout aux couches populaires, souligne le SAIPER. Ce sont précisément les couches populaires qui constituent la plus grande partie de la population réunionnaise.
Dans un contexte de restriction des effectifs, comment dans ces conditions inverser la tendance et améliorer l’accès des jeunes Réunionnais à l’éducation ?
Plus largement, la question des effectifs doit être appréhendée par rapport à la démographie particulière de La Réunion. La tendance est à l’augmentation constante du nombre des élèves. Mais le nombre de recrutements est en baisse. C’est le constat du SAIPER qui s’appuie sur les postes mis en concours. « On est passé de 300 postes à 150 », insiste Didier Debals. Cécile Chèze insiste quant à elle sur les classes surchargées dès la maternelle et sur l’absence de volonté politique pour que la scolarisation des enfants de deux ans soit un droit garanti pour tous les élèves.
Les congés bonifiés sont un autre sujet d’inquiétude. Suite à une annonce du gouvernement visant à encourager l’utilisation de ce dispositif hors des périodes de vacances scolaires afin de faire baisser le prix du billet d’avion, le SAIPER se demande qui pourrait avoir droit à ces congés dans de telles conditions. N’est-ce pas la première étape de la suppression d’un acquis qui concerne des dizaines de milliers de Réunionnais émigrés en Métropole ?

Agir vite

Le SAIPER soulève également la question de la "Base élèves". C’est un fichier informatisé recensant les données concernant les élèves, y compris leur nationalité. Cet outil peut être détourné afin d’atteindre des objectifs peu avouables selon le SAIPER. L’inscription de la nationalité pourrait faciliter les expulsions de jeunes immigrés. Pour le SAIPER, il n’est pas question de voir des policiers utiliser ce fichier afin interpeller des enfants à l’école.
Concernant la politique du gouvernement, le SAIPER voit dans le paquet fiscal et la franchise médicale la concrétisation d’une logique libérale visant à donner aux plus riches sur le dos des plus pauvres. Quant à l’Observatoire des prix et des revenus, le SAIPER se démarque en affirmant que « l’ensemble du mouvement syndical ne doit pas participer » à un organisme sur lequel le gouvernement pourra peser, selon le syndicat.
Pour toutes ces raisons, le SAIPER appelle à l’action afin de marquer une rupture avec la politique du Président de la République. Et pour le syndicat, il faut agir vite, en tout cas bien avant l’extension à l’Éducation nationale du service minimum instauré en France dans les entreprises publiques de transport. Le SAIPER voit en effet dans cette dernière loi une restriction du droit de grève et donc un moyen de diminuer considérablement la force du mouvement revendicatif.

Manuel Marchal


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