Pour le SNUEP-FSU

Apprentissage à 14 ans : une régression sociale significative et inquiétante

5 décembre 2005

Réagissant à la diminution de l’obligation scolaire proposée par le Premier ministre, le SNUEP-FSU a diffusé le communiqué ci-après sous la signature de sa secrétaire académique Cendrine Peignon. Les inter-titres sont de “Témoignages”.

Annoncer à la suite de la crise des banlieues métropolitaines la possibilité d’envoyer des enfants dès 14 ans en apprentissage - et malgré un léger recul à 15 ans devant la levée de boucliers - est pour le SNUEP-FSU une régression sociale et éducative ainsi qu’une atteinte aux droits des enfants.
Depuis 50 ans, la France avait élaboré un enseignement professionnel au sein de l’Éducation nationale permettant ainsi de mettre, petit à petit, à égale dignité les voies générale, technologique et professionnelle. Elle assurait ainsi à tous les jeunes qui s’engageaient dans la voie professionnelle la préparation aux diplômes dans les meilleures conditions possibles reposant sur 2 piliers : la partie professionnelle en partenariat avec le monde de l’entreprise par le biais des stages et la partie générale pour l’ouverture sur le monde, la culture...

Manipulation énorme et scandaleuse

Ignorant et méprisant le travail effectué dans les lycées professionnels (et les résultats aux examens supérieurs à ceux de l’apprentissage), le Premier ministre préfère l’entreprise comme lieu de formation et abaisse l’âge de l’apprentissage à 14 ans.
La manipulation est énorme et scandaleuse.
D’abord parce que le collège n’a jamais eu les moyens suffisants pour prendre en charge la diversité des publics qui lui sont confiés. Ensuite, parce que s’il fallait vraiment diversifier les voies du collège, le lycée professionnel - qui l’a déjà fait en d’autres temps - peut accueillir ces jeunes dans un environnement différent du collège mais dans un encadrement éducatif indispensable.

Une main-d’œuvre bon marché

Mais aussi parce que l’apprentissage, même déguisé par des aménagements, reste un contrat de travail et les apprentis avant tout une main-d’œuvre bon marché. Belle ironie de voir les enfants prendre la place de leurs parents bien souvent au chômage ! Et surtout, c’est exclure une partie de la jeunesse du reste de celle-ci en la stigmatisant aux yeux des autres.
Quelle régression au pays des droits de l’Homme que de réinventer le travail des enfants que l’on croyait aboli à jamais. L’ironie du sort c’est qu’actuellement, une publicité dénonce : "Le travail : le seul jeu que connaissent les enfants du Tiers Monde". On est en droit de s’interroger sur la valeur des modèles et la place de chacun !
Le SNUEP avec la FSU demande le renoncement immédiat à ces mesures et l’élaboration en lieu et place d’un plan d’urgence pour les zones difficiles avec une amélioration de l’encadrement des élèves les plus en difficulté.

Donner les moyens à l’école

Assurer les sorties avec une qualification, c’est s’assurer que la prise en charge des difficultés sociales, psychologiques, médicales, familiales... est réalisée, ce qui est loin d’être le cas à l’heure actuelle, en cette période de suppressions massives de postes d’enseignants de lycée professionnel, de vie scolaire, et l’insuffisance de créations de postes d’infirmières, d’assistantes sociales...
Dans un contexte socio-économique particulièrement difficile, il faut donner à l’école les moyens d’assurer une formation de qualité à tous les jeunes et ainsi leur permettre de s’intégrer au mieux dans le monde professionnel : classes moins surchargées, horaires suffisants pour traiter les référentiels, formation des enseignants...
On pourrait utiliser, par exemple, tout l’argent des exonérations des charges sociales prévues pour les apprentis ainsi que les primes envisagées pour leur embauche. L’Enseignement professionnel a fait ses preuves et a remotivé des générations de jeunes, assurant ainsi leurs qualifications : il ne mérite pas un tel mépris.


An plis ke sa
700 personnes toujours menacées
Selon un communiqué du SGPEN-CGTR, "le collège Paul Hermann, établissement mutualisateur qui gère les CEC pour le compte du Rectorat, vient d’adresser un e-mail qui annonce officiellement la fin des contrats pour les personnels CEC au 31-12-2005".
Pour les syndicalistes, "la mise à mort prend aujourd’hui forme" car "il est demandé aux chefs d’établissements de remettre dès lundi à nos collègues CEC qui exercent dans les collèges et lycées une attestation ASSEDIC".
Dans son communiqué, le SGPEN-CGTR explique les conséquences possibles dès la rentrée de janvier si le contrat précaire de 700 personnes n’est pas renouvelé : cela signifie "une qualité de service public sabordée au plus grand détriment de la communauté éducative et de nos élèves en particulier".
Pour le SGPEN-CGTR, "700 emplois supprimés (...), c’est aussi une véritable catastrophe économique, sociale et humaine pour ces hommes et ces femmes qui pour certains depuis plus de 7 voire 10 ans ont servi avec abnégation et dévouement la communauté éducative".
Le communiqué annonce que cette semaine, le SGPEN-CGTR et l’UNATOS-FSU vont amplifier la mobilisation.

Pas de cantine au lycée Moulin Joli
Dans un communiqué, la section SGPEN-CGTR du lycée Moulin Joli de La Possession "informe les élèves et leurs parents qu’en raison de l’absence de la moitié du personnel au service de restauration, consécutive à l’arrêt de travail des personnels non titulaires menacés de chômage à la prochaine rentrée, le service de restauration ne peut plus être assuré dans des conditions d’hygiène, de sécurité, et d’efficacité nécessaires".
"Il ne nous est plus possible de continuer à restaurer 350 élèves en l’absence de la moitié du personnel", poursuit le communiqué, "nous l’avons fait pendant quelques jours mais la charge de travail est trop lourde et ce service est trop dépendant des conditions d’hygiène et de sécurité, pour continuer dans ces conditions".
"Les parents sont également informés que pour les mêmes raisons, le nettoyage des locaux du lycée, salles de classe et toilettes, ne peut plus être assuré correctement", poursuit le communiqué qui note qu’"en période d’été austral, cela ne va manquer de poser à plus ou moins long terme des problèmes d’hygiène graves dans notre établissement".
"Dans ces conditions, et si les autorités compétentes ne le font pas, nous ne manquerons pas de demander la fermeture de l’établissement pour raisons d’hygiène", conclut le communiqué.


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